Espionnage russe : trois généraux tchèques mis en cause et contraints de quitter l’armée, selon MF Dnes

Josef Prokš, Josef Sedlák, František Hrabal

Le quotidien Mlada fronta Dnes, qui a révélé l’affaire en une ce mardi, l’a déjà surnommée « la Mata Hari tchèque » : une officier de l’armée tchèque dont le nom reste inconnu aurait été en contact avec un espion russe et serait responsable du départ de trois généraux avec lesquels elle a travaillé. Pas de confirmation officielle pour l’instant.

Quelques lignes dans le rapport annuel des renseignements militaires tchèques : « Nous avons identifié et éliminé l’infiltration des renseignements militaires russes dans des structures influentes de commandement de l’armée et dont l’objectif était d’obtenir des informations sensibles aux niveaux les plus élevés du domaine de la Défense ». Derrière ces quelques lignes, si on en croit le quotidien, pourrait se cacher la plus grande affaire d’espionnage de ces dernières années en République tchèque.

Citant une source anonyme, MF Dnes révèle qu’un psychologue tchèque employé par l’Etat à la direction des prisons, Robert Rachardžo, était un agent des renseignements russes. Cet homme aurait travaillé et sympathisé avec une major de l’armée tchèque qui a successivement dirigé le bureau des trois généraux aux fonctions importantes et qui ne font plus partie de l’armée depuis plusieurs mois. Le premier dirigeait le département militaire du président de la République, le deuxième représentait la République tchèque dans le commandement européen de l’Otan et le troisième était l’adjoint du chef d’Etat-major.

Selon Jiří Šedivý, ancien chef de l’Etat-major tchèque, cette affaire soulève plusieurs questions :

« La première question est de savoir si ces trois généraux étaient au courant du lien avec les Russes, la deuxième est de savoir s’il y a vraiment eu des fuites d’informations confidentielles et enfin de savoir si la loi a été enfreinte. Je pense personnellement que dans leur cas les réponses sont négatives. J’aurais une autre question : pourquoi trois généraux qui ont récemment été formés à l’Ouest, deux aux Etats-Unis et un en Grande-Bretagne ? De la part des Russes cela me semble être ciblé. »

Robert Rachardžo, que le contre-espionnage tchèque suivait apparemment depuis quelques années, a quitté le pays. La major mise en cause a été dégradée et n’est plus dans l’armée, mais elle n’a pas été poursuivie.

Plusieurs alertes sur les agissements des services russes en République tchèque ont été données récemment. Le mois dernier, la centrale de renseignements BIS a indiqué que les services de Moscou étaient de plus en plus actifs ici, notamment dans le secteur de l’énergie.

L’année dernière, deux diplomates russes soupçonnés d’espionnage, dont l’adjoint de l’attaché militaire, ont été expulsés par Prague.