Heliodor Píka – première victime des procès staliniens dans l’ancienne Tchécoslovaquie
La conférence de paix qui s’est déroulée en 1946 à Paris, a vu parmi ses participants de marque le général tchèque Heliodor Píka. Trois ans après, le 21 juin, cette importante figure de la résistance tchécoslovaque contre le nazisme était accusée de haute trahison et exécutée. C’était la première victime des procès mis sur pied par les autorités communistes.
Instauré en février 1948, le régime communiste tchécoslovaque, encouragé et inspiré par des « conseillers » soviétiques implantés dès la fin de la guerre dans le pays, n’a pas tardé à liquider tous ceux qu’il considérait comme dangereux. Le premier à être visé a été le général Píka, ancien légionnaire et héros de la Deuxième Guerre mondiale, qui s’est vu emprisonner pratiquement au lendemain du putch communiste.
Démocrate convaincu et figure emblématique de la tradition militaire démocratique, Heliodor Píka avait tout pour déplaire au régime. L’acte de son accusation de haute trahison et d’espionnage se présente donc comme un acte réfléchi. D’autant que le général Píka, en tant qu’ancien chef de la mission militaire à Moscou, connaissait la situation à l’intérieur de l’URSS, était informé du système des services secrets soviétiques, savait tout sur le réseau des goulags soviétiques. Le procès qui a été organisé contre lui a été monté de toute pièce. On écoute l’historien Petr Koura :
« Il a été accusé d’avoir travaillé pour les services d’espionnage britanniques, en dépit du fait qu’en tant que général et diplomate il était censé entretenir de tels contacts pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le plus paradoxal, c’est que Heliodor Píka ait été condamné conformément à la loi qui est entrée en vigueur à l’automne 1948, donc au moment où il était déjà en prison. En février 1948, le président Gottwald proclamait que personne n’allait être puni pour ses convictions politiques ou pour des actes commis avant cette date. Lors du procès mené contre Heliodor Píka, toutes ces promesses communistes ont été violées. »Décoré de hautes distinctions militaires tchécoslovaques, soviétiques, américaines, anglaises et autres, Heliodor Píka a été exécuté tôt le matin, le 21 juin 1949, dans la prison de Bory à Plzeň. Il n’a pas été fusillé en militaire, comme il le souhaitait, mais pendu. Il a été réhabilité vers la fin des années 1960.