Une « Repre » sérieuse et appliquée

Antonín Barák, photo: ČTK

Il n’y a pas eu de mauvaise surprise. En s’imposant largement (6-0) contre Saint-Marin, dimanche à Serravalle, pour son cinquième match de groupe comptant pour les éliminatoires, l’équipe de République tchèque de football n’a pas compromis davantage ses chances de qualification pour la Coupe du monde 2018. En attendant le déplacement probablement autrement plus périlleux en Norvège en juin prochain, c’était bien là l’essentiel.

Tomáš Sivok,  photo: ČTK
Vite fait, et bien fait. Ouverture du score à la 17e minute par Antonín Barák, deuxième, troisième et quatrième buts inscrits dans la foulée, entre la 19e et la 27e minutes, respectivement par Vladimír Darida, de nouveau Antonín Barák, puis Theodor Gebre Selassie, avant un cinquième, juste avant la mi-temps, par Michael Krmenčík. Après une entame de match quelconque, il aura suffi d’une demi-heure aux Tchèques pour prendre la mesure d’un adversaire vite dépassé.

5-0 à la mi-temps, c’est là un nouveau record : jamais encore depuis la partition de la Tchécoslovaquie, la Česká Reprezentace n’avait inscrit autant de buts en quarante-cinq minutes. Et si la deuxième période, avec seulement un penalty transformé par Darida (77e), n’a pas permis aux Tchèques de faire mieux que l’Allemagne, qui avait écrasé Saint-Marin (8-0) à l’automne dernier, le plus important était bien de reprendre la route de Prague avec les trois points de la victoire dans les bagages. Au coup de sifflet final, le capitaine Tomáš Sivok pouvait donc être satisfait de la tournure prise par les événements :

« Il fallait d’abord ne pas sous-estimer l’adversaire. Je me souviens d’un autre match contre Saint-Marin en 2008 où nous avions eu toutes les peines du monde à l’emporter et où il nous avait fallu attendre la deuxième mi-temps pour enfin marquer. Je dois avouer que je n’ai pas très bien dormi avant le match. Contre des équipes comme Malte, les îles Féroé ou Saint-Marin, la victoire est obligatoire, vous avez tout à perdre. La clef est de faire la différence assez vite pour vous faciliter le travail. Sinon, plus le temps passe, et plus cela devient compliqué. Aujourd’hui, notre première mi-temps a été excellente, et c’est pourquoi la victoire est amplement méritée. »

Karel Jarolím,  photo: ČTK
Dans les jours précédents la rencontre, joueurs et encadrement tchèques n’avaient eu de cesse de faire passer le message dans les médias : hors de question de prendre à la légère ce déplacement dans le troisième plus petit Etat d’Europe. Avec une seule victoire lors de leurs quatre premiers matchs éliminatoires, les hommes de Karel Jarolím, désormais condamnés à un quasi sans-faute pour décrocher la deuxième place synonyme de barrages*, avaient bien conscience de l’interdiction de passer au travers de ce premier rendez-vous contre la plus faible équipe du groupe. Finalement, ils ont fait mieux que ça, et même contre une équipe de Saint-Marin très limitée, cela suffisait au bonheur du sélectionneur :

« On sait très bien que c’est le type de matchs où vous avez plus à perdre qu’à gagner. Tout le monde attend trois points et une promenade de santé, mais il arrive que les choses soient plus compliquées. Avant nous, l’Irlande et la Norvège en ont bavé chez eux contre Saint-Marin jusque dans le dernier quart d’heure. C’est pourquoi l’entame de match de mon équipe m’a plu. J’ai vu du mouvement, des appels de balle et des joueurs qui avaient envie de marquer. Tout cela a un peu disparu en deuxième mi-temps, malgré les consignes données dans le vestiaire au repos, mais le plus gros du travail avait déjà été fait en première. »

Barák et Jankto, la jeunesse montante

Antonín Barák,  photo: ČTK
Auteur d’un doublé et d’une passe décisive en l’espace de sept minutes sur les trois premiers buts tchèques, Antonín Barák a été un des éléments les plus convaincants du onze de départ qu’avait concocté Karel Jarolím. A 22 ans, le milieu de terrain du Slavia Prague, s’il confirme sa forme de ces derniers mois, pourrait être un des hommes sur lesquels repose l’avenir de la Reprezentace. Transféré cet hiver au club italien d’Udinese, qu’il rejoindra l’été prochain et où il retrouvera son compatriote Jakub Jankto (21 ans) - qui fêtait lui sa deuxième sélection contre Saint-Marin - Antonín Barák faisait une analyse lucide de la prestation tchèque :

« Cela n’a pas été si facile. Il nous a d’abord fallu être patient pour trouver l’ouverture dans leur bloc placé très bas. Tant qu’ils ont eu des forces, les Saint-Marinais ont bien défendu. Mais c’est toujours la même chose : le premier but nous a fait du bien, et le deuxième dans la foulée leur a mis un coup au moral. Nous avons ensuite été plus sereins, et cela nous a permis d’alourdir le score. »

Des buts, c’est également ce dont les Tchèques – qui n’en avaient inscrits que deux jusque-là depuis le début des éliminatoires - auront bien évidemment grand besoin pour la suite. A mi-parcours, ils occupent la troisième place du groupe C, très loin derrière l’intouchable Allemagne à laquelle la première place directement qualificative est promise, et avec deux points de retard sur l’Irlande du Nord, vainqueur (2-0) dimanche soir à Belfast de la Norvège.

Saint-Marin - Tchéquie,  photo: ČTK
Après une phase aller décevante, marquée notamment par deux résultats nuls (0-0) contre l’Irlande du Nord et l’Azerbaïdjan à Prague et Ostrava, la « Repre » sera dans l’obligation de ramener des résultats positifs de ses délicats déplacements en Norvège tout d’abord, le 10 juin prochain, puis en Irlande du Nord et en Azerbaïdjan, si elle entend finir à la deuxième place. Une mission pas impossible mais assurément pas facile non plus à laquelle pensait déjà le sélectionneur Karel Jarolím tout de suite après la victoire contre Saint-Marin :

« Je ne dirais pas que je suis plus serein. Nous avons rempli notre mission aujourd’hui, mais c’était le minimum syndical. Cette victoire nous place dans une position qui nous permet encore d’espérer. Gagner ici était une obligation. Le plus important nous attend désormais. Nous en saurons plus sur nos chances réelles après le déplacement en Norvège pour lequel il faut déjà se préparer. »

*Tandis que le premier de chacun des neuf groupes de la zone Europe sera directement qualifié pour la phase finale de la Coupe du monde 2018 en Russie, les huit meilleurs deuxièmes disputeront, eux, un barrage aller-retour à l’automne prochain. Le vainqueur de chacun des quatre matchs de barrage sera lui aussi qualifié.

Classement du groupe C :