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C'est au Théâtre national de Prague qu'on peut voir, ces mardi et mercredi, la troupe du chorégraphe russe Boris Eifman. Les danseurs russes présentent à Prague un spectacle intitulé « La Giselle rouge ».
Cette production évoque la vie de la ballerine russe Olga Spesivceva, qui a vécu entre les années 1895 et 1991 et a été une Giselle inoubliable dans le célèbre ballet du même nom d'Adolphe Adam. Cette prima ballerina était fascinée, comme d'autres artistes et intellectuels russes, par la Grande révolution d'octobre. Boris Eifman a expliqué, pour le journal Lidove noviny, le titre du spectacle : "Le mot rouge dans le titre a plusieurs significations. Olga Spesivceva était en contact avec les bolcheviks, elle était la maîtresse de l'un des révolutionnaires. Et lorsqu'elle s'est exilée à Paris, on l'appelait la bolchevik rouge et on affirmait qu'elle était espionne. Mais le mot ' krasnyï - rouge ' avait dans le vieux russe aussi une autre signification, cela voulait dire « somptueux ». Lorsque Olga Spesivceva a été internée dans un asile d'aliénés, elle n'a jamais cessé de faire des dessins de ballerines, de Giselle, elle la représentait comme si la ballerine montait au ciel et surgissait d'une flamme rouge. Dans son esprit dérangé, elle conservait le souvenir de la révolution, de la terreur rouge qui l'a poursuivie pendant toute sa vie."
Boris Eifman a fondé son ensemble en 1977. Pendant de longues années, il a lutté contre le strict académisme régnant dans la chorégraphie russe et réussi à créer un style très personnel basé sur l'expressivité du mouvement des danseurs. La Giselle rouge appartient aux oeuvres de ce genre. "Ce ballet n'est pas une illustration de la vie d'Olga Spesivceva, dit Boris Eifman, mais une tentative de comprendre son destin et celui d'autres artistes de talent qui ont été obligés de quitter la Russie. Spesivceva a été une Giselle inoubliable, elle a réussi à s'identifier avec le monde de son héroïne, mais elle n'a pas eu la force de revenir dans la réalité. Le sort de Giselle est devenu le sien."
