Grande rétrospective Zdeněk Sýkora, rare représentant de l’art tchèque au Centre Pompidou

Lignes No 220, 2003

Le peintre Zdeněk Sýkora vient de fêter ses 90 ans. A cette occasion, une grande rétrospective lui est consacrée à la bibliothèque municipale, quinze ans après sa première grande exposition au même endroit. L’occasion d’embrasser plus de cinquante ans de création de cet artiste toujours alerte.

L'arbre,  1959
Quand on a quatre-vingt-dix ans et qu’on est artiste, on a forcément connu de multiples périodes esthétiques. Celles de Zdeněk Sýkora croisent les grands courants artistiques du XXe siècle qui aujourd’hui s’étudient dans les livres : réalisme, surréalisme, cubisme. Sýkora s’est essayé à chacun de ces styles, avant de trouver son langage dans les années 1960. Pour Zdeněk Sýkora, la révolution, ce sera l’ordinateur, comme le rappelle Pavel Kappel, historien de l’art et commissaire de l’exposition :

Lignes No 220,  2003
« L’utilisation de l’ordinateur l’a vraiment rendu célèbre. C’était quelque chose de très original. Il a été le premier artiste en Europe, et même au monde, à intégrer l’ordinateur dans son travail. Je ne pense pas que l’ordinateur et l’art soient contradictoires. Mais c’est vrai que ça n’a pas toujours été accepté de façon univoque. Mais Zdeněk Sýkora a toujours considéré l’ordinateur comme un outil de travail qui lui facilitait et accélérait certains aspects de son processus de création. »

Zdeněk Sýkora
A partir des années 1970, Zdeněk Sýkora travaille ses tableaux sur le principe du hasard : par exemple, il détermine le nombre de lignes ou la couleur de sa toile en jetant des dés. Avec près d’une centaine d’œuvres sélectionnées, la rétrospective actuelle s’efforce de saisir l’essentiel de la création de Sýkora, depuis ses premières toiles abstraites dans les années 1950 en passant par ses tableaux structurels et les toiles des trente dernières années. Pour Zdeněk Sýkora, l’abstraction de ses toiles n’est en rien contradictoire avec l’observation du monde qui l’entoure :

« Quand je regarde mes lignes et mes boucles, et que je regarde par la fenêtre, quand il neige par exemple, je ressens une vraie fraternité... l’homme crée certaines choses, la nature en crée d’autres... »

Lignes No 125,  1994
A l’occasion de cet anniversaire, deux ouvrages sortent simultanément : un ouvrage imprimé à seulement 100 exemplaires, réalisé par l’artiste lui-même et accompagné de poèmes de Bohumila Grögorova et Josef Hirsal, un livre pour collectionneur puisqu’il coûte la bagatelle de 29 000 couronnes (environ 1 100 euros). Autre publication, le premier tome d’une monographie exhaustive qui devrait en comprendre neuf en tout, accompagné d’un DVD où l’on découvre Zdeněk Sýkora, un grand monsieur de 90 ans qui a l’air d’en avoir 15 de moins, dans son atelier, évoquant son travail.

Les œuvres de Zdeněk Sýkora font partie des plus grandes collections mondiales, à noter qu’il est, après František Kupka, le deuxième artiste tchèque à avoir une de ses œuvres au Centre Pompidou à Paris.

La rétrospective Zdeněk Sýkora est à ne pas manquer à la bibliothèque municipale : elle s’achèvera le 20 mai prochain.