Foot – Ligue Europa : le Slavia a dégusté un Bordeaux de piquette

Slavia Prague - Bordeaux, photo: Petr David Josek /AP Photo/ČTK

Une victoire, un résultat nul et une défaite : c’est le bilan, somme toute honorable, des trois clubs tchèques en lice cette saison dans les coupes européennes de football, à l’issue de la 1ère journée de la phase de groupes de la Ligue des champions et de la Ligue Europa. Tandis que le Viktoria Plzeň, mercredi, dans la plus prestigieuse des deux compétitions, a dilapidé un avantage de deux buts pour finalement partager les points avec le CSKA Moscou (2-2), les deux duels tchéco-français de jeudi soir dans la plus modeste épreuve se sont soldés par un succès du Slavia à Prague aux dépens d’un faible Bordeaux (1-0) et un revers de justesse de Jablonec à Rennes (1-2).

Jaromír Zmrhal,  photo: Michal Kamaryt/ČTK
Avant le coup d’envoi de ce Slavia-Bordeaux, les médias et supporters tchèques comme français s'étaient souvenus qu’au printemps 1996, les Girondins de Zidane, Dugarry et Lizarazu avaient sorti les Pragois de Šmicer et Poborský en demi-finales de ce qui était alors encore la Coupe UEFA. Mais les eaux de la Vltava et de la Garonne ont bien coulé sous les ponts des deux villes depuis, et, vingt-deux ans plus tard, c’est le Slavia qui s’est cette fois logiquement imposé sur le même score qu’alors (1-0) grâce à une frappe croisée – et splendide – de son milieu de terrain Jaromír Zmrhal à la 35e minute de jeu.

Temps encore estival aidant, la centaine de supporters bordelais qui avaient fait le long déplacement ont sans doute pu pleinement profiter durant la journée des charmes de la capitale tchèque. C’est du moins ce que l’on espère pour eux. Car pour ce qui est de la soirée, on n’aurait franchement pas aimé être à leur place. Ils sont en effet bien les seuls, côté marine et blanc, dans leur coin de stade, à avoir montré un peu d’envie et d'enthousiasme. Sur la pelouse, leurs favoris, dont on peut quand même légitimement se demander quelle était leur motivation pour cette entrée en matière en Ligue Europa, n’ont quant à eux quasiment rien montré. Rien de rien, comme le chantait à pleins poumons la grande Edith et comme le regrettait lui aussi à demi-mot Jaroslav Plašil au moment de traverser - aussi vite que faire se peut - la zone mixte au terme des quatre-vingt-dix minutes :

Jaroslav Plašil  (au milieu),  photo: Michal Kamaryt/ČTK
« On est très mal rentrés dans le match, on a subi durant toute la première mi-temps. C’était mieux en deuxième où on a davantage gêné le Slavia en jouant un peu plus haut, mais on ne s’est pas créé les occasions pour revenir au score. Il nous a manqué de justesse technique mais aussi de plein d’autres choses pour pouvoir aller plus vers l’avant… Vous me demandez si nous avons manqué d’envie ? Euh… Je ne pense pas, même si sur la première mi-temps, on peut certainement nous reprocher pas mal de choses. On voulait bien faire, mais on a couru dans le vide, voilà. »

Ces considérations n’étaient bien évidemment pas celles des joueurs pragois, dont la victoire, conjuguée au résultat nul (1-1) entre le FC Copenhague et le Zenith Saint-Pétersbourg dans l’autre match du groupe, leur a permis de prendre la tête de celui-ci. Même s’ils auraient pu s’imposer avec au moins deux buts de plus d’écart, c’est en effet précisément d’abord dans la conviction, la volonté de vaincre et l’engagement dans les duels, davantage probablement que sur leurs qualités footballistiques intrinsèques, que le Slavia a été supérieur à son adversaire du jour. Pour sa grande première à domicile sous son nouveau maillot rouge et blanc, le milieu de terrain ivoirien Ibrahim Traoré, arrivé en provenance de Zlín durant la récente trêve internationale, était en tous les cas tout heureux de la tournure prise par les événements :

Ibrahim Traoré,  photo: Michal Kamaryt/ČTK
« C’est une soirée parfaite pour moi. On aurait voulu mettre un deuxième but et on a eu les occasions pour ça, parce qu’on a un peu souffert de la fatigue en fin de match. Mais on avait mis beaucoup d’intensité dans notre entame de match en courant un peu partout. 1 à 0, c’est bien. On prend les trois points pour notre premier match en Ligue Europa, c’est le plus important. Bordeaux est une bonne équipe avec des joueurs de qualité sur les côtés comme Samuel Kalu et François Kamano. Notre entraîneur nous avait donc demandé d’être sérieux et de mettre de l’engagement. C’est ce que l’on sait appliquer à faire, mais franchement, on s’attendait à un meilleur Bordeaux, car on s’était dit que c’est une équipe française. Ça ne s’est pas vu sur le terrain et c’est tant mieux pour nous, car cela aurait pu être plus difficile contre un bon Bordeaux ».

Slavia Prague - Bordeaux,  photo: Petr David Josek /AP Photo/ČTK
Un bon bordeaux, c’est ce qu’auraient pu, eux aussi, déguster les joueurs de Jablonec durant leur voyage retour de Rennes. Pas déméritant durant l’essentiel de la partie, le petit club de Bohême du Nord, actuel 8e du championnat tchèque, s’est finalement incliné en Bretagne suite à un penalty concédé dans la première minute du temps additionnel de la deuxième mi-temps. Un sort cruel semblable à celui connu, la veille en Ligue des champions, par le Viktoria Plzeň, lui aussi sanctionné en toute fin de match par un penalty conséquence d'un accrochage sur un corner… Des issues regrettables très certainement, mais qui font aussi partie de l’apprentissage ou de l’expérience en coupes d’Europe.