Foot : le projet d’un championnat tchéco-slovaque ressorti des cartons
Un championnat commun tchéco-slovaque de football ? Déjà évoqué à plusieurs reprises dans un passé plus ou moins récent, le projet semble aujourd’hui être devenu un peu plus consistant. Et certains nostalgiques reparlent déjà du fameux derby fédéral Sparta Prague – Slovan Bratislava… Mais l’affaire est encore loin d’être conclue.
L’idée de la création d’un championnat tchéco-slovaque, qui selon ses partisans serait bénéfique pour le football des deux pays, avait été évoquée pour la dernière fois en 2010. A l’époque, le président de l’UEFA, Michel Platini, ne s’y était pas opposé. « Je ne dis pas non, il faut réfléchir », avait déclaré l’ancien meneur de jeu de l’équipe de France à l’issue du comité exécutif de l’instance européenne à Prague. La République tchèque et la Slovaquie ne sont pas les seuls pays en Europe à envisager la création d’un championnat commun entre voisins. Les pays nordiques, les pays baltes ou encore la Belgique et les Pays-Bas réfléchissent plus ou moins concrètement à la chose depuis eux aussi un certain temps déjà, sans que rien n’ait encore jamais abouti.
Lors d’une rencontre à l’automne dernier, les Premiers ministres des deux pays, Petr Nečas côté tchèque et Robert Fico côté slovaque, avaient également exprimé leur désir de voir aboutir le projet. Cette volonté se concrétise par des actes côté slovaque, puisque le 30 avril prochain, un contrat de 45 millions d’euros sera signé entre le gouvernement et la fédération de football portant sur la construction de deux nouveaux stades à Trnava et Košice et la rénovation d'autres enceintes. Si tout se passe comme prévu, les travaux devraient être achevés pour la saison 2016-2017. Est-ce à dire que d’ici-là un championnat tchéco-slovaque aura été créé ? Très prudent, Dušan Svoboda ne veut pas aller trop vite en besogne :
« Je ne pense pas qu’il faille s’attendre à une décision définitive, qu’elle soit pour ou contre, dans les mois à venir. Aujourd’hui, nous n’en sommes encore qu’à un stade où les clubs doivent dire si le projet les intéresse ou pas et s’ils veulent y réfléchir. Le championnat tchèque à l’heure actuelle produit de bons joueurs pour l’équipe nationale qui intéressent les clubs étrangers. S’ils y parviennent, c’est aussi parce que le championnat est bien organisé. Les clubs ont aussi investi beaucoup d’argent dans la modernisation et la mise aux normes de leurs infrastructures. Et ils pourraient naturellement avoir des craintes sur ce point et ne pas vouloir toucher à une Gambrinus Liga qui, finalement, n’est pas si mal que ça. Ce n’est donc pas seulement une question financière ou de stades. »
Autrement dit, même s’ils sont bien conscients que « leur » Gambrinus Liga n’est pas parfaite, les dirigeants des clubs tchèques pourraient estimer qu’ils auraient plus à perdre qu’à gagner, tant sur un plan sportif que financier, en se joignant à des clubs slovaques moins bien structurés et (encore) moins riches qu’eux. L’élément qui pourrait les faire fléchir serait alors les droits télévisés, dont les défenseurs du projet espèrent qu’ils seraient notoirement revu à la hausse en raison de la nouvelle attractivité sportive de leur produit. Si tel était effectivement le cas, les clubs tchèques, qui ne reçoivent aujourd’hui que quelques millions de couronnes de la Télévision publique nationale, pourraient effectivement considérer la coopération avec les « parents pauvres slovaques » d’un autre œil. En attendant, c’est d’un duel au sommet très attendu entre le Sparta Prague et le Viktoria Plzeň, les deux équipes actuellement en tête du championnat (trois points d'avance pour Plzeň), dont le public tchèque se délectera lors de la prochaine journée de Gambrinus Liga, le week-end de Pâques.