Eva Beránková : « Pour les jeunes qui apprennent le français c’est souvent une affaire de cœur »

La remise des prix du concours de la Francophonie, photo: Robert Janás/MZV

Eva Beránková est enseignante au département des langues romanes de la Faculté des Lettres à Prague. Elle est également membre de l’association Gallica qui récompense chaque année les meilleures thèses de doctorat en français. Radio Prague a rencontré Eva Beránková à l’occasion de la remise des prix du concours de la Francophonie aux élèves et étudiants tchèques qui a eu lieu cette semaine au ministère des Affaires étrangers à Prague. C’était aussi l’occasion pour poser à Eva Beránková quelques questions sur l’association Gallica, sur l’enseignement du français en République tchèque et sur la Francophonie en général.

Quelle est la mission de Gallica ?

La remise des prix du concours de la Francophonie,  photo: Robert Janás/MZV
« L’association Gallica regroupe tous les enseignants de langue et de littérature françaises dans le cadre des universités tchèques, moraves et silésiennes. Sa mission est bien sûr de promouvoir l’enseignement du français, de la langue et de la littérature, d’organiser des colloques, des conférences et ce qu’on appelle les écoles doctorales. Tous les deux ans, Gallica décerne un prix soit pour la meilleure thèse, soit au meilleur mémoire de maîtrise consacré à une thématique française ou francophone. On peut dire que Gallica sert en quelque sorte d’élément de liaison entre les profs de français tchèques et leurs homologues d’autres pays européens. »

L’association vient de recevoir un prix de l’Académie française. Que peut-on dire de cette récompense ?

« C’est un prix qui est décerné aux organisations qui jouent un rôle important dans la promotion du français à l’étranger. Gallica a été récompensée comme un organisme important en Europe centrale dans le cadre de la propagation de la langue et de la culture françaises. »

Pourquoi d’après vous les jeunes Tchèques apprennent-ils le français et pourquoi choisissent-ils le français aussi pour leurs études supérieures ?

« Je pense que les motivations sont assez diverses. Bien sûr, la plupart du temps, c’est une affaire de cœur, c’est une tradition familiale mais c’est parfois aussi un projet tout à fait concret, la volonté de travailler dans une entreprise française concrète. C’est également une admiration pour un certain style de vie, l’art de vivre français, c’est aussi la sympathie pour, on peut dire, la vision française des choses, de la francophonie et des valeurs qu’elle représente. Et bien sûr, et je ne devrais pas oublier ça, c’est aussi l’affaire d’un très bon niveau de l’enseignement secondaire. Nous avons toujours les mêmes lycées desquels viennent les candidats. On peut donc supposer toute une tradition locale en faveur du français. »

D’après votre expérience, le nombre d’étudiants tchèques du français a plutôt tendance à augmenter ou à baisser ?

« Je pense que ces dernières années, ce n’est ni l’un ni l’autre. Heureusement, parce que certaines autres langues, comme l’allemand, ont une tendance fâcheuse à baisser considérablement. Pour le français, pour l’instant, on n’a pas de chiffres alarmants. Donc, il n’y pas de baisse, même si on ressent quand même ces dernières années une certaine concurrence de la part de l’espagnol. »

Une dernière question : Que représente pour vous la Francophonie ?

« Eh bien, pour moi beaucoup parce que j’ai vécu pendant cinq ans en France et pendant une année au Canada. Donc, pour moi, c’est à la fois une communauté linguistique et certaines valeurs dont on a déjà parlé plusieurs fois aujourd’hui. C’est un art de vivre, ce sont les amis que j’ai à travers le monde et c’est bien sûr ma carrière professionnelle. »