Hospitalisation collective et intimité des malades
La loi sur les droits des malades en Tchéquie serait-elle une norme concrète ou un idéal à atteindre ? Elle exige un respect absolu de l'intimité des malades, assorti de sanctions sévères. Mais l'hospitalisation collective, quasi généralisée en Tchéquie, ne s'y prête pas. Omar Mounir.
Chose curieuse, dans les hôpitaux, la commission d'infraction est un phénomène d'accompagnement quotidien du personnel médical, sans que personne ne s'étonne. Le droit du malade est violé dès que, lors de la visite quotidienne, le médecin lui fait part de son diagnostic, alors que ses compagnons de chambre écoutent. Dans le droit tchèque, le diagnostic relève de l'intimité du malade. Le médecin commettrait aussi une infraction, s'il déculotte le malade devant les autres patients. Un gynécologue n'a pas le droit de dire à une femme, en présence d'autres patientes ou clientes d'un cabinet, qu'elle est enceinte. Une patiente a traîné son médecin en justice pour cette indiscrétion. Heureusement, elle s'est contentée d'excuses. Car les sanctions sont, elles aussi, très sévères voire, calamiteuses, appliquées dans toute leur ampleur.
Une amende de 50 000 couronnes pour le médecin qui divulgue le secret d'un malade. Simple indiscrétion, mais elle peut coûter à l'hôpital jusqu'à 10 millions de couronnes d'amende, soit l'équivalent de 340 000 euros. Et la loi ne s'arrête pas là, elle prévoit mieux dans des cas extrêmes : 50 millions de couronnes ! Inutile de dire combien le personnel hospitalier pousse la prudence à l'extrême. Savoir qu'un proche est hospitalisé après un accident, par exemple, est impossible par téléphone. D'autant qu'existe le précédent notoire de cette secrétaire d'une société concurrente à la société d'un patient, et qui, par téléphone, à pu obtenir des renseignements sur la durée d'hospitalisation du concurrent.
Les médecins rigolent pour ainsi dire en la présence d'une loi déraisonnable et impossible dans les conditions collectivistes d'hospitalisation héritées du communisme, et qui subsistent toujours dans une certaine mesure. Et c'est souvent qu'ils répondent que l'application de cette loi nécessite que chaque malade ait une chambre individuelle. Le rêve !
Force donc est de reconnaître, dans ce cas, que la loi est plutôt un idéal à atteindre. Mais que font les sanctions ici ? C'est peut-être pour l'avenir, elles aussi. L'ennui est que les magistrats ne l'entendent pas de cette oreille. Chut ! Nous risquerions de violer un secret médical.