Festival de Karlovy Vary : Babai, un film kosovar en compétition
Encore deux jours, et l’on saura quel film a remporté cette année le Globe de cristal, au Festival international du film de Karlovy Vary. Parmi les films en compétition pour cette 50e édition anniversaire, Babai du réalisateur kosovar Visar Morina. L’histoire d’un jeune garçon qui est prêt à affronter tous les périls pour aller retrouver son père parti chercher du travail en Allemagne. Un premier long-métrage qui entre en résonnance avec la crise migratoire actuelle en Europe. Nicole Gerhards est la productrice allemande du film, elle nous présente le réalisateur Visar Morina :
Qu’est-ce qui vous a séduite, en tant que productrice, pour soutenir ce film ?
« J’aimais beaucoup ses courts-métrages, et l’histoire était vraiment très forte. Et puis beaucoup de gens ont cru en ce projet. Quand on y pense, l’histoire est assez importante pour un tout premier film, avec beaucoup d’acteurs et beaucoup de lieux de tournage. Mais c’était avant tout l’histoire : j’avais l’impression que Visar racontait quelque chose de très personnel et qu’on ne voit pas tous les jours. »Savez-vous ce qu’il en est de la production cinématographique au Kosovo ? Spontanément, on a envie de dire que ce n’est pas tous les jours qu’on a la possibilité de voir un film kosovar…
« En effet. C’est un pays assez jeune et très petit. Je crois qu’il y a à peine 2 millions d’habitants. Il y a eu un réalisateur très connu au Kosovo, mais d’une autre génération. Babai est peut-être le premier film qui vient de la nouvelle génération. Les gens qui ont travaillé sur le film, c’était souvent des non-professionnels, mais ils ont très bien travaillé. On a quand même dû prendre aussi des gens d’autres pays. »
C’est un thème très fort et vraiment d’actualité. On y voit le destin, parfois tragique, de tous ces gens qui fuient un pays pauvre. Pour le coup, le jeune garçon, Nori, part pour une autre raison, puisqu’il veut rejoindre son père. Mais il fuit avec ces vagues de migrants qui veulent trouver une autre vie en Occident. C’est donc un thème en plein dans l’actualité…« Oui. Mais cela fait presque huit ans que Visar avait cette histoire en tête. A cette époque-là, l’ambiance était différente d’aujourd’hui, il n’y avait pas de guerres partout. En fait, ça a gagné encore plus d’actualité aujourd’hui. Visar a connu la guerre de Yougoslavie, même s’il n’était pas là. A l’époque il y avait aussi beaucoup de réfugiés. C’est un phénomène qui ne s’arrêtera pas : il y aura toujours des gens qui voudront partir vers une vie meilleure, même s’ils ne la trouvent pas. »
Babai est en compétition à Karlovy Vary. C’est important, j’imagine, pour un premier long-métrage de se retrouver directement en compétition…« Tout-à-fait. Le film a déjà été présenté à Munich. C’était la première nationale et on a remporté quatre prix. Avec Karlovy Vary, je crois que cela va aider beaucoup ce film qui est quand même assez dur. Ce n’est pas un film facile. »
Concrètement, une telle sélection, qu’est-ce que cela apporte pour la suite ?« Cela signifie une grande attention et pour un premier film, cela permet de remarquer le réalisateur. Pour lui, c’est le plus important… Je crois que ça aide beaucoup à remarquer un film kosovar, notamment en Allemagne. »