« Les jeunes ne se rendent pas compte à quel point nos deux pays étaient liés »
Le programme Erasmus permet à des milliers de jeunes européens d’étudier dans un pays étranger. Ce séjour de quelques mois est souvent décrit comme une aventure incroyable. Rencontre avec Anna, une jeune Tchèque qui se prépare à aller étudier en France, à Rennes, pendant un an.
Anna a 22 ans, elle est étudiante en médecine, passionnée de culture française, à un tel point que la langue de Molière n’a plus de secret pour elle. Pendant ses années de lycée, elle a eu l’opportunité de vivre pendant trois ans à Nîmes, grâce au jumelage historique entre cette ville et Prague. Le choix de partir à Rennes pendant son Erasmus lui a semblé naturel et elle ne cache pas son désir de découvrir la Bretagne :
« J’ai surtout choisi la France parce que je la connais déjà un petit peu et je voulais en approfondir la connaissance. Et d’une certaine manière, je m’y sens déjà familière. Je pense que c’est un peu plus facile pour moi de me retrouver dans un pays que je connais déjà. Et puis Rennes, c’est une autre région de la France que Nîmes. Ça me permet donc de connaître un autre bout de la France tout en étant un peu comme chez moi. La France propose aussi de grandes possibilités au niveau de la médecine parce que les études sont beaucoup plus cliniques que dans ma faculté pragoise. Ça me permettrait d’exercer un la médecine dans la pratique et de ne plus être autant plongée dans les bouquins comme jusqu’à maintenant. »
Anna a également reçu des échos très positifs de ses amis partis en Erasmus. Elle ne cache pas son impatience de partir et elle y voit une année importante pour elle :
« C’est une grande chose dans la vie d’un étudiant puisque, pour ceux qui ont déjà fait Erasmus, il s’agissait d’un tournant dans leur vie. C’est une année qui leur a ouvert des horizons et qui leur a montré des nouvelles choses. Dans mon cas personnel, ce que j’attends d’Erasmus, c’est de renouveler un peu mes liens avec la France, de pouvoir revivre l’expérience d’habiter à l’étranger. J’attends aussi un enrichissement au niveau culturel mais aussi professionnel. »
Lorsqu’on lui pose la question de son identité, Anna s’affirme en tant qu’Européenne naturelle malgré les différentes cultures des pays de l’Union.
« Je me sens déjà Européenne. D’abord, parce que la République tchèque est au cœur de l’Europe. Il y en a peu qui le pensent car beaucoup perçoivent la Tchéquie en Europe de l’Est. Et puis, on ne peut jamais ignorer ce qui se passe au-delà de nos frontières. Être Européenne pour moi, c’est être consciente de ce qui se passe en Europe, de le ressentir et d’être touchée par ces événements. Je me suis sentie beaucoup plus Européenne après avoir vécu trois ans en France. Je crois que l’Europe a des racines historiques très différentes, mais elles se sont mélangées. Il y a donc toujours quelque chose qui nous relie entre nous. Après tout, c’est un continent et chacun se sent plus ou moins Européen. Je crois donc que le Programme Erasmus peut nous aider à connaître les différentes cultures européennes. »
Anna montre un profond attachement à la France. Elle regrette seulement que les liens, notamment culturels, qui unissent la France et la Tchéquie ne soient plus aussi intenses que pendant l’entre-deux-guerres. Pourtant, elle se veut optimiste puisque la jeunesse tchèque s’intéresse toujours à la France malgré quelques difficultés :
« Les jeunes d’aujourd’hui ne se rendent pas vraiment compte à quel point ces deux pays étaient liés. Souvent pour les Français, la République tchèque, ce n’est qu’un des nouveaux membres de l’Union européenne. Pour les Tchèques, la France est un grand pays intéressant à l’Ouest, mais rien de plus. A mon avis, c’est dommage parce que ces deux pays peuvent se comprendre justement grâce à cette histoire commune. »« La France est certainement très attirante pour les étrangers, et d’autant plus pour les Tchèques. Pourtant, le seul problème qui peut se poser concerne ceux qui ne savent pas parler français. Ils peuvent craindre de ne pas réussir à communiquer avec les gens. C’est vrai qu’au début, à Nîmes, je n’arrivais pas à rencontrer du monde parce que les Français ne faisaient pas l’effort de parler dans une autre langue. »