Formation d’un gouvernement : ANO et la social-démocratie progressent
159 jours, soit cinq mois et huit jours, se sont écoulés depuis les législatives d’octobre 2017 et la République tchèque n’a toujours pas de gouvernement disposant de la confiance des députés. Le mouvement ANO d’Andrej Babiš, dont un gouvernement minoritaire a échoué à obtenir cette confiance en janvier dernier, poursuit les négociations avec le Parti social-démocrate pour tenter de former une coalition gouvernementale qui disposerait de surcroît du soutien des communistes.
« L’objectif principal de ces pourparlers était de clarifier les points litigieux. La social-démocratie en a présenté dix-sept à l’issue des débats entre nos équipes d’experts. Après environ deux heures de discussions, nous sommes parvenus à trouver des consensus pour près d’une dizaine d’entre eux. »
Un point était particulièrement fâcheux : le Premier ministre en démission Andrej Babiš, comme d’ailleurs M. Faltýnek, est poursuivi dans l’affaire dite du nid de cigognes, une affaire de détournement présumé de fonds européens, et les sociaux-démocrates refusaient catégoriquement de voir un politicien mis en examen prendre la tête de la future coalition gouvernementale. En début de semaine, le nouveau président des sociaux-démocrates, Jan Hamáček, indiquait qu’il ne céderait jamais sur ce point. Avant les négociations de mardi, il se murmurait même qu’il proposerait l’éviction de M. Babiš du nouveau gouvernement.
Le leader de la social-démocratie, qui a par ailleurs obtenu la garantie qu’aucune privatisation ne serait menée ou que l’indépendance des médias publics ne serait pas remise en cause, a finalement radicalement revu sa position. Andrej Babiš pourra bien rester Premier ministre, mais à certaines conditions :« Si nous devons envisager cette configuration, alors la social-démocratie demandera la tête du ministère de l’Intérieur, ou bien du ministère des Finances. Nous avons également répété notre position actuelle selon laquelle, pour assurer une digne représentation des sociaux-démocrates dans l’éventuel prochain gouvernement, nous demandons cinq ministères. Nous nous sommes quittés là-dessus et nous continuerons les discussions sur cette base ce jeudi. »
Pour l’heure, le mouvement ANO semble disposer à pourvoir les sociaux-démocrates avec seulement quatre ministères. Les autres points litigieux portent largement sur la politique fiscale du futur gouvernement. La social-démocratie défend un impôt sectoriel pour les banques ainsi que l’instauration d’un impôt sur le revenu progressif. Elle demande également la suppression des trois jours de carence, le délai durant lequel les salariés en arrêt maladie ne sont pas indemnisés. Andrej Babiš entrevoit là des discussions houleuses :« On doit discuter des jours de carence. Il y a là une grande résistance de la part des organisations patronales. Nous, dans ce domaine, nous sommes constants. Nous avons clairement montré que nous savions collecter les impôts, et qu’il est nécessaire moins de les augmenter que de les réduire. »
Si ANO et la social-démocratie parviennent à trouver un compromis ce jeudi, il restera encore quelques petits obstacles à la formation d’une coalition gouvernementale. Les sociaux-démocrates devront déjà entériner l’accord trouvé lors de leur congrès du 7 avril, avant de le soumettre à un référendum interne au parti. Le même jour, les communistes devront décider s’ils soutiennent ou non ce gouvernement. Leur soutien, vu d’un mauvais œil par une partie de la société tchèque, histoire oblige, est indispensable pour obtenir une majorité à la Chambre des députés.