Il y a 120 ans, une femme obtenait un diplôme de médecine pour la première fois à Prague

Anna Honzáková

Anna Honzáková a été la première Tchèque médecin et gynécologue. Elle se battait pour les droits des femmes et était opposée à l’avortement. Elle soignait aussi bien les femmes aisées que les plus modestes, ne faisant toutefois pas payer ces dernières aient. 

Anna Honzáková en 1902 | Photo: Atelier Jan Langhans,  časopis Ženské listy/Wikimedia Commons,  public domain

Pendant longtemps, la médecine a été vue comme un domaine difficile ne convenant pas au « sexe faible ». Dans la monarchie austro-hongroise, cette croyance a perduré encore plus longtemps qu’ailleurs. En effet, alors qu’aux Etats-Unis, c’est dès 1849 qu’Elizabeth Blackwell devenait la première femme médecin au monde, tandis qu’en Grande-Bretagne et en France, les femmes médecins ont commencé à exercer dans les décennies suivantes, pour les femmes d’Autriche-Hongrie, il a fallu attendre jusqu’au début du XXe siècle avant qu’elles puissent faire des études de médecine.

Fille d’un docteur progressiste de Kopidlno, Jan Honzák, Anna avait manifesté un intérêt pour la médecine dès l’enfance. Cependant, il lui a fallu plusieurs années d’effort pour pouvoir obtenir de suivre des études de médecine régulières. Son excellence au premier lycée de jeunes filles de Prague n’était en soi pas suffisante pour lui assurer une place dans les amphithéâtres.

Faculté de médecine de l’Université Charles de Prague

 Les étudiants la regardaient de haut

Source: Zdravotnické muzeum NLK - Národní lékařská knihovna

A l’époque, les examens étaient publics. Quand Anna Honzáková passait les siens, ses compagnons d’étude étaient toujours nombreux à y assister. On dit même que lors de sa soutenance de thèse, l’amphithéâtre était plein à craquer. Mais Anna Honzáková a réussi à surmonter tous les obstacles pour finalement devenir, le 17 mars 1902, la première femme promue médecin de l’université Charles-Ferdinand de Prague. Même s’il s’agissait d’un événement exceptionnel, les seuls journaux à en avoir alors parlé étaient les magazines féminins.

Source: Kramerius/Bibliothèque nationale

A l’issue de ses études, Anna devait encore accomplir trois années d’internat non rémunérées. Mais trouver une place d’interne s’est avéré aussi difficile que de se faire accepter comme étudiante. Pour finir, en 1905, elle a décidé d’ouvrir son propre cabinet de gynécologie dans le centre de Prague. Ses patientes étaient aussi bien des stars du Théâtre national que des femmes d’industriels ou encore des femmes pauvres, qu’elle soignait alors à titre gracieux.

 Emancipation et éducation

Anna Honzáková en 1935 | Photo: Časopis Eva/Wikimedia Commons,  public domain

Anna Honzáková était membre de la société Minerva, qui administrait un lycée de jeunes filles. Aux côtés de la femme politique Františka Plamínková, elle s’investissait dans le Club féminin tchèque (Ženský Klub Český), une association qui luttait pour les droits des femmes). Elle faisait également partie du Comité pour le droit de votes des femmes. Elle œuvrait en faveur de la planification familiale, et a ouvert la voie de l’éducation à la contraception.

Elle était opposée à l’avortement en tant que substitut d’une contraception efficace, ce qui lui a d’ailleurs été reproché par les activistes de gauche. En 1939, en raison de problèmes de santé, elle a dû fermer son cabinet. Elle est décédée à Prague le 13 octobre 1940, à 64 ans.

Aujourd’hui, les femmes représentent la moitié du personnel médical, et ce ratio évolue encore. Ces dernières années, 2/3 des diplômés en médecine sont des diplômées.

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