Quand le futur fondateur du journal Le Monde réagissait aux accords de Munich
En 1938, basé depuis une dizaine d’années à Prague comme professeur de droit à l’Institut français de Prague, alors encore Institut Ernest Denis, le futur fondateur du journal Le Monde, Hubert Beuve-Méry, était aux premières loges pour observer la crise des Sudètes puis les conséquences des accords de Munich.
Comme d’autres Français engagés aux côtés de la Tchécoslovaquie dans l’entre-deux-guerres, Hubert Beuve-Méry est devenu également conseiller technique du ministère des Affaires étrangères de la Première République tchécoslovaque née sur les ruines de l’empire austro-hongrois à la fin de la Première Guerre mondiale.
Refusant les accords de Munich et le rôle de la France dans leur signature, Hubert Beuve-Méry démissionne de son poste à l’Institut français, à l’instar du général Faucher, chef de la mission militaire en Tchécoslovaquie, qui quitte ses fonctions et se met à la disposition de l’Etat tchécoslovaque au bord du précipice.
Dans les archives de la Radio tchèque se trouve à la date du 4 octobre 1938 la réaction d’Hubert Beuve-Méry et ses observations après les accords de Munich. Rappelant notamment le drame que Munich a représenté pour le général Faucher, il s’y réfère également à la devise tchécoslovaque héritée du prédicateur médiéval Jan Hus :
« Le malheur immérité qui a frappé la Tchécoslovaquie a causé au chef de la mission militaire française une douleur égale à celle de tous les Tchécoslovaques. A cette souffrance s’en ajoute pour lui une autre peut-être plus cruelle encore et qu’il est facile à chacun d’imaginer. Demeurons en toutes circonstances de bons ouvriers de la vérité, et la vérité vaincra. »