Les agents secrets russes ont changé de méthodes de travail en Tchéquie, selon le contre-espionnage
En présence du Premier ministre Petr Fiala, le Service de sécurité et de renseignement (BIS) a publié, lundi, son rapport annuel. Celui-ci fait état d’un agent russe ayant des liens avec des journalistes et des hommes politiques tchèques et met en garde contre les opérations d’influence que mène la Chine sur le territoire tchèque.
Cela faisait 24 ans que le siège du contre-espionnage tchèque n’avait plus reçu la visite d’un haut représentant de l’État. Après le président Václav Havel en 1998, c’est donc le chef du gouvernement de coalition Petr Fiala qui s’est rendu dans les locaux du BIS à Prague pour y rencontrer le directeur du service, Michal Koudelka, et son équipe ; un Michal Koudelka dont le travail, depuis de longues années, est critiqué par le président Miloš Zeman.
« Ma visite marque l’importance qu’accorde le gouvernement au travail du service de renseignement et de sécurité », a déclaré Petr Fiala, rappelant que son cabinet s’apprêtait à créer un poste de conseiller à la sécurité nationale.
LIRE & ECOUTER
Le BIS a été à l’origine, l’année dernière, des révélations retentissantes sur les explosions des entrepôts de munitions survenues dans la commune de Vrbětice, en 2014. Ces explosions ont été attribués aux services de renseignement russe (GRU). Dans son rapport, le BIS résume les résultats de son enquête, constatant que les activités de l’espionnage russe en Tchéquie se sont « affaiblies » en raison de l’expulsion, au printemps 2021, de dizaines de diplomates et d’agents du renseignement russe en lien avec l’affaire Vrbětice. Directeur du BIS, Michal Koudelka a constaté :
« L’activité des services de renseignement russes et l’activité de la Russie à partir des positions traditionnelles, c’est-à-dire légalisées à l’ambassade, est à un niveau très bas et ne représente plus actuellement de risque significatif pour la sécurité de la République tchèque. »
Le rapport du contre-espionnage tchèque portant sur 2021 fait néanmoins état d’un agent russe possédant des liens avec des journalistes et des hommes politiques tchèques. Selon le BIS, il les utilisait pour promouvoir un programme politique prorusse, coordonner les apparitions publiques de politiciens ou encore assurer une couverture médiatique à des questions conformes aux intérêts de la Russie.
Selon Michal Koudelka, les activités des agents secrets russes ont évolué ces derniers temps :
« Bien sûr qu’ils sont toujours présents en République tchèque, mais sous une autre couverture. Ils ont dû changer leurs méthodes de travail, pour s’adapter à une situation qui limite fondamentalement leurs activités. »
Le contre-espionnage tchèque met en garde également contre les activités chinoises qui représentent « une menace complexe croissante ». Tout un spectre de diverses opérations d’influence qui sont contraires aux intérêts de la République tchèque a été relevé.
En 2021, les agents chinois ont opéré en Tchéquie sous une couverture diplomatique ou journalistique. Le BIS pointe du doigt aussi les efforts de la Chine pour pénétrer dans les infrastructures sensibles dans le domaine technologique.
La Chine s’est aussi intéressée aux prévisions de l’évolution politique en République tchèque. Enfin, le rapport a noté qu’après les élections législatives à l’automne 2021, la Chine a perdu « certains contacts établis de longue date » et cherchait désormais de nouveaux partenaires dans le milieu politique tchèque.
Par ailleurs, la presse tchèque a récemment rapporté que le contre-espionnage et le ministère des Affaires étrangères s’intéressaient aux activités de deux lieux de travail non officiels de la police chinoise établis à Prague.
Gérés par les autorités de Pékin, ils sont destinés, entre autres, à diffuser la propagande du régime et à intimider les citoyens chinois vivant en Tchéquie.