Foot : le projet d’un championnat tchéco-slovaque ressorti des cartons

Photo: Archives de Radio Prague

Un championnat commun tchéco-slovaque de football ? Déjà évoqué à plusieurs reprises dans un passé plus ou moins récent, le projet semble aujourd’hui être devenu un peu plus consistant. Et certains nostalgiques reparlent déjà du fameux derby fédéral Sparta Prague – Slovan Bratislava… Mais l’affaire est encore loin d’être conclue.

Photo: Archives de Radio Prague
Vingt ans après la partition de la Tchécoslovaquie, les amateurs tchèques et slovaques de football vont-ils prochainement revivre des Sparta Prague – Slovan Bratislava, des Slavia Prague – Spartak Trnava ou encore des Baník Ostrava - Košice et des Viktoria Plzeň – Žilina ? S’il revient plus ou moins régulièrement sur la table depuis plusieurs années, le projet de la création d’un championnat commun tchéco-slovaque a pris des contours un peu plus concrets la semaine dernière avec la signature d’une convention d’accord entre les dirigeants des fédérations des deux pays. Ceux-ci se sont entendus sur la nature du projet et ont prévu de constituer un groupe de travail. Celui-ci ne verra cependant le jour que si les clubs sont intéressés par la réalisation du projet. Car si l’idée peut sembler séduisante sur le papier et dans l'esprit, elle ne soulève pas nécessairement l’enthousiasme de tout le monde, et notamment des clubs tchèques, qui disposent actuellement de structures bien meilleures que celles des clubs slovaques. Président de la Ligue tchèque, qui rassemble les clubs professionnels du pays et gère la Gambrinus Liga (le championnat de 1ère division), Dušan Svoboda refuse d’ailleurs de voir trop loin, bien conscient que la balle est d’abord et avant tout dans le camp des clubs :

Dušan Svoboda,  photo: CT
« Je ne peux pas prédire quelle sera la position des clubs. Il y a encore un certain nombre de questions auxquelles il faut répondre avant de pouvoir envisager des modalités plus concrètes. Il y a d’abord trois questions essentielles, qui sont d’ordre financier, technique et administratif. La position des clubs dépendra très probablement des réponses à ces questions. Le plus important pour eux est de savoir quels seront les infrastructures et le financement de l’ensemble du projet. L’aspect financier est primordial pour les clubs. Et il ne faut pas non plus oublier l’aspect sportif, qui est étroitement lié au reste. »

L’idée de la création d’un championnat tchéco-slovaque, qui selon ses partisans serait bénéfique pour le football des deux pays, avait été évoquée pour la dernière fois en 2010. A l’époque, le président de l’UEFA, Michel Platini, ne s’y était pas opposé. « Je ne dis pas non, il faut réfléchir », avait déclaré l’ancien meneur de jeu de l’équipe de France à l’issue du comité exécutif de l’instance européenne à Prague. La République tchèque et la Slovaquie ne sont pas les seuls pays en Europe à envisager la création d’un championnat commun entre voisins. Les pays nordiques, les pays baltes ou encore la Belgique et les Pays-Bas réfléchissent plus ou moins concrètement à la chose depuis eux aussi un certain temps déjà, sans que rien n’ait encore jamais abouti.

Lors d’une rencontre à l’automne dernier, les Premiers ministres des deux pays, Petr Nečas côté tchèque et Robert Fico côté slovaque, avaient également exprimé leur désir de voir aboutir le projet. Cette volonté se concrétise par des actes côté slovaque, puisque le 30 avril prochain, un contrat de 45 millions d’euros sera signé entre le gouvernement et la fédération de football portant sur la construction de deux nouveaux stades à Trnava et Košice et la rénovation d'autres enceintes. Si tout se passe comme prévu, les travaux devraient être achevés pour la saison 2016-2017. Est-ce à dire que d’ici-là un championnat tchéco-slovaque aura été créé ? Très prudent, Dušan Svoboda ne veut pas aller trop vite en besogne :

« Je ne pense pas qu’il faille s’attendre à une décision définitive, qu’elle soit pour ou contre, dans les mois à venir. Aujourd’hui, nous n’en sommes encore qu’à un stade où les clubs doivent dire si le projet les intéresse ou pas et s’ils veulent y réfléchir. Le championnat tchèque à l’heure actuelle produit de bons joueurs pour l’équipe nationale qui intéressent les clubs étrangers. S’ils y parviennent, c’est aussi parce que le championnat est bien organisé. Les clubs ont aussi investi beaucoup d’argent dans la modernisation et la mise aux normes de leurs infrastructures. Et ils pourraient naturellement avoir des craintes sur ce point et ne pas vouloir toucher à une Gambrinus Liga qui, finalement, n’est pas si mal que ça. Ce n’est donc pas seulement une question financière ou de stades. »

Autrement dit, même s’ils sont bien conscients que « leur » Gambrinus Liga n’est pas parfaite, les dirigeants des clubs tchèques pourraient estimer qu’ils auraient plus à perdre qu’à gagner, tant sur un plan sportif que financier, en se joignant à des clubs slovaques moins bien structurés et (encore) moins riches qu’eux. L’élément qui pourrait les faire fléchir serait alors les droits télévisés, dont les défenseurs du projet espèrent qu’ils seraient notoirement revu à la hausse en raison de la nouvelle attractivité sportive de leur produit. Si tel était effectivement le cas, les clubs tchèques, qui ne reçoivent aujourd’hui que quelques millions de couronnes de la Télévision publique nationale, pourraient effectivement considérer la coopération avec les « parents pauvres slovaques » d’un autre œil. En attendant, c’est d’un duel au sommet très attendu entre le Sparta Prague et le Viktoria Plzeň, les deux équipes actuellement en tête du championnat (trois points d'avance pour Plzeň), dont le public tchèque se délectera lors de la prochaine journée de Gambrinus Liga, le week-end de Pâques.