Fin des biocarburants de première génération : la Tchéquie s'inquiète

Photo illustrative: Commission européenne

L’Union européenne tente de réduire la part des biocarburants de première génération issus de l’agriculture dans le secteur des transports pour des raisons environnementales. L’objectif affiché cette semaine par le Parlement européen est de supprimer l’utilisation des biocarburants d’origine agricole, produits à base d’huile de colza et de maïs ou de betteraves, d’ici 2030, tandis que le recours à l’huile de palme devrait être progressivement freiné d’ici 2021. La République tchèque s’est opposée à ce projet, de même que les autres pays du groupe de Visegrád, ainsi que la Roumanie et la Bulgarie, a informé l’hebdomadaire Euro.

Photo illustrative: Commission européenne
La culture d’huile de palme, utilisée pour le biodiesel, contribue à la déforestation, particulièrement en Indonésie et en Malaisie. Les spécialistes s’inquiètent également du développement de la culture du colza et du maïs en Europe. Celui-ci implique un usage accru des pesticides et accélère la dégradation et l’érosion des sols. Aussi, la transformation des cultures vivrières en terres dédiées aux biocarburants, met en péril la sécurité alimentaire, surtout dans les pays en développement.

En misant sur la suppression totale de l’utilisation des biocarburants dits de première génération, la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen entend durcir les règles fixées ultérieurement par la Commission européenne : son objectif était de réduire la part des biocarburants conventionnels dans les transports, en passant de 7% en 2020 à 3,8% en 2030.

En revanche, la Commission et le Parlement européens visent à promouvoir l’utilisation, dès janvier 2021, de biocarburants dits de deuxième génération, fabriqués à base de déchets agricoles et forestiers ou de microalgues.

La proposition de la commission pour l’environnement doit encore être approuvée par le Parlement européen et par les ministres d’Agriculture des pays membres de l’UE. Elle a déjà été critiquée par les autorités tchèques qui jugent « trop ambitieux, voire irréaliste » de vouloir produire des biocarburants « avancés » au rythme désigné par l’UE.

En République tchèque, la part des terres utilisées pour la production des biocarburants est plus importante que dans les autres pays de l’UE : en 2016, 27,8% des terres agricoles ont été dédiées à la production de bioéthanol à base de betterave et 15% de la surface de maïs ont été utilisé à cet effet. C’est l’entreprise Preol située à Lovosice (Bohême du Nord) qui est le principal producteur tchèque du biodiesel à base de colza. Preol fait partie du groupe agro-alimentaire Agrofert géré par Andrej Babiš. La sucrerie Tereos TTD de Dobrovice (Bohême centrale), quant à elle, fait figure du leader de la production tchèque du bioéthanol.