Etudier en France

Photo: Commission européenne
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A plusieurs reprises, nous vous avons présenté les étudiants français venus à Prague dans le cadre du programme Erasmus. Aujourd'hui, nous céderons en revanche la parole à deux étudiantes tchèques qui ont pu passer quelques semaines en France... Notre stagiaire Benoît Humeau, un « Erasmus » lui aussi, qui se trouvait récemment à Prague, les a invitées au studio pour connaître leurs impressions et les expériences qu'elles ont tirées de leur séjour français.

Photo: Commission européenne
SIMONA : Bonjour, je m'appelle Simona, j'ai 24 ans. Ici je fais des études d'économie à l'université Charles, à la fac de sciences sociales. Je suis partie en France, à Rennes, à l'Institut d'Etudes politiques, pour apprendre le français, connaître la vie en France et la France en général.

KRISTINA : Je m'appelle Kristina, je suis aussi à la faculté de sciences sociales et j'étudie les relations internationales et la géopolitique. L'année dernière, j'ai passé mon année Erasmus en France, à Aix-en-Provence, aussi à l'Institut d'Etudes politiques.

BENOIT : Pourquoi avez-vous choisi la France ? Qu'est-ce qui vous a attirées là-bas ?

SIMONA : Je pense que je peux parler pour nous deux. On a fait nos études au lycée francophone, on a appris le français là-bas, et je pense qu'on a voulu approfondir nos connaissances en français, vraiment essayer d'apprendre le français.

BENOIT : Est-ce difficile pour un étudiant tchèque d'aller en France ?

SIMONA : Ca dépend de l'école. Chez moi, à l'Institut d'économie, il n'y a pas beaucoup de places pour venir en France, à peu près cinq. Alors s'il y a beaucoup de demandes, ils organisent un entretien et ils choisissent les meilleures personnes qui peuvent partir. Souvent il y a plus de personnes qui veulent partir qu'il n'y a de places.

KRISTINA : Chez nous, c'est la même chose. Il y avait beaucoup de personnes qui voulaient partir. Ils ont fait un concours et en ont éliminé certaines. Mais peu d'étudiants voulaient partir à l'IEP d'Aix, donc pour moi c'était assez facile.

BENOIT : Comment avez-vous trouvé le niveau dans votre université d'accueil ? Est-ce que vous avez vu des différences dans les méthodes de travail ?

SIMONA : C'étaient pas exactement seulement les études politiques mais toutes les sciences sociales qui étaient étudiées à Rennes. Comme moi je suis plutôt spécialisée en économie, il n'y avait pas tellement de cours d'économie comme j'attendais. Mais quand même, j'ai trouvé les cours intéressants, par exemple sur l'Afrique. Les étudiants ont pu choisir des sujets pas purement sociaux, mais intéressants.

KRISTINA : A Aix, c'était aussi comme ça. Comme j'étudie les relations internationales, il y avait beaucoup de cours pour moi, surtout centrés vers le monde arabe, parce qu'à Aix il y a des spécialistes, par exemple Monsieur Burgat. Il y a beaucoup de choses intéressantes à étudier, avec des professeurs renommés. Pour moi il n'y avait aucun problème avec le choix des cours.

BENOIT : Est-ce que vous avez bien été accueillies là-bas ? Avez-vous eu des bons contacts avec les étudiants français ?

SIMONA : J'ai l'impression que tous les étudiants Erasmus qui étaient à Rennes ont été très bien accueillis par les Français. Par exemple, pour chacun, on est venus nous chercher à la gare ou à l'aéroport. Ils nous ont accompagnés à la cité U ou nous ont aidés à trouver des appartements. Et si on avait un problème, il y avait toujours quelqu'un qui nous proposait de l'aide. J'ai vraiment l'impression que j'ai rencontré des Français là-bas et je suis très contente d'avoir trouvé des gens avec qui je suis toujours en contact.

KRISTINA : A Aix, ils étaient très gentils aussi, ils nous ont beaucoup aidés, ils nous ont attendus à la gare, etc. Je pense que c'était la même chose sauf que je ne peux pas dire que j'ai trouvé des vrais amis parmi les Français. On était beaucoup plus en contact avec les étrangers qu'avec les Français. J'ai l'impression que le contact avec les Français s'arrêtait là où c'était obligatoire. Ils nous ont aidés et accueillis mais c'est tout ? Je pense qu'ils n'étaient pas trop prêts à créer des amitiés. Je ne sais pas, peut-être que c'était parce que j'étais dans les mêmes conditions que les autres étrangers et que donc on passait beaucoup de temps ensemble. C'est peut-être pour ça que j'ai trouvé mes amis parmi les étrangers et pas parmi les Français.

SIMONA : Moi j'ai l'impression que les Français étaient vraiment intéressés par les étrangers à Rennes. Ils faisaient des efforts pour nous rencontrer, ils faisaient des soirées pour nous. C'était très bien organisé et les étrangers n'étaient pas perdus là-bas.

KRISTINA : Nous non plus nous n'étions pas perdus, mais par exemple à la cité U il n'y avait pas de Français. Ca veut dire qu'on n'avait pas beaucoup de possibilités de connaître des Français. On était avec eux dans les cours bien sûr mais eux avaient beaucoup plus de cours et de travail. Ils passaient donc leurs soirées à travailler, alors que nous les Erasmus, nous étions libres et donc nous passions nos soirées ensemble. C'est comme ça.

BENOIT : Mais tu as trouvé ton petit ami en France ?

KRISTINA : Oui mais il n'était pas Français ! Je l'ai rencontré à la cité U. Je connais une fille quand même qui a trouvé un copain français. A part ça, je connais beaucoup de gens qui ont rencontré leur copain ou copine en France parmi les Erasmus !

BENOIT : Y a-t-il des détails qui vous ont marqués en France, des choses très différentes de la République Tchèque ?

SIMONA : J'ai l'impression que c'est peut-être la façon de déjeuner et de dîner parce que c'est vraiment très agréable en France de passer deux heures le soir en mangeant avec des gens. Ici c'est toujours vite fait. Alors j'ai bien aimé ça. Et puis aussi ce que j'aimais à Rennes, c'était le marché du samedi, parce que c'est très intéressant et amical je dirais. Les gens vous disaient bonjour même si on ne se connaissait pas. L'atmosphère de Rennes est super sympa.

KRISTINA : Ce que j'ai aimé en France, c'est la tranquillité. Je sais pas si c'est le Sud seulement. La vie est lente là-bas. Ici, à Prague on se dépêche toujours, on n'a pas le temps... Là-bas, il y avait toujours le temps pour aller au parc, pour s'asseoir au café. Et surtout à Aix il y avait toujours plein de gens au café, ça me fascinait. Chez nous je n'étais pas habituée à faire ça. Et maintenant ça me manque à Prague, le fait de ne pas avoir de temps libre.

BENOIT : Donc c'était une bonne expérience...

SIMONA ET KRISTINA : Oui ! Sans aucun doute !

BENOIT : Vous la recommandez aux étudiants tchèques ?

SIMONA : Oui, à chaque étudiant ! Je pense que ça devrait être obligatoire pour les étudiants de partir à l'étranger, pas seulement en France. C'est une expérience, je dirais, peut-être nécessaire, pour les gens, d'essayer de vivre tout seul dans un pays qu'on ne connaît pas, où on est étranger, mais quand même on trouve des amis. On arrive à vivre là-bas très bien...

KRISTINA : Oui, on apprend aussi à comprendre les gens qui pensent différemment, parce qu'ici on ne vit qu'avec les Tchèques. Ca veut dire qu'ils ont la même façon de vivre, de penser, que nous. Mais dans un pays étranger, on est forcé d'être plus tolérant, de faire des efforts, de comprendre. Je pense que c'est la meilleure chose. Maintenant on a beaucoup de possibilités de partir, et je crois que tout le monde devrait faire ça.

SIMONA : Ce qui était aussi intéressant, c'est le fait que parmi les Erasmus, nous étions 60 ou 70. Alors on apprend à connaître d'autres cultures, des choses très intéressantes. Ce sont pas des choses qu'on apprend dans des cours, mais des choses de la vie. C'est pour ça que je crois que c'est intéressant de rencontrer d'autres gens et de partir à l'étranger.

KRISTINA : Parce que le but d'Erasmus, je crois, ce n'est pas d'avoir les bons cours, des bonnes notes, mais surtout de voir une autre vie, d'apprendre la langue, de voir une autre façon de vivre.

BENOIT : Est-ce que vous avez envie de retourner travailler ou vivre en France ?

SIMONA : Je vais voir... J'aimerais bien parce que j'ai l'impression qu'en France c'est très agréable de vivre. C'est vrai que les gens ne sont pas aussi stressés et pressés qu'ici. Alors peut-être qu'après l'université, j'aimerais partir en France deux ou trois ans pour travailler. Mais après je vais voir...

KRISTINA : Moi, tant que mon copain vit en France, c'est presque sûr que je vais y aller ! Aucun de nous deux n'est français, mais c'est beaucoup plus facile de construire notre vie en France que ici en République Tchèque. Même moi je veux retourner en France.

Auteur: Benoît Humeau
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