Fille de Josef Lada, la peintre Alena Ladová mise à l’honneur à la Galerie Vyšehrad
Cela fait presque cinquante ans que l’œuvre de la peintre et illustratrice tchèque Alena Ladová, disparue il y a 30 ans, n’a été montrée au public. Jusqu’au 8 janvier prochain, la création de la fille du célèbre artiste Josef Lada est enfin mise à l’honneur à la Galerie Vyšehrad, à Prague.
Les dessins d’Alena Ladová enchantent petits et grands autant que ceux de son père. Elle a illustré pas moins de 90 livres pour enfants, travaillé pour le théâtre, le cinéma et la télévision et réalisé des dizaines de peintures aux sujets variés, dont la Prague des années 1950, la vie à la campagne, les animaux ou les contes tchèques. Certaines œuvres, que la famille de l’artiste a récemment découvertes dans ses archives, n’ont encore jamais été exposées, comme l’explique Josef Lada junior, le fils d’Alena Ladová et organisateur de l’exposition :
« Une partie de l’exposition est consacrée au thème de l’hiver et aux traditions tchèques de Noël. Nous montrons ici les cartes postales avec ce sujet, créées dans les années 1950-1980. Parmi les œuvres peu connues que nous avons mises à jour figure par exemple cette vue sur les toits de Prague recouverts de neige. »
« Nous exposons en tout 120 tableaux, illustrations et dessins d’Alena Ladová. Ce sont des originaux issus de nos archives familiales. Nous montrons ici également des photographies et documents, ainsi qu’un buste d’Alena Ladová réalisé par Kryštof Hošek. Enfin, une surprise pour les visiteurs : le portrait d’Alena peint par son père Josef Lada. Le portrait date de 1951 et elle avait 26 ans à l’époque. »
Née le 29 décembre 1925 à Prague, la fille aînée de Josef Lada ((1887-1957) et de sa femme Hana a passé son enfance en partie à Prague, où la famille vivait à Podskalí, non loin du site de Vyšehrad, dans la rue qui porte aujourd’hui le nom de Josef Lada, et en partie à Hrusice. Dans ce village de Bohême centrale, le peintre a fait construire une villa où la famille passait les vacances d’été. La maison abrite aujourd’hui un musée dédié à Josef Lada qui expose également quelques-unes des œuvres de sa fille Alena. Josef Lada junior, qui, lui, n’a pas connu son grand-père, raconte :
« Je suis né en 1960 et un an plus tard, mes parents ont déménagé dans le quartier de Barrandov. Ils y ont vécu jusqu’à leur mort, dans les années 1990. Ma mère était certainement influencée par son père Josef Lada. Elle dessinait dès son enfance, tandis que sa sœur cadette, Eva, était une pianiste de talent. Malheureusement, Eva est morte lors du bombardement de Prague en février 1945. Elle avait seize ans. Mes grands-parents ne se sont jamais remis de la perte de leur fille. Ma mère, quant à elle, a travaillé dans les studios de cinéma d’animation de Zlín pendant la guerre. Elle échappé ainsi aux travaux obligatoires en Allemagne. Après la guerre, elle a étudié à l’Ecole supérieure des Arts et des Métiers. »
« Ma mère était très proche de mon grand-père Josef. Dans les années 1940 et 1950, ils travaillaient dans le même atelier, ils avaient des tables l’un à côté de l’autre. Sous son influence, elle a peu à peu abandonné la création libre et s’est concentrée sur l’illustration de livres pour enfants, d’auteurs tchèques et étrangers. Nous exposons certains titres ici, par exemple un livre d’Astrid Lindgren, le manuel pour les jeunes lecteurs Živá abeceda, tiré à un million d’exemplaires ou encore le tout premier titre qu’elle a illustré, un livre de comptines du poète Karel Jaromír Erben, par lequel la maison d’édition Albatros a lancé son activité. »
L’exposition à la Galerie de Vyšehrad propose d’autres chefs-d’œuvre encore de l’artiste : par exemple des portraits de Josef Lada qui montrent son père en train de dessiner ou encore allongé sur un canapé en train de bouquiner, une collection de portraits de grands personnages de la littérature mondiale qu’Alena Ladová a offerte à son mari comme cadeau d’anniversaire ou encore une peinture des années 1960 inspirée de la Provence, que l’artiste n’a pourtant jamais visitée.
L’exposition intitulée « L’étoile d’Alena Ladová » est à voir à la Galerie de Vyšehrad jusqu’au 8 janvier prochain, tandis que le public français, pour sa part, peut découvrir les dessins de son père Josef Lada, présentés jusqu’à fin janvier sur la grille de l’ambassade tchèque à Paris.