Fin de l’histoire pour ce bombardier B-17 abattu en Bohême en mars 1945
Le 24 mars 1945, touché par la défense antiaérienne allemande, un bombardier américain de type B-17G, un de ces engins surnommés les « forteresses volantes », s’écrasait près de la commune de Černíkovice, non loin de Hradec Králové. Son histoire est désormais bien connue mais pour protéger le site du crash, devenu populaire auprès d’amateurs plus ou moins éclairés, des archéologues de l’Académie des sciences ont récemment procédé à sa fouille complète.
« Les Américains ont perdu sur notre territoire plus de 120 avions. Il s’agissait pour la plupart de ces bombardiers quadrimoteurs, des B-17 ou les B-24, avec des équipages de huit à douze membres. Au total, ils ont perdu plus de 780 membres de leurs équipages en pays tchèques. Au passage, c’est bien plus que les pertes déplorées par les Américains pour la libération de l’ouest de la Bohême. »
Le cas du B-17G qui nous intéresse, portant le doux nom de Laetitia, n’est donc pas isolé. En revanche, son histoire est très bien connue. Parti d’une base située près de Foggia en Italie, il faisait partie d’un escadron de 27 appareils destiné à bombarder l’usine Daimler–Benz à Berlin. Une erreur de navigation et l’engin se retrouve dans le ciel de la raffinerie de Most, au nord de la Bohême, un site protégé par des installations anti-aériennes allemandes. Celles-ci touchent et endommagent leur cible et les dix membres d’équipage de Laetitia prennent la décision de rejoindre en catastrophe le front est pour solliciter l’aide des Soviétiques. Mais le bombardier, dont les moteurs ont été atteints, explose en plein vol aux abords de la commune de Černíkovice. Les aviateurs américains ont eu le temps d’évacuer l’engin à temps. La suite de leur aventure, c’est Jiří Rajlich qui la raconte :« Ils ont donc sauté en parachute dans la région de Rychnov et ont atterri près de la commune de Černíkovice, où ils ont été très rapidement capturés par les Allemands. Ils ont d’abord été amenés dans une caserne du coin, puis à Prague et plus tard pour certains d’entre eux dans le camp de concentration de Buchenwald. Mais ils n’y sont pas restés longtemps. La plupart des membres de l’équipage ont été libérés le 25 avril et ils ont donc été retenus prisonniers un mois durant. »Pour la carcasse de l’avion, le récit ne s’arrête pas là. Un nouveau chapitre a été ouvert en octobre dernier quand des chercheurs de l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences de République tchèque ont entrepris de fouiller le site pour mettre la main sur les derniers débris de l’appareil. Une opération rendue nécessaire par la prolifération depuis la chute du régime communiste de fouilles menées avec plus ou moins de sérieux par des particuliers, et contribuant à alimenter le marché noir des amateurs d’objets militaires. Lors de la présentation des objets trouvés, en ce début d’année, l’archéologue Patrik Čech a précisé :
« Des amateurs ont découvert l’endroit du crash et des opérations de fouilles illégales ont commencé à être conduites. Notre équipe de l’Académie des sciences a donc été contactée par une personne du musée de Rychnov et c’est pourquoi nous avons mené cette fouille archéologique de sauvetage. »Les chercheurs ont mis la main sur un nombre important de munitions, sur des morceaux du fuselage de l’appareil ainsi que sur des composants de l’un de ses moteurs. Tous ces artefacts devraient faire l’objet d’une belle exposition au musée de Rychnov, dans l’est de la Bohême donc, à partir du mois d’avril prochain.