Handball – Euro féminin : « En France, on vous donne les moyens de bien travailler »
Huitième du dernier championnat du monde en 2017, l’équipe féminine de République tchèque de handball a abordé le championnat d’Europe qui se tient en France en cette fin d’année avec l’ambition de faire au moins aussi bien. Placée dans un groupe particulièrement ardu en compagnie de la Norvège, championne d’Europe et vice-championne du monde en titre, de la Roumanie et de l’Allemagne, la Reprezentace n’aura cependant pas une mission facile. Celle-ci le sera d’autant moins après la défaite concédée contre la Roumanie (28-31) samedi pour son entrée en matière dans la compétition, et avant d’affronter la Norvège ce lundi soir. Depuis Brest, où les Tchèques disputent leurs matchs de groupe, leur entraîneur Jan Bašný, qui vit et travaille en France depuis maintenant 28 ans, s’est confié pour Radio Prague sur les ambitions de son équipe :
Où situez-vous la République tchèque par rapport à ses adversaires ?
« On ne peut pas trop choisir ses adversaires lors d’un Euro. Toutes les équipes sont costaudes et difficiles à battre. Ce qui est certain, c’est que nous ne comptons pas parmi les favoris, nous sommes davantage des outsiders. Ceci dit, nous avions éliminé la Roumanie en huitièmes de finale du Mondial l’année dernière, ce qui signifie que nous pouvons viser plus haut que simplement sortir de notre groupe et nous qualifier pour le tour principal. L’idée directrice est de toujours faire mieux que lors du championnat précédent. Et comme nous avons terminé huitièmes du dernier Mondial… Notre ambition ultime est de participer au tour final à Paris, qui réunira les six meilleures équipes. »
Vous entraînez cette sélection tchèque depuis 2010. A chaque championnat disputé, que ce soit du monde ou d’Europe, vous êtes toujours parvenus à progresser et à obtenir un classement final meilleur que le précédent. Cet Euro en France constitue-t-il donc un sommet pour votre équipe ?
« C’est précisément ce que je disais il y a déjà trois ans de cela, à savoir que si ce groupe de joueuses restait ensemble sans trop d’arrêts de carrière ou de blessures, ce championnat d’Europe en France pourrait être le meilleur. Encore fallait-il déjà s’y qualifier, ce que nous avons fait et qui n’était pas évident, car la République tchèque compte toujours parmi les nations pour lesquelles se qualifier pour une grande compétition est déjà une performance en soi. Trois ans plus tard, je reste du même avis, même si nous souffrons pour cet Euro de l’absence de deux joueuses importantes difficilement remplaçables. C’est donc aux jeunes, dans un autre registre, de nous aider à obtenir le résultat espéré. »Quelles sont les forces et faiblesses de votre équipe ?
« Je dirais que son point fort ne se situe pas sur le terrain, mais en dehors : c’est l’état d’esprit irréprochable qui anime le groupe. Les joueuses ont un comportement irréprochable depuis huit ans et c’est ce qui nous a permis tous ces bons résultats jusqu’à présent. Je n’oublie pas non plus que je dispose de joueuses talentueuses qui tiennent un rôle important dans leurs clubs. Quant aux points faibles, nous avons quelques soucis en défense centrale en raison précisément en l’absence de l’une des deux joueuses mentionnées. Or, elle était un pilier de ce secteur de jeu. »
« Je suis très bien en Corse et j’y resterai »
Le handball est moins populaire en République tchèque que dans d’autres pays européens. Comment appréciez-vous votre vie d’entraîneur sur le long terme en France ?« Je vis en France depuis 1990 et y entraîne depuis 1992. J’ai donc vécu toute ma carrière d’entraîneur en France. C’est un métier qui évolue en même temps qu’évolue le jeu. C’est un métier exigeant, difficile, qui demande un grand investissement personnel avec une grande concurrence, mais en France on vous donne les moyens de bien travailler. Il y a beaucoup de licenciés. On y dispose donc de bonnes conditions humaines et financières, ainsi que de solides infrastructures. C’est un métier dans lequel il est possible de s’épanouir, en tous les cas certainement plus qu’en République tchèque, où tout est plus compliqué. »
Vous avez entraîné à Istres, Besançon, Nantes et maintenant à Ajaccio. Où vous êtes-vous senti le mieux ?
« C’est impossible à dire, chaque endroit est différent. Je vis en Corse depuis 1990 et je considère que c’est le meilleur endroit pour vivre. Mais d’un point de vue professionnel, je garde un excellent souvenir des années passées à Besançon avec des conditions de travail quasi idéales. Les quatre années à Nantes ont été plus difficiles, mais cela a été une expérience humainement très enrichissante en raison des progrès réalisés. Il y a du positif et du moins positif partout. Mais pour ce qui est de la qualité de vie… Je continuerai à vivre en Corse, j’y suis très bien. »