Fin de la carrière politique de Stanislav Gross et frictions au sujet des législatives anticipées
Finie la léthargie estivale, la scène politique tchèque vient de vivre un week-end particulièrement mouvementé : samedi, l'ancien Premier ministre, Stanislav Gross, a annoncé sa démission du poste de président du plus fort parti gouvernemental, la social-démocratie. Dimanche, l'opposition a appelé le chef du gouvernement, Jiri Paroubek, à démissionner, ce qui permettrait de convoquer, cette année encore, des élections législatives anticipées.
Jamais un dirigeant tchèque n'a connu une carrière aussi éblouissante, terminée par une chute politique aussi dramatique, constatent à l'unisson les journalistes et observateurs. Ouvrier de profession, le social-démocrate Stanislav Gross est devenu, à 34 ans, le plus jeune chef de gouvernement dans l'Union européenne - fonction qu'il n'a, finalement, exercé que neuf mois : en avril 2005, il sera obligé de quitter son poste de rêve, suite à un scandale autour de ses finances personnelles. A présent, on le dit également lié à la privatisation du groupe pétrolier tchèque, Unipetrol, teinté de corruption. A la tête du gouvernement, Gross sera remplacé par Jiri Paroubek, 52 ans, mais il continuera à occuper, jusqu'à samedi dernier, le poste de chef de la social-démocratie. « L'étoile de Paroubek monte, celle de Gross s'éteint », affiche ce lundi la presse, sans que cela surprenne qui que ce soit. Depuis qu'il a claqué la porte à l'Académie Straka, siège du gouvernement, Stanislav Gross a déserté les médias, au profit de Jiri Paroubek qui vient d'ailleurs d'être nommé leader de la social-démocratie aux prochaines législatives. Il n'empêche que, lors de la réunion de la direction du parti, le benjamin de la politique tchèque a quitté son clan (peut-être pas une fois pour toutes, a-t-il précisé) sans aucune rancune et avec une émotion sincère, en précisant qu'il allait se faire embaucher dans un cabinet d'avocat. Leader social-démocrate donc aux législatives de juin 2006, Jiri Paroubek est persuadé de la troisième réussite électorale consécutive de son parti. Ses ambitions et son discours actuellement très critique, vis-à-vis de l'opposition, mais aussi de ses partenaires chrétiens-démocrates de la coalition gouvernementale, la presse les explique d'une manière lapidaire : le grand admirateur de Gerhard Schröder sent qu'il a probablement une dernière chance de jouer un rôle important en politique. Effectivement, Jiri Paroubek s'empare de cette chance, avec cette même ferveur attribuée jadis à Stanislav Gross. Par exemple, il s'est dit prêt à donner le feu vert aux législatives anticipées, en février ou en mars prochains. Un défi pour l'ODS, premier parti de l'opposition, qui a réagi en invitant le Premier ministre à démissionner, ce qui permettrait de convoquer les élections en décembre 2005 déjà. Démissionner alors qu'il touche au pic de sa carrière, Jiri Paroubek n'y pense même pas. Il a d'autres priorités, avant d'inviter les Tchèques aux urnes : par exemple, l'adoption du budget de l'Etat pour l'année prochaine.