Les réactions tchèques à la directive de la Commission européenne qui imposerait une forte baisse des émissions de CO2 des automobiles sont très partagées. Cela n'est pas étonnant, car la République tchèque est devenue, au cours des dernières années, une puissance européenne dans l'industrie automobile avec 850 000 véhicules produits en 2006.
Du côté des constructeurs, la réaction a été vive. Par exemple, Martin Jahn, membre du Conseil d'administration de la plus grosse usine automobile tchèque, Skoda Auto, met en garde : « Respecter la norme de 130 grammes de gaz carbonique au kilomètre, préconisé par la Commission européenne, conduirait à l'augmentation des coûts de production et à la hausse des prix des véhicules de 1000 à 2000 euros en moyenne. Pour certains modèles, cette hausse serait encore plus importante ». Martin Jahn n'exclut pas, pour cette raison, le départ des usines automobiles de Tchéquie vers des pays où les coûts de production sont inférieurs et, de ce fait, une augmentation du taux de chômage dans certaines régions tchèques. Skoda Auto est donc contre la directive européenne, mais une autre grosse usine automobile tchèque, TPCA, affiche une position sereine. Pourquoi ? Parce que Toyota-Peugeot-Citroën Auto, situé à Kolin, à l'est de Prague, produit des petites cylindrées qui dégagent moins de gaz carbonique. Du coté des autorités gouvernementales, les positions sont aussi divergentes. Le ministre de l'Environnement, Martin Bursik, affirme qu'il ne succombera pas à la pression des constructeurs automobiles et précise :
Martin Bursik, photo: CTK
« Je ne reculerai pas. J'ai eu un entretien avec monsieur Dimas, la semaine dernière, et je vais le soutenir pleinement dans cette question. Il est sous une forte pression, mais a accepté un compromis. Il y a quelques jours, on parlait encore de 120 grammes. C'est une question d'ordre fondamental, il n'y a pas où reculer, en ce qui concerne les changements du climat, la hausse du niveau des océans. On ne peut pas plaisanter avec ces choses-là. »
Le ministre des Transports, Martin Riman affirme que le projet est trop ambitieux et planifié sur un trop court délai. Les producteurs de carburants et de pneumatiques ne voient pas non plus d'un bon oeil la directive européenne sur le CO2. Ils devront aussi engager des frais supplémentaires dans la fabrication, ce qui augmentera leurs prix de vente et nuira donc à leur position face à la concurrence. Les dés ne sont pas encore jetés et, vu les réactions négatives à la directive, il n'est pas certain qu'elle soit acceptée par l'Union européenne, présidée par l'Allemagne où la chancelière Angela Merkel lui a résolument dit « non ».