Grogne des enseignants tchèques
Plus de 6000 écoles, soit plus de la moitié des établissements scolaires de toute la République tchèque, sont restées fermées, ce lundi. Les pédagogues et employés des écoles maternelles, primaires et de second degré, sont entrés en grève pour une journée. Ils sont 130 000 à revendiquer une augmentation des salaires, car, comme ils l’affirment, cette année, leurs salaires réels ont baissé.
Chaque nouveau gouvernement tchèque présente parmi ses priorités une amélioration de la situation des enseignants mais la réalisation de ces promesses ne leur apporte que rarement satisfaction. Pourtant le ministre de l’Education Ondřej Liška a obtenu pour les 18 mois à venir une augmentation du budget scolaire de 4,5 milliards de couronnes, quelque 180 millions d’euros. A en croire le ministre, c’est une amélioration sensible. Les enseignants, eux, estiment que ce n’est pas suffisant. Le président de l’Union syndicale de l’enseignement František Dobšík définit leurs revendications :
« Le gouvernement devrait réviser son attitude et montrer qu’il désire trouver encore cette année les moyens pour financer ce qui manque, c’est-à-dire pour les manuels et les accessoires scolaires, pour la formation des pédagogues et bien sûr pour leur rémunération afin d’éviter la baisse des salaires réels. »
Cette fois-ci la grogne ne concerne pas seulement les enseignants mais aussi le personnel administratif et technique des écoles. Parmi les grévistes il y a donc également, par exemple, le concierge de l’école primaire de la ville de Zruč nad Sázavou Václav Herould :« Je touche 11 900 couronnes, quelque 480 euros, par mois, et c’est le salaire brut. J’ai commencé à travailler dans cette école, il y a 23 ans, avec un salaire de 2600 couronnes, mais à l’époque c’était une somme tout à fait satisfaisante. Je dirais que la stagnation salariale s’aggrave. En tant qu’homme ayant une formation de second degré et qui doit connaître plusieurs métiers, je me considère comme très mal rémunéré.»
Les critiques du système scolaire tchèque lui reprochent d’être trop généreux et d’employer beaucoup trop d’enseignants. František Dobšík ne pense pas que ce soit justifié :
« Les nombres moyens d’enseignants et d’élèves par enseignant sont à peu près équivalents à la situation dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Nous n’avons pas de cas extrêmes comme des classes où le nombre d’écoliers serait trop en-dessous de la normale. Evidemment il y a des écoles qui n’atteignent pas le nombre moyen d’élèves par enseignant. Mais le gouvernement a manifesté dans sa déclaration-programme sa volonté de soutenir les écoles de moindre importance dans de petites communes pour conserver le lien social et pour mettre l’instruction à la portée de tous les élèves et de leurs parents.»Selon František Dobšík, si le gouvernement voulait adopter une politique plus restrictive, il serait obligé de supprimer certaines écoles et d’élever le nombre d’élèves par classe par exemple à 25. Aujourd’hui, il est de 18 en moyenne. Pour l’instant le syndicat de l’enseignement manque d’informations sur les réactions que le mouvement de protestation a suscitées dans les écoles privées mais il est peu probable que ces établissements, qui sont à peu près 600, se soient massivement joints à la grève.