Foot – Mondial 2018 : les Tchèques touchent le fond
Il faut se faire à l’idée : pas plus très probablement qu’en 2010 et 2014, ou à moins d’un petit miracle, l’équipe de République tchèque de football ne participera à la Coupe du monde 2018. Alors qu’elle avait besoin d’une victoire pour conserver une chance de terminer à la deuxième place de son groupe comptant pour les éliminatoires, la Reprezentace n’a ramené qu’un résultat nul (1-1) de son déplacement en Norvège samedi. Avec désormais neuf points de retard sur l’Allemagne, leader incontesté, et surtout quatre sur l’Irlande du Nord, les Tchèques n’ont plus que de faibles chances d’accrocher les barrages qualificatifs pour la phase finale en Russie.
Malgré une belle ouverture du score par son défenseur latéral Theodor Gebre Selassie à la 36e minute et une première mi-temps somme toute passable, la République tchèque a donc été incapable de s’imposer en Norvège contre un adversaire qui, à l’exception d’une victoire contre Saint-Marin, avait pourtant perdu tous ses matchs depuis le début des éliminatoires. Et encore les troupes du sélectionneur Karel Jarolím pouvaient-elles s’estimer heureuses au coup de sifflet final de repartir d’Oslo avec un point dans les bagages, comme en convenait le défenseur central et capitaine Tomáš Sivok :
« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé en deuxième mi-temps. En première, nous avons été un peu meilleurs que les Norvégiens. Nous nous sommes créé trois occasions et avons marqué sur l’une d’entre elles. Puis nous avons arrêté de jouer en deuxième mi-temps. Il y a d’abord eu ce penalty indiscutable qui nous a coupé les jambes et nous a fait mal moralement. Nous avons alors abandonné le milieu de terrain aux Norvégiens qui ont suffisamment d’occasions pour pouvoir gagner. »
Quelques jours avant la rencontre, la presse tchèque se demandait si, un an après sa retraite internationale, Petr Čech manquait à la sélection. Son successeur a donné une nouvelle réponse sans équivoque samedi. Déjà convaincant lors des rencontres précédentes, Tomáš Vaclík a été le meilleur joueur du match. Par ses nombreuses parades, le gardien du FC Bâle - dont on se demande quand même parfois ce que font les recruteurs européens en le laissant dans le championnat suisse - a évité à la Reprezentace une défaite qui lui a souvent pendu au nez en deuxième période. Pour autant, Tomáš Vaclík n’a pas cherché à tirer la couverture à lui au terme des quatre-vingt-dix minutes et retenait d’abord la prestation d’ensemble très moyenne :
« Ce n’est pas simple à analyser. Nous étions clairement venus ici avec l’ambition de gagner, mais au bout du compte, il faut reconnaître que si une équipe méritait de gagner ce soir, c’était la Norvège. Bien sûr, si la frappe de Tomáš Souček n’avait pas fini sur la barre transversale en début de deuxième mi-temps, nous aurions mené 2 à 0 et la suite du match aurait sans doute été très différente. Mais ensuite ce sont les Norvégiens qui ont été les plus dangereux. Ils nous ont posé beaucoup de problèmes, et c’est une grosse déception, car nous voulions finir la saison sur une bonne note. »Quelques minutes après l’égalisation sur penalty signée Alexander Soderlund (55e minute), la Norvège aurait même dû prendre l’avantage au tableau d’affichage si Tarik Elyounoussi, profitant d’une énorme erreur de relance des défenseurs centraux tchèques, n’avait pas vendangé un deux-contre-un face à Vaclík comme il s’en voit peu à ce niveau de compétition. Oubliant volontairement Soderlund lancé à ses côtés, l’attaquant norvégien d’origine marocaine préférait jouer le coup seul au lieu de passer le ballon à son coéquipier qui n’aurait alors plus eu qu’à le pousser au fond des filets. Un impardonnable excès d’égoïsme qui a permis aux Tchèques, sauvés par un réflexe de leur gardien, d’éviter le pire. Compte tenu toutefois de la victoire de l’Irlande du Nord en Azerbaïdjan (1-0) quelques heures plus tôt, ce partage des points concédé en Norvège, troisième résultat nul en six matchs éliminatoires, constitue une bien mauvaise opération comptable, comme en convenait le sélectionneur ; un Karel Jarolím qui avait la tête des mauvais jours :
« Les Irlandais ont pris trois points en marquant le but de la victoire à la 92e minute. Je ne sais pas si c’est un signe de leur réussite ou de leur volonté. Je pense que les deux sont liés. Ce que je sais en revanche, c’est que leur victoire complique encore un peu plus notre situation. Nous n’avons désormais plus qu’une chance théorique de terminer à la deuxième place du groupe. Deux matchs nous attendent début septembre avec la réception de l’Allemagne et le déplacement en Irlande du Nord. Il faudra faire en sorte de prendre le plus de points possible. Je suis très déçu ce soir, car je nous croyais capables à la mi-temps au moins de conserver notre avantage au score. Mais toutes les grossières erreurs que nous avons faites en deuxième mi-temps nous ont été fatales. »Avec neuf points en six matchs et seulement deux victoires au compteur, dont une contre Saint-Marin, la République tchèque devra compter sur un concours de circonstances à l’automne prochain pour devancer l’Irlande du Nord à la deuxième place du groupe C. Héros malheureux d’une soirée de samedi au cours de laquelle il a été impliqué dans la plupart des mauvais coups, Tomáš Sivok sait ce qui attend lui et ses coéquipiers à l’automne prochain :
« Nous n’avons désormais plus notre sort entre nos mains. Il nous faudra gagner tous nos matchs à venir, notamment celui à Belfast, et espérer que les Irlandais perdent quelques points eux aussi dans leurs autres matchs. »
Reste que même en terminant à la deuxième place, la République tchèque ne serait pas assurée de disputer les barrages. En effet, seuls les huit meilleurs deuxièmes des neuf groupes de la zone Europe auront ce statut. Et aujourd’hui, c’est une certitude, la Reprezentace ni ne mérite, ni n’a le niveau pour espérer cela.