Foot : Beauguel - Kanga, le duel de francophones du sommet Sparta-Plzeň
Arrivés au Viktoria Plzeň durant le dernier mercato d’hiver pour le premier et au Sparta Prague la saison dernière pour le second, l’attaquant français Jean-David Beauguel et le milieu de terrain international gabonais Guélor Kanga s’affrontaient samedi dernier pour ce qui constituait le match au sommet de la 24e journée du championnat de République tchèque de football. Net vainqueur (4-0) devant son public du champion en titre, le Sparta a aligné sa cinquième victoire d’affilée depuis la fin de la trêve hivernale et ainsi confirmé son renouveau. A l’issue de la rencontre, Jean-David Beauguel et Guélor Kanga ont confié leurs impressions au micro de Radio Prague.
« Cela a été une soirée cauchemardesque pour nous… Au-delà de la défaite, il y a les quatre buts encaissés qui font très mal. On n’est pas bien rentrés dans le match, on a encaissé le premier but assez rapidement (à la 10e minute, signé Adam Hložek, 16 ans, le nouveau grand espoir du Sparta, qui est ainsi devenu le plus jeune buteur de l’histoire du championnat tchèque, ndlr.), ce qui nous a mis un coup au moral. Rien vraiment n’a fonctionné ce soir. On n’a pas respecté les consignes du coach. Gagner ici était pourtant important pour nous dans la course au titre. On a désormais plus le droit à l’erreur, il va falloir prendre un maximum de points jusqu’aux play-offs. »
On suppose que les murs du vestiaire ont dû trembler à la mi-temps ?
« Je suis passé aux vestiaires jusque pour prendre un truc, et l’entraîneur (Pavel Vrba, l’ancien sélectionneur de l’équipe nationale tchèque) s’est mis à crier… Je suis donc reparti m’échauffer, mais le connaissant, mes partenaires ont dû prendre une belle soufflante. Mais bon, la deuxième mi-temps n’a pas été beaucoup mieux que la première. Bref, c’est une soirée à oublier très vite pour se reconcentrer sur la réception de Teplice vendredi. »
C’est vrai qu’on n’a pas vu de réelle réaction de Plzeň au retour des vestiaires…
« C’est le moins que l’on puisse dire. La deuxième mi-temps a été la continuité de la première. On prend aussi un carton rouge… Non, on a vraiment été mauvais. »
Le Sparta vous a-t-il surpris par la qualité de son jeu ?
« Surpris ? On savait que ce serait difficile chez eux, d’autant plus avec le retour de Bořek Dočkal qui leur fait un bien fou au milieu de terrain parce que c’est vraiment un super joueur. Ils sont très bien revenus dans la compétition. Ce n’est plus le Sparta de la première moitié de saison qui alignait les contreperformances. De notre côté, on n’a pas été assez présents dans les duels et on a manqué de rigueur. Mais le résultat parle de lui-même… »
Dans quelle mesure s’agit-il d’un coup d’arrêt pour Plzeň ? Mise à part l’élimination en Ligue Europa par le Dinamo Zagreb (2-1, 0-3 en 16es de finale), vos résultats en championnat depuis la reprise étaient plutôt satisfaisants…
« Un coup d’arrêt, je ne sais pas. Il reste encore pas mal de matchs, notamment avec les cinq supplémentaires en play-offs. On devrait donc retrouver le Sparta encore une fois. Mais il faut s’y préparer au mieux en prenant le maximum de points d’ici-là. »
Que représente dans votre carrière cette arrivée au Viktoria Plzeň ?
« C’est un grand changement. C’est le champion en titre et le meilleur club tchèque de ces dernières saisons (cinq titres de champion depuis 2011, ndlr.). J’ai déjà eu la chance de disputer en 16e de finale de la Ligue Europa, alors qu’il y a quelques mois de cela, j’étais encore à Zlín avec pour objectif d’accrocher la sixième place. C’est donc une belle progression d’être à Plzeň. Le coach me fait confiance et rien n’est perdu en championnat. Nous ne sommes toujours qu’à six points du Slavia et personne ne sait ce qui peut se passer pendant les play-offs. La cerise sur le gâteau serait quand même d’être sacré champion de République tchèque ! »Vous n’étiez pas titulaire ce soir…
« Le problème est qu’une contusion me fait souffrir suite à un coup sous le pied pris lors du match contre Zagreb. Je ne peux jouer que sous infiltration, et ce n’est pas l’idéal pour être performant. Lors de l’avant-dernier contre Jablonec, l’entraîneur m’a sorti en début de seconde période parce que je ne pouvais plus continuer. Après, je sais bien qu’une place se gagne chaque jour à l’entraînement et lors de chaque match. Si je n’ai plus de pépin physique, je sais ce dont je suis capable et ce que je peux apporter à l’équipe. J’avais bien commencé en étant régulièrement titulaire et en marquant des buts. La concurrence ne me fait pas peur, il y en a partout, à Plzeň comme ailleurs, elle fait partie du métier. »
Lors d’une interview que nous avions faite il y a quelques années de cela peu après votre arrivée au Dukla Prague, vous aviez évoqué le fait que vous ne resteriez pas forcément très longtemps dans le championnat tchèque. Près de cinq ans plus tard, vous y êtes toujours…
« Ben oui, ce sont les aléas de la vie de footballeur… Au Dukla, ça ne s’est pas très bien terminé, entre autres à cause de problèmes personnels. Je suis parti avec un goût d’amertume dans la bouche, car j’avais plutôt bien commencé là-bas avant d’être victime d’une grosse blessure à la cheville. Mais je n’ai pas lâché, je me suis bien soigné à Marseille. J’ai fait six très bons premiers mois à Zlín cette saison, et c’est vrai que je n’aurais jamais pensé rester cinq ans en République tchèque en arrivant au Dukla. Mais ça prouve que je n’ai pas de problèmes avec le pays. En signant à Plzeň, où toutes les conditions sont réunies pour réussir, je me suis aussi rapproché de Prague, ce qui rend les visites plus faciles pour ma famille et mes amis. Et puis, surtout, Plzeň a joué contre des clubs comme le Real Madrid et l’AS Rome cette saison en Ligue des champions, un truc de malade ! J’entends l’hymne de la compétition depuis que j’ai commencé le foot à l’âge de huit ans. Pouvoir la jouer serait un rêve qui se réalise. Mais pour cela il faut d’abord être champion avec le club. Pour moi, ce serait la cerise sur le gâteau ! »
Guélor Kanga : « Se voir avec les autres joueurs francophones à Prague, c’est important »
Sorti de la douche quelques minutes plus tard, Guélor Kanga était, lui, autrement plus satisfait de la soirée passée. Auteur d’un match plein dans l’entrejeu du Sparta, le milieu relayeur gabonais, aligné pour la première fois aux côtés du capitaine de l’équipe nationale tchèque Bořek Dočkal, a très certainement livré une de ses meilleures prestations sous le maillot pragois depuis son arrivée en provenance de l’Etoile rouge de Belgrade il y a un an de cela :« Oui, c’était un bon match aujourd’hui ! Je suis content, surtout que je n’avais pas disputé les deux derniers matchs. J’avais une grosse envie de montrer ce dont je suis capable. On a su mettre en difficulté Plzeň, une équipe qui joue bien au ballon. C’était effectivement un de mes meilleurs matchs depuis je suis au Sparta. C’est aussi parce que j’ai joué à mon véritable poste aujourd’hui. D’abord en milieu relayeur en première mi-temps, puis davantage en numéro dix en deuxième. Je joue à tous les postes, mais à l’Etoile rouge, c’est en dix que j’évoluais et c’est pour mes prestations dans ce rôle que le Sparta était venu me chercher. »
Cela n’a pas toujours été facile pour vous comme pour le Sparta depuis votre arrivée au club. Là, ça va mieux avec une série de cinq victoires consécutives en championnat…
« Je suis arrivé de Belgrade, où tout allait bien pour moi. L’idée est donc de reproduire les mêmes prestations ici à Prague. On travaille pour ça, mais il me faut la confiance de tout le monde. »
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Le stade était plein ce soir pour la réception de Plzeň avec une chaude ambiance, mais rien à voir, n’est-ce pas, avec celle du stade Maracana à Belgrade ?
« C’est incomparable, mais le match de ce soir m’a rappelé celui entre le Sparta et l’Etoile rouge en préliminaires de la Ligue Europa la saison dernière. On a vraiment besoin des supporters. »
Vous êtes à Prague depuis maintenant un an. Comment vous y plaisez-vous ?
« C’est une belle ville avec une bonne qualité de vie, même si je ne sors pas beaucoup, car je dois me concentrer sur ma vie professionnelle. Le foot est un combat de tous les jours, et il faut prouver à l’entraînement qu’on mérite de jouer. Je suis quand même en contact avec les autres joueurs africains à Prague. On se voit de temps en temps, notamment avec les francophones, c’est important ! »