Foot : Beauguel, la révélation française du championnat tchèque
La Synot Liga, le championnat de République tchèque de football, connaît déjà son champion d’automne, la 15e des trente journées figurant au calendrier de la saison 2014-2015 ayant été jouée le week-end dernier. Regroupés en deux points, le Viktoria Plzeň, actuel leader, le Sparta Prague et Jablonec sont les trois équipes qui se disputeront le titre au printemps prochain. Mais au-delà de cette lutte indécise en haut du classement, cette première moitié de saison aura été marquée également par la révélation d’un joueur totalement inconnu du public tchèque il y a encore seulement quelques mois de cela : Jean-David Beauguel. Grand par la taille (1,92 m), l’attaquant français formé à Toulouse et arrivé cet été en provenance de Waalwijck aux Pays-Bas, continue de grandir au Dukla Prague. Nous l’avons rencontré il y a deux semaines de cela, à l’issue d’un match à domicile contre le Slavia. Auteur de sept buts et de deux passes décisives depuis le début de saison, Jean-David Beauguel est toutefois resté muet dans le petit derby pragois. Un mutisme qui ne l’a pas empêché de dresser un bilan somme toute positif de ses premiers pas dans le championnat tchèque.
Que saviez-vous du Dukla Prague à votre arrivée cet été ?
« Honnêtement pas grand-chose (rires)… C’est mon agent qui m’en a parlé. J’ai donc fait quelques recherches sur Internet et j’ai appris que c’était un grand club à une certaine époque, que c’était le club de l’armée jusqu’à la séparation avec celle-ci. Je sais que c’est un club qui est parti de très bas pour remonter saison après saison jusqu’à la première division. C’est un bon petit club avec des installations pas mal. Le coach a un projet intéressant, il veut et aime jouer au ballon. Nous les joueurs, on s’efforce d’appliquer ses consignes du mieux possible pour être performants sur le terrain. »
Comment s’est passée votre intégration ?
« Très bien ! Dès le premier entraînement, alors que je n’avais pas encore signé, les joueurs m’ont super bien accueillis comme si je faisais déjà partie de l’équipe. Le fait que Jan Suchopárek parle français a aussi beaucoup pesé dans ma décision de signer ici. Cela m’a permis de vite m’intégrer et surtout d’appliquer les consignes du coach et de faire ce que l’on me demande. »
Votre intégration s’est d’autant mieux passée que dès votre premier match de préparation, vous avez inscrit quatre buts… (http://www.radio.cz/fr/rubrique/infos/foot-lattaquant-francais-jean-david-beauguel-auteur-dun-quadruple-avec-le-dukla-prague)
« Déjà, quand je suis arrivé, ils étaient impressionnés par mon gabarit. A la mi-temps, il y avait 0-0, je rentre et j’inscris quatre buts en vingt minutes… Forcément, ils ne me regardaient pas de la même manière à la fin du match. Disons que j’ai mis tout le monde d’accord. Je voulais montrer de quoi j’étais capable et faire mes preuves car j’étais venu sous forme d’essai. A partir de là, ça s’est super bien passé, tout le monde était très souriant avec moi surtout que le Dukla n’avait pas encore trouvé d’attaquant. »
Quel type de championnat avez-vous découvert ?
« A part le Sparta, Jablonec et Plzeň, c’est un championnat assez dur dans le sens où il y a beaucoup d’engagement et que ça balance pas mal. Par rapport aux Pays-Bas, c’est beaucoup plus tactique avec plus de mises en place. On cherche plus à trouver le décalage, alors qu’en Hollande, c’était un peu à l’anglaise avec du box-to-box. Mais ce n’est pas un problème, je m’adapte. »
Son adaptation rapide et réussie à sa nouvelle équipe, à la Synot Liga et à la vie plus généralement en République tchèque, Jean-David Beauguel la doit aussi en grande partie à Jan Suchopárek. Aujourd’hui entraîneur adjoint au Dukla Prague, l’ancien défenseur international (61 sélections entre 1991 et 2000), vice-champion d’Europe avec la République tchèque des Nedvěd, Poborský et autres Šmicer en 1996, a gardé de ses trois saisons passées à Strasbourg dans le championnat de France entre 1996 et 1999, un français suffisamment bon pour s’exprimer en termes élogieux sur son nouvel attaquant français :
« Nous sommes très contents parce que c’est un jeune joueur avec beaucoup de qualités et qui a de l’avenir devant lui. Surtout, c’est un attaquant qui marque. On cherchait un attaquant de ce type qui puisse jouer dans notre 4-3-3, un système auquel il était habitué en Hollande. Les deux - trois premières journées, ça n’a pas été trop ça, mais depuis, il marque ou se crée des occasions à chaque journée. »Le Dukla Prague n’est pas le seul satisfait des prestations de Jean-David Beauguel. Jan Suchopárek confirme que le buteur français ne passe pas inaperçu dans le championnat tchèque :
« Personne ne le connaissait à son arrivée. Mais depuis, beaucoup de journalistes et de gens qui travaillent dans le foot tchèque me demandent des renseignements sur son travail. Et je dois dire que c’est un joueur qui a un bel avenir devant lui, pour notre club, mais surtout pour lui-même. »
Seule chose finalement un peu plus compliquée pour l’heure pour Jean-David Beauguel, cette satanée langue tchèque…
« C’est très dur. Je viens de commencer les cours pour aller un peu plus vers les joueurs, mais c’est une langue vraiment très compliquée avec des mots et des prononciations dont je ne savais même pas qu’ils existaient. Mais le club me le demande, alors je le fais, c’est la moindre des choses. Après, le plus important, ça reste de pouvoir communiquer sur le terrain. Pour le reste, dans les vestiaires, tout le monde se débrouille plus ou moins bien en anglais. »
Et la vie à Prague vous plaît-elle ?
« La ville est magnifique. Ma famille est déjà venue me rendre visite et nous en avons bien profité. Après, c’est une façon de vie différente. C’est une autre culture, mais ça va, même si en janvier, février, je m’attends à ce que ce soit un peu plus dur avec le climat. On m’a dit qu’il pouvait faire très froid et peut-être que je commencerai à regretter un peu d’être venu ici. »
Depuis votre départ de Toulouse il y a trois ans, vous avez passé une saison à l’Espérance de Tunis, la suivante au RKC Waalwijk aux Pays-Bas, et vous voilà désormais dans le championnat tchèque. Avez-vous envie de vous poser ou ne considérez-vous la République tchèque que comme une étape ?
« Oui, je considère la République tchèque comme un tremplin. Je ne compte pas faire ma carrière ici. J’aimerais bien revenir dans le championnat français ou aller en Angleterre. Mais la saison est encore longue, il reste du temps. Je travaille pour essayer de marquer le maximum de buts et on verra en fin de saison. Les entraîneurs le savent et me l’ont dit. Pour eux aussi, le but est que franchisse un palier ici. »
Malgré tout, vos performances ne passent pas inaperçues en République tchèque. Si un club un peu plus huppé que le Dukla, comme le Sparta ou Viktoria Plzeň, s’intéressait à vous, quel intérêt porteriez-vous à une éventuelle proposition ?
« Non, je n’y pense pas. Je sais ce que je veux et je travaille pour y arriver. L’intérêt de clubs comme le Sparta ou Plzeň qui jouent la Ligue des champions ou l’Europa Ligue est flatteur, mais je ne pense pas que je resterai ici. Autrement dit, si j’ai le choix entre une offre par exemple du Sparta ou d’un club français, je pense que je choisirai de retourner en France. »Ces derniers jours, la presse tchèque a fait état de l’intérêt de Jablonec, actuel troisième de la Synot Liga et club présidé par Miroslav Pelta (qui est également le président de la fédération tchèque de football), pour l’attaquant français en perspective du mercato d’hiver à venir. La valeur du joueur, qui a signé un contrat de trois ans au Dukla, est estimée à 10 millions de couronnes (environ 365 000 euros).