Fin de vie : les Tchèques ont un accès difficile aux soins à domicile
C’est une assistance à laquelle aspirent de nombreux Tchèques à l’approche de la mort. Bronnie Ware, une musicienne et infirmière australienne spécialisée dans les soins palliatifs, a écrit « Les 5 regrets des personnes en fin de vie », un livre tiré de son expérience personnelle d’accompagnatrice de personnes mourantes à domicile. Alors que plus de trois quarts des Tchèques souhaitent mourir chez eux, seul un patient sur cinq a cette possibilité, l’accès aux soins à domicile étant compliqué.
Selon une récente étude menée par la Charité de République tchèque, deux Tchèques sur trois souhaitent une prise en charge des soins à domicile pour leurs parents comme pour eux-mêmes. Souvent, ils ne savent cependant pas à quelle institution s’adresser. La Charité, qui exploite plus de 350 centres de services sociaux à travers le pays, est prête à les renseigner, mais sans garantie de succès. Lukáš Curylo est le directeur de la Charité tchèque :
« Engager une personne qui assure des soins infirmiers à domicile est extrêmement difficile. Cela est dû au sous-financement du secteur : la différence entre les salaires d'une infirmière employée dans un hôpital et d'une aide-soignante peut atteindre 10 à 15 000 couronnes. A plus long terme, c’est un problème qui nous concerne tous et qui est un défi pour l'ensemble de la société. Si nous voulons bien vieillir, il nous faudra mettre en place des institutions de qualité qui nous prendront en charge un jour. »« C'est là le paradoxe de la santé publique en République tchèque, constatait récemment dans la presse Josef Kuře, philosophe spécialisé dans la bioéthique. Nous ne sommes toujours pas en mesure de proposer aux patients de quitter ce monde dignement, alors que, finalement, cela coûte beaucoup moins cher que les sommes qui sont investies dans ce domaine actuellement et n’ont pas l'effet souhaité. » Toujours selon lui, aujourd'hui, « la mort ‘technique’ l’emporte sur la mort humaine ».
Les Tchèques sont pourtant de plus en plus nombreux à souhaiter voir leurs proches mourir dans la plus grande dignité possible, comme le confirme le nombre grandissant d’hospices. Un réseau d’hospices mobiles se développe également dans le pays, et ce bien que ce type d’assistance médicale permanente à domicile ne soit pas remboursé par la sécurité sociale.
Se faire soigner, et même mourir chez soi, n’est pas non plus un cas de figure qui convient à tous. Gabriela nous donne son point de vue :
« Je crois que nous nous faisons souvent des illusions sur les soins à domicile. Psychiquement, c’est très difficile, pour le malade comme pour sa famille. Le fait de se couper du milieu familial, qui peut être parfois stressant pour la personne malade, le fait d’être entouré d’un personnel qualifié, de médecins, d’infirmières, de pouvoir profiter de la présence d’un psychologue ou d’un prêtre… Tout cela peut finalement permettre aux personnes malades d'être plus sereines. Mourir chez soi n’est pas la solution adaptée pour tout le monde. »