Face à la pénurie de main-d’œuvre, les entreprises tchèques attendent désespérément l’arrivée de travailleurs ukrainiens
Ils sont des milliers à vouloir gagner leur vie en République tchèque. Pourtant, les travailleurs ukrainiens qui arrivent légalement chaque mois dans le pays ne se comptent que par centaines. Rien que depuis le début de l’année, le consulat tchèque de Lvov a recueilli quelque 3 700 demandes de permis de travail ; un nombre trois fois plus élevé que pour l’ensemble de l’année 2016.
Directeur de la société des transports ČSAD Logistik d’Ostrava, Miroslav Konečný se plaint, lui aussi, de la situation. Alors qu’il déplore actuellement une pénurie de cinquante chauffeurs, trois, tous ressortissants ukrainiens, ont été embauchés récemment. Des dizaines d’autres candidats sont en attente de la délivrance d’un permis de travail. Miroslav Konečný :
« La procédure d’obtention peut durer six mois. Ce délai est trop long pour les personnes que nous voulons embaucher. Elles ne peuvent se permettre d’attendre si longtemps pour un poste. Si déjà quelqu’un se décide à aller travailler à l’étranger, il va choisir le chemin le plus court. Et actuellement, ce chemin mène en Pologne. »
Pour aider à remédier à la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement tchèque a lancé, l’année dernière, un programme d’accueil de 5 000 Ukrainiens moyennement ou peu qualifiés. Problème : le quota est déjà pratiquement épuisé. L’actuelle stratégie de l’Etat consiste donc à augmenter le nombre d’admissions de travailleurs ukrainiens et à accélérer la procédure de délivrance de visas en renforçant les effectifs du consulat tchèque à Lvov. C’est ce qu’explique la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Irena Valentová :
« Début mai, nous pourrions être en mesure de délivrer 800 permis de travail par mois. C’est un objectif que nous nous sommes fixés en février. Pour y parvenir, nous sommes en train de mobiliser nos employés pour renforcer les effectifs du consulat de Lvov. »
Ces efforts devraient permettre à 9 600 travailleurs ukrainiens de trouver un emploi en République tchèque avant la fin de l’année. Les candidats, ainsi que leurs futurs employeurs, doivent désormais compter sur un délai administratif long d’une centaine de jours.Par ailleurs, un autre obstacle récurrent à l’embauche des Ukrainiens a récemment été révélé par la Radio tchèque : le trafic de visas tchèques géré par des agences ukrainiennes. Ces dernières réservent à l’avance les dates de rendez-vous au consulat pour les revendre ensuite contre des sommes pouvant grimper jusqu’à 1 500 euros. Un commerce florissant contre lequel Prague comme Kiev restent pour l’instant impuissants.