Européennes : l'abstention reflète-t-elle le manque d'enthousiasme des Tchèques pour l'UE ?
L'élection européenne de ces vendredi et samedi en République tchèque risque de voir un grand gagnant : l'abstention. La faute à une campagne sans ampleur au cours de laquelle aucun débat de fond n'a été mené et aucun enjeu clairement défini, mais aussi, peut-être, à un relatif manque d'enthousiasme des Tchèques pour l'Union européenne. S'ils s'affirment pro-européens pour la majorité d'entre eux, le regard qu'ils portent sur leur entrée dans la « grande famille » de Bruxelles est toutefois empreint de réalisme, comme l'explique Eliska Tomalova, chercheuse à l'Institut des études internationales de l'Université Charles à Prague :
-N'est-ce pas un peu dans la nature des Tchèques d'adopter une position réservée ? Ils préfèrent attendre, voir comment les choses vont évoluer.
« C'est possible, mais, en même temps, il faut attendre. On ne peut pas dire tout de suite dire 'C'est parfait ! On est dedans.' Il faut évaluer un peu et voir ce que ça apporte. »
-Les Tchèques ne sont-ils pas un peu déçus par l'Union européenne, dont ils attendaient surtout les avantages, sans être forcément conscients, bien informés de certains désagréments ?
« C'est vrai, mais je crois que c'est un problème dans toute l'Union européenne. Dans chacun des 25 pays, on parle plutôt de ce que l'UE peut apporter. C'est un problème un peu plus général. On s'interroge et discute moins de savoir comment nous, les Tchèques, les Hongrois, les Polonais, ou les Français, pouvons contribuer. Malheureusement, c'est une situation qui a tendance à être un peu trop économique, où l'on attend essentiellement des avantages et des ressources financières. »
-Cette position pleine de retenue par rapport à l'UE est-elle spécifique à la République tchèque ?
« Je crois que c'est indispensable de se poser des questions. Mais on s'en pose partout, tant dans les pays qui viennent d'adhérer que plus à l'ouest. C'est normal et c'est très bien. »
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