Financement des universités : les professeurs se mobilisent pour de meilleurs salaires
Mardi 28 mars, Journée des enseignants en Tchéquie, plusieurs manifestations ont été organisées un peu partout dans le pays par des professeurs des facultés des sciences humaines, qui jugent leurs salaires trop bas.
C’est sous l’intitulé « L’Heure de la Vérité » (Hodina pravdy) que le mouvement de protestation a réuni environ un millier de manifestants sur la place Jan Palach, au centre de Prague. Principalement composée de professeurs d’université et d’étudiants, la foule s’était réunie pour réclamer une augmentation du budget alloué par l’Etat à l’enseignement supérieur. Ce budget est, en effet, nettement en dessous de la moyenne de l’OCDE.
Pour rattraper cet écart, les enseignants mobilisés demandent une hausse annuelle de 10 milliards de couronnes (environ 415 millions d’euros). Ce financement insuffisant se répercute directement sur le salaire des professeurs d’université, comme l’explique cette enseignante-chercheuse venue manifester à Prague :
« Nous aimerions que notre travail soit plus valorisé et mieux rémunéré. Nous avons des enfants, des familles, et nous estimons que ce n’est pas correct. Beaucoup d’entre nous sont des chercheurs et publient à l’étranger, et l’on voit donc bien qu’une recherche d’excellence a un coût. »
Les professeurs enseignant les lettres, les sciences humaines et sociales plus particulièrement regrettent d’avoir des salaires inférieurs à ceux de leurs collègues dans d’autres domaines d’études. A titre d’exemple, le salaire brut mensuel moyen d’un enseignant de la faculté des lettres varie entre 35 000 et 53 000 couronnes (soit entre 1 460 et 2 210 euros), tandis que le montant du salaire moyen en Tchéquie à la fin de l’année 2022 s’élevait à environ 43 000 couronnes (1 790 euros).
La situation serait encore plus précaire à la Faculté des arts de l’Université Charles, où le salaire brut moyen d’un professeur ne s’élève qu’à 37 600 couronnes (1 565 euros) tandis que la rémunération des enseignants des facultés d’informatique à l’échelle nationale avoisine les 70 000 couronnes (2 915 euros). Une situation que dénonce cette professeure travaillant à l’Université Charles :
« Il y a véritablement deux poids, deux mesures. La priorité a été donnée aux sciences sous le communisme et il a fallu reconstruire et renouveler les sciences humaines par la suite. Il est choquant de constater que celles-ci ne sont pas suffisamment valorisées, car nous pensons qu’elles sont absolument essentielles à la démocratie. »
Porté par treize facultés à l’échelle nationale, le mouvement de protestation a eu lieu dans neuf villes tchèques et il est largement soutenu par les étudiants de ces facultés. Un étudiant en art à Prague explique comprendre la colère de ses professeurs :
« Je sais que leurs conditions de travail ne sont pas bonnes du tout. Leurs salaires sont très bas et souvent, lorsqu’ils ont une famille, ils ne gagnent pas suffisamment pour subvenir à leurs besoins. Les conditions des étudiants en doctorat sont encore plus mauvaises, puisqu’ils ne touchent que 10 000 couronnes par mois (422 euros). Je suis donc ici pour tous les soutenir dans leur lutte pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail et de vie. »
Si le ministère de l’Éducation est conscient du problème, il estime cependant que les recteurs des universités répartissent mal les subventions aux différentes facultés. Des négociations avec le gouvernement sont tout de même en cours, qui visent à une augmentation du financement universitaire de près d’un milliard de couronnes.