Erik Truffaz en tournée en République tchèque
Après Ostrava le 18 septembre et Brno le 19, le trompettiste Erik Truffaz a terminé sa tournée tchèque à l'Akropolis, à Prague, jeudi dernier. Le club le plus fréquenté du quartier de Zizkov a donc fait salle comble pour accueillir les sonorités envoutantes du jazzman français.
Arkhangelt, c'est le nom du nouvel album du Truffaz. Et ce n'est pas par hasard si c'est aussi le nom d'une ville du nord de la Russie, au bord de la mer Blanche. Erik Truffaz, avec ses 30 ans de carrière, a déjà fait plusieurs fois le tour du monde, mais il s'est produit à de nombreuses reprises en République tchèque et reconnait une affinité particulière avec le public centre et est-européen :
« Les seules villes du monde où on a autant de public qu'à Paris, finalement c'est dans l'Est. C'est à Budapest, c'est à Prague, c'est à Brno, c'est en Russie aussi. Il me semble qu'il y a une partie de l'Europe qui est en train de bouger, ce qui est très favorable pour nous. Je suis musicien, j'aime bien jouer et quand il y a des villes très accueillantes avec un très bon public et qu'on peut avoir beaucoup de public, on revient. »
Truffaz a dédié sa carrière à la musique très tôt. Après la trompette, il étudie le piano à 16 ans. A 20 ans, il connait ses premiers succès avec la groupe Orange, formé avec le batteur Marc Erbetta, avec qui il joue toujours. De la fusion funk-jazz il passe à un style plus latino avec un groupe brésilien. A 30 ans, il décide de former un groupe dans lequel, selon ses mots, pourront s'exprimer « les éléments du jazz qui sont en moi et les éléments électriques qui couvrent tout mon être ». Homme sensible, passionné, curieux et créatif, c'est évidemment le mélange des genres qui fait l'originalité de la musique de Truffaz. L'album The Dawn le révèle au grand public en 1998, en associant jazz, drum'n'bass et hip-hop. Erik Truffaz :
« Nos influences, c'est qu'on aime pas mal de musique différentes, donc on puise dans plein de musiques différentes. La première idée de mélange avec la musique électronique, c'est parce que le bassiste avait un groupe de drum'n'bass et on s'est dit qu'on allait adapter ce qu'on faisait dans ce groupe-là. On faisait ça avec des samplers et on s'est dit qu'on allait faire ça avec de la baterie, et c'est venu de là. Après le rock... on écoute tous du rock, on écoute tous plein de choses. Le jazz ce n'est pas notre première musique. On est des musiciens très larges. »
Erik Truffaz est le premier musicien français à avoir sorti un album avec le prestigieux label américain Blue Note. Il est aussi souvent comparé à Miles Davis, pour le timbre feutré de sa trompette mais aussi pour son goût pour les métissages musicaux. Il nous a aussi parlé de Joe Zawinul, une des dernières grandes légendes du jazz, décédé il y a quelques jours :
« Il est l'un des grands compositeurs et musiciens de cette musique. Justement, il est l'un des premiers à avoir mis le jazz sur d'autres terrains, avec Miles Davis, mais lui a eu des succès de groupe pop en premier. C'est lui qui a, avec Wayne Shorter, inventé la musique électrique. Parce que ce qu'on joue là, si on compare ça à du jazz traditionnel, il n'y a plus grand-chose à voir. C'est une tout autre musique. Donc l'apport de Zawinul était très important. »