Huit ans de prison pour Karel Srba
Huit ans de prison ferme, tel est le verdict du Tribunal de district de Ceské Budejovice dans l'affaire Srba. Karel Srba est accusé d'avoir commandé le meurtre d'une journaliste, du temps qu'il était secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. D'autres complices écopent, à leur tour, de plusieurs années de détention. Les tenants et aboutissants de l'affaire avec Omar Mounir.
C'est que Slonkova n'y est pas allée du dos de la cuillère. Elle avait à l'époque signé une série d'articles dans lesquels elle décrivait, par le menu, le vaste patrimoine de Srba, qu'elle évaluait à 10 millions de couronnes. Une coquette fortune que jamais cet homme n'aurait pu gagner honnêtement, estime-t-elle, alors et surtout que le total des émoluments de ce haut fonctionnaire ne dépassaient guère deux millions de couronnes. Srba s'en défend et plaide la fortune de son père qu'il dit homme d'affaires et millionnaire en dollars.
Le plus grave pour lui cependant est que le tribunal n'a jamais pu vérifier la prétention que son père est millionnaire ; en foi de quoi, ses attendus qualifient de suspect ce patrimoine ; pour la provenance de tant d'argent, la journaliste a une explication convaincante au regard des faits : l'argent provient de la vente des marchés de l'Etat aux plus offrants parmi les entrepreneurs, et donc l'encaissement de dessous de tables, et donc d'autres coupables qui courent toujours.
Ce dont les juges sont convaincus, en tout cas, est que Karel Srba, ensemble avec sa collaboratrice Eva Tomsovicova, ont commandé le meurtre de la journaliste Sabina auprès de deux hommes d'affaires, Michal Novotny et Petr Volf, lesquels ont trouvé pour la besogne un homme de main, le récidiviste Karel Rziepel, qui va vendre la mêche à la police. Tomsovicova et Novotny en ont eu pour six ans de prison, et Volf pour quatre ans. Un dernier inculpé, Jiri Slavik, fournisseur d'un kilo d'explosif semtex, s'en est sorti avec un sursis, au bénéfice de l'ignorance ; il n'aurait rien su de la destination du semtex.Appel est fait de ces jugements. Mais l'affaire, véritable feuilleton ayant de spectaculaires prolongements en politique et en milieux policiers, a déjà coûté à d'aucuns leur poste et n'a pas fini de faire parler d'elle.
Quoi qu'il en soit, ces affaires qui semblent révéler de douteuses connivences entre les hautes sphères de l'Etat et la pègre des bas-fonds, la population en est lasse. En témoigne cette observation du procureur de la République, Barnabas Liska : « Ce jugement est aussi une mise en garde pour d'autres personnes qui considèrent que dans ce pays elles peuvent se permettre tout ce qu'elles veulent. » Le procureur a demandé 15 ans de réclusion pour Srba. Va-t-il faire appel ?