Euro 2024 : qualifiés, les Tchèques seront de la fête en Allemagne, mais avec un nouvel entraîneur

La Reprezentace s’est qualifiée pour l’Euro

L’équipe de Tchéquie de football participera bien à la phase finale du championnat d’Europe 2024. En battant la Moldavie (3-0), lundi soir devant son public à Olomouc, lors de son dernier match comptant pour les éliminatoires, la Reprezentace s’est qualifiée pour l’Euro pour la huitième fois consécutive. Mais en Allemagne, en juin prochain, c’est avec un nouveau sélectionneur qu’elle devra se débrouiller. Aussitôt le coup de sifflet final, Jaroslav Šihlavý, qui était sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, a en effet annoncé sa démission.

Tomáš Souček,  Chequia - Moldavia | Photo: Petr David Josek,  ČTK/AP

« Jedeme na Euro » (« Nous allons à l’Euro »), pouvait-on lire, lundi peu après 22h30, sur les tee-shirts que Tomáš Souček et ses partenaires ont enfilés pour célébrer, en se gardant de toute euphorie, la qualification avec leurs supporters. L’essentiel, c’est vrai, était bien là : comme toujours depuis la partition de la Tchécoslovaquie en 1992, la Tchéquie sera une nouvelle fois du rendez-vous des meilleures sélections européennes en juin 2024. L’heureux aboutissement d’un parcours en forme de montagnes russes qui a soulagé le capitaine Souček d’un immense poids moral :

« Cette qualification signifie beaucoup pour moi. Avant même le début des éliminatoires, j’ai ressenti qu’il était de ma responsabilité, en tant que capitaine, de mener l’équipe nationale à l’Euro. Si nous n’y étions pas parvenus, j’aurais considéré cela comme un échec personnel. La Tchéquie n’a encore jamais manqué une phase finale, je me serais donc senti très coupable. C’est pourquoi j’étais prêt à mourir sur le terrain (sic) avec le brassard autour du bras pour aider les gars à y parvenir. »

La Reprezentace s’est qualifiée pour l’Euro | Photo: Luděk Peřina,  ČTK

Au coup d’envoi de cette dernière rencontre, les deux équipes, derrière une Albanie leader du groupe et déjà qualifiée, pouvaient encore décrocher leur billet pour l’Allemagne. Tandis que les Tchèques savaient qu’un résultat nul leur suffirait pour atteindre leur objectif, la Moldavie, elle, inversement, avait absolument besoin de l’emporter pour s’offrir le droit de participer à la phase finale d’une grande compétition internationale pour la première fois de son histoire.

David Douděra,  Chequia - Moldavia | Photo: Petr David Josek,  ČTK/AP

Dans ce qui ressemblait donc à une finale en conclusion d’une campagne éliminatoire au cours de laquelle ils n’ont jamais beaucoup brillé, à l’exception de leur victoire (3-1) en ouverture de la compétition à Prague contre la Pologne, les Tchèques ont assuré l’essentiel en tuant rapidement tout suspense.

Dès la 14e minute, un but de leur défenseur latéral gauche David Douděra (Slavia Prague), bien lancé dans la profondeur, les a placés sur les bons rails et dessiné les traits d’une soirée finalement presque à sens unique. En deuxième mi-temps, alors que les Moldaves se sont vite retrouvés réduits à dix après l’expulsion de l’un de leurs défenseurs, leur attaquant Tomáš Chorý (Viktoria Plzeň) d’abord, de la tête sur un énième corner à l’heure de jeu, puis leur capitaine Tomáš Souček, d’une frappe placée à l’entrée de la surface de réparation (89e), ont donné une note un peu plus joyeuse à la soirée.

Tomáš Chorý | Photo: Petr David Josek,  ČTK/AP

Usé par la critique, le sélectionneur Jaroslav Šihlavý jette l’éponge

Un enthousiasme toutefois vite refroidi par l’annonce de Jaroslav Šihlavý. Sur un ton très calme et sans rancœur apparente, le sélectionneur, qui répondait aux questions de la Télévision tchèque sur le bord du terrain, a fait part de sa volonté de ne pas poursuivre l’aventure à la tête de la Reprezentace :

Jaroslav Šilhavý | Photo: Luděk Peřina,  ČTK

« Même si nous sommes heureux à l’instant présent, nous avions déjà décidé avant le match, moi et mes assistants, que nous ne continuerions pas. J’en ai déjà fait part à Petr Fousek (le président de la FAČR - la fédération tchèque de football). L’équipe prime sur les intérêts personnels et il est très important pour le football tchèque que son équipe nationale participe à l’Euro en Allemagne. C’est chose faite et j’en suis très heureux pour les garçons. Mais me concernant, la pression était devenue énorme, et parfois je ne comprenais même plus très bien les raisons. Cela a également contribué à notre décision. »

Après les résultats nuls concédés en Moldavie (0-0) et contre l’Albanie à Prague (1-1), et plus encore après la lourde défaite (0-3) concédée dans la foulée à Tirana, Jaroslav Šihlavý était devenu la cible de vives critiques depuis quelques mois déjà. Tout à la fois en raison du jeu rarement convaincant pratiqué par son équipe, de son conservatisme dans le choix des joueurs ou encore de son mode de communication jugé par trop fadasse par certains médias et une partie du grand public.

Après la courte victoire (1-0) obtenue dans la douleur contre les îles Féroé en octobre dernier, dont le seul mérite avait été de ne pas hypothéquer toutes les chances de qualification pour l’Euro, la FAČR avait décidé de ne confirmer Jaroslav Šihlavý dans ses fonctions que jusqu’à la fin de la campagne éliminatoire. Une décision qui semblait relever de la politique de l’autriche, mais le résultat nul (1-1) ramené de Varsovie vendredi dernier, face à une Pologne qui faisait bien peine à voir elle aussi, puis la victoire contre la Moldavie lundi, donc, ont finalement permis aux Tchèques d’obtenir la seule chose qui compte véritablement : la qualification à l’Euro.

Mais déjà peu brillante tant sur le plan comptable avec seulement quatre victoires (dont deux contre les îles Féroé) en huit matchs disputés que sur le plan du jeu proposé tout au long de la campagne éliminatoire, cette qualification a également été ternie par l’affaire des trois joueurs sortis en discothèque (du nom de Belmondo) à Olomouc dans la nuit de samedi à dimanche derniers, soit moins de quarante-huit heures avant ce match décisif contre la Moldavie. Bien que tous titulaires contre la Pologne vendredi dernier, les défenseurs Vladimír Coufal (West Ham) et Jakub Brabec (Aris Salonique) et l’attaquant Jan Kuchta (Sparta Prague) ont été exclus de la sélection dès leur retour à l’hôtel aux petites heures du matin. Un scandale qui, aux yeux des médias et du public, a fragilisé un peu plus encore l’autorité du sélectionneur, en poste depuis cinq ans.

Si c’est donc sans Jaroslav Šihlavý et avec un nouvel entraîneur à sa tête que l’équipe de Tchéquie va désormais poursuivre son parcours, le constat n’en reste pas moins implacable : même en jouant souvent moins bien que ce que l’on espère d’elle, même en se montrant parfois (très) décevante, la Reprezentace sera bien de nouveau présente à l’Euro. Pour un pays de sa taille, cete constance sur la scène continentale, même depuis l’élargissement la phase finale à vingt-quatre participants, est déjà une sacrée performance en soi. Et comme lors de l’Euro 2020 (disputé en 2021), où elle avait atteint les quarts de finale avec Jaroslav Šihlavý comme coach, et comme lors de certaines autres éditions plus anciennes où elle avait déjà surpris beaucoup de monde, mieux vaudra pour ses adversaires ne pas trop la sous-estimer en juin prochain, une fois encore.

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