Hommage au pianiste Ivan Moravec

Ivan Moravec
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Le samedi 4 décembre, le public pragois a eu l’occasion d’assister à un concert en hommage au pianiste Ivan Moravec. L’orchestre Prague Philharmonia, placé sous la direction de Jiří Bělohlávek, a exécuté entre autres le Concerto pour deux pianos de Bohuslav Martinů. L’oeuvre a été interprété par les pianistes Václav Mácha et Jaroslava Pěchočová, anciens élèves d’Ivan Moravec, considérés comme des artistes prometteurs de l’école pianistique tchèque. Voici un petit portrait d’Ivan Moravec brossé par Vaclav Richter.

C’est Chopin qui est probablement l’auteur le plus joué par Ivan Moravec. Le 9 novembre dernier Ivan Moravec a fêté son 80ème anniversaire. C’est lui-même qui devait se produire au concert du 4 décembre, mais il a été obligé d’y renoncer à cause d’une opération de la main. L`artiste était cependant dans la salle et a entendu entre autres les paroles de Jiří Bělohlávek qui l’a remercié de lui avoir donné beaucoup de beauté et d’inspiration dans la musique et dans la vie. Pour sa part, le pianiste a manifesté l’espoir de guérir rapidement et de pouvoir jouer de nouveau avec Jiří Bělohlávek.

La musique française n’est pas absente dans la discographie d’Ivan Moravec. Il est entre autres un interprète inspiré de l’oeuvre pianistique de César Franck. « Le poète du piano » - c’est ainsi que les critiques surnomment parfois cet artiste qui subjugue depuis un demi-siècle les publics de divers pays du monde par la beauté du ton, un art du toucher très spécial, une technique brillante et une sensibilité à fleur de peau. Le génie de ce pianiste se manifeste surtout dans les oeuvres de Mozart, de Chopin et de Schumann mais il est aussi l’interprète exquis de la musique impressionniste et notamment de Ravel et de Debussy.

Ivan Moravec est le seul pianiste tchèque à figurer dans l’anthologie « Les Grands pianistes du XXe siècle » lancé par le label Philips et qui réunit soixante-douze pianistes des plus fameux de l’histoire du disque. Pour lui la musique est un art secret qui l’étonne parfois encore après un demi siècle de carrière : « Ce qui est idéal pour l’état d’âme et la situation intérieure d’un musicien, dit-il, c’est de jouer comme si l’oeuvre était interprétée par quelqu’un d’autre. Il faut que vous flottiez dans la musique sans être dérangé par la technique, l’instrument ou par vos propres fautes. Si l’interprète est bien préparé, s’il n’est pas souffrant, si le public ne tousse pas trop, il peut lui arriver quelque chose qui lui n’est jamais venu à l’idée, comme un petit éclair au milieu de la nuit. C’est le rêve de chaque interprète. » Ce rêve, Ivan Moravec l’a sans doute réalisé beaucoup de fois dans sa carrière au cours de laquelle il a joué aussi avec succès le répertoire tchèque. Il a su donner par exemple beaucoup de grâce et d’élégance à la polka « Souvenir de Plzeň » de Bedřich Smetana.