Foot – Ligue Europa: contre Arsenal, le train de l’Europe à 2 vitesses allait trop vite pour le Slavia
Le rêve rouge et blanc s’est éteint, le Slavia ne disputera pas les demi-finales de la Ligue Europa. Nettement battus par Arsenal (0-4) dans leur stade d’Eden, jeudi soir, en match retour des quarts de finale, les Pragois, pourtant en bonne position après le résultat nul (1-1) de l’aller à Londres, ont été méconnaissables. Rapidement menés de trois buts, ils n’ont même jamais fait illusion dans une rencontre à ses unique.
Le plus fort ou le meilleur ne gagne pas toujours en football, et c’est d’ailleurs ce qui fait le charme de ce jeu. Ce qui le distingue aussi de la plupart des autres sports d’équipes. Le Slavia, qui, comme contre par exemple le FC Séville il y a deux ans, est parfois sorti victorieux de ses confrontations européennes avec pas mal de réussite, en est la parfaite illustration.
Le match aller à l’Emirates Stadium, la semaine dernière, où les Pragois avaient égalisé dans le temps additionnel après avoir été préalablement souvent malmenés, avait été une autre confirmation du fait qu’en football, même lorsque des joueurs sont intrinséquement moins talentueux, ils peuvent compenser leur déficit technique avec d’autres armes.
Dans le cas du Slavia, d’abord avec un engagement physique total, un cœur immense et une volonté de vaincre à toute épreuve. Mais lorsqu’une équipe est vraiment supérieure à son adversaire, tant individuellement que collectivement, comme Arsenal contre le Slavia jeudi soir, elle finit alors quand même généralement par s’imposer, comme l’a regretté le milieu de terrain Lukáš Provod, un des tout meilleurs joueurs tchèques cette saison :
« Ce n’est pas la préparation physique qui a fait la différence ce soir, c’était plutôt une question de qualité. Il faut reconnaitre qu’Arsenal a été meilleur que nous. C’est tout. Nous avons perdu le match en première mi-temps en commettant des erreurs impardonnables à ce niveau, alors que nous avions attaqué le match avec l’idée justement de ne pas encaisser de but le plus longtemps possible. Après, c’est devenu trop difficile pour nous contre une équipe de la qualité d’Arsenal. »
Vite dominé, le Slavia a traversé, en première période, six minutes cauchemardesques. Entre la 18e et la 24e, trois buts consécutifs signés Nicolas Pépé, Alexandre Lacazette sur penalty (auteur aussi du quatrième but en deuxième mi-temps) puis Bukayo Saka ont scellé le sort de la rencontre. Juste avant déjà, une première ouverture du score anglaise avait été annulée par la VAR pour une position de hors-jeu de quelques millimètres.
C’est donc sans peine que l’entraîneur pragois Jindřich Trpišovský a, lui aussi, reconnu la supériorité d’une équipe d’Arsenal qui, large avance aidant, n’a finalement pas eu à forcer son talent pour rejoindre les demi-finales :
« Arsenal a fait beaucoup de choses mieux que nous... Ils étaient plus mobiles, plus rapides, plus précis, meilleurs dans le travail et l’utilisation du ballon, tandis que de notre côté, nous avons accumulé les erreurs. Nous avons fait quatre erreurs plus ou moins identiques en dix minutes et leurs attaquants en ont bien sûr profiter. Nous n’avions pas trop mal commencé le match, mais cet avantage au score a rassuré Arsenal. Il faut reconnaître qu’ils étaient bien meilleurs que nous aujourd’hui. »
Malgré l’immense espoir déçu qu’avait fait naître le résultat du match aller, malgré le fait d’échouer au même stade de la compétition qu’il y a deux ans contre Chelsea, et de ne pas participer aux demi-finales d’une coupe d’Europe pour la deuxième fois de son histoire, cette déconvenue contre Arsenal ne doit bien entendu pas faire oublier le parcours, exceptionnel à l’échelle tchèque, qu’a encore réalisé le Slavia en Ligue Europa. Le Bayer Leverkusen, Nice, Leicester ou encore les Rangers ont été battus – et logiquement – cette saison.
L’argent ne fait certes pas tout mais il fait beaucoup quand même, et malgré les millions de son propriétaire chinois, le club pragois, qui devrait décrocher prochainement son troisième titre de champion de République tchèque consécutif, possédait le plus petit budget des huits derniers clubs encore en lice dans la compétition. Avec le Dinamo Zagreb, éliminé par Villareal, il était aussi le dernier club d’Europe centrale et de l’Est présent sur une scène européenne trop déséquilibrée financièrement pour espérer une plus grande concurrence et une meilleure équité sportives.
La veille de ce match retour contre Arsenal, pour lequel le Slavia était aussi privé de plusieurs titulaires habituels, parmi lesquels notamment sa nouvelle étoile sénégalaise Abdallah Sima, l’annonce par l’UEFA de la suspension pour dix matchs d’Ondřej Kúdela n’a certainement pas aidé non plus les Pragois à se préparer dans les meilleures conditions.
Malgré (jusqu'à présent) l’absence de preuve, le défenseur international tchèque, qui continue de nier les faits, a été reconnu coupable d’avoir proféré une insulte à caractère raciste lors du match à Glasgow contre les Rangers. En République tchèque, la sanction, très diversement commentée, est considérée par beaucoup comme une injustice et comme une nouvelle démonstration de l’existence d’une Europe – et pas seulement du football - à deux vitesses.
Et si on ne saurait dire dans ce cas précis si cette perception d’une carte à géographie varibale est juste ou ne l’est pas, une chose est sûre néanmoins : sur le terrain jeudi soir à Prague, entre Arsenal et le Slavia, c’est bien au spectacle d’une Europe à deux vitesses que nous avons assisté.