Face à la pénurie de la main-d’œuvre, les entreprises tchèques se tournent vers la Bulgarie et la Roumanie

Photo: Commission européenne

Les entreprises en République tchèque sont contraintes de plus en plus souvent de faire appel à des travailleurs étrangers, et notamment bulgares et roumains. Les moindres coûts salariaux ne sont pas l’unique raison de cette nécessité, au contraire de la pénurie de main-d’œuvre à laquelle elles sont confrontées depuis plusieurs années déjà. C’est qui ressort d’une enquête menée récemment par l’agence de presse tchèque ČTK auprès de plusieurs sociétés et agences de recrutement.

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« Un plus grand nombre d’étrangers travaillent aujourd’hui en République tchèque que lorsque la crise économique sévissait sur le marché il y a quelques années de cela, explique Tomáš Surka, directeur de la société de recrutement et de conseil McRoy Czech. La structure des nationalités a aussi évolué. Les entreprises tchèques recrutent désormais essentiellement en Roumanie et en Bulgarie. Ces deux pays sont membres de l’Union européenne et les démarches administratives liées à leur embauche sont plus simples que pour les ressortissants d’autres pays. » Les premiers concernés, et aussi lésés, par les obstacles bureaucratique sont les travailleurs ukrainiens, qui demeurent néanmoins toujours symbole et synonyme d’une main-d’œuvre bon marché en République tchèque.

S’ils restent encore très nombreux (46 % des travailleurs étrangers en République tchèque sont de nationalité slovaque), les Slovaques, eux, sont toutefois un peu moins attirés par le marché tchèque du travail que dans un passé encore relativement récent. Désormais, il est souvent devenu plus intéressant de travailler en Slovaquie, où les conditions salariales sont parfois plus attractives qu’en République tchèque voisine. En d’autres termes, le travailleur slovaque tend à devenir trop cher pour les entreprises tchèques.

Plus généralement, les travailleurs étrangers sont recherchés actuellement non seulement pour occuper des emplois qualifiés dans des secteurs d’activité bien précis, notamment techniques et IT où le niveau de formation des ressortissants russes et ukrainiens est particulièrement apprécié, mais aussi chez les salariés peu qualifiés, des travailleurs à la chaîne qui se forment sur le tas. Or, même ce type de profil est difficile à trouver…

Il peut l’être d’autant plus que pas même les travailleurs bulgares et roumains ne constituent nécessairement une main-d’œuvre meilleur marché. Bien que les montants des salaires en Bulgarie comme en Roumanie soient nettement inférieurs à ceux proposés en République tchèque, les travailleurs étrangers vivant en République tchèque ont des frais plus importants que chez eux de logement, d’alimentation ou encore de transport.

« Personne ne viendra de Roumanie ou de Bulgarie travailler en République tchèque pour un salaire compris entre12 et 13 000 couronnes brutes par mois (de 445 à 482 euros), assure Tomáš Surka. Les entreprises ne trouvent pas d’employés locaux potentiels pour des postes ne nécessitant aucune qualification particulière où la rémunération va de 17 000 à 24 000 couronnes (de 630 à 890 euros). C’est pourquoi elles les confient à des travailleurs étrangers. »