Il y a 20 ans était organisée à Prague la rencontre européenne de Taizé (2e partie)
Il y a vingt de cela, en 1990, s’était tenue à Prague la rencontre européenne de jeunes organisée par la communauté oecuménique de Taizé et à laquelle avaient participé des dizaines de milliers de jeunes chrétiens européens afin de célébrer ensemble le Nouvel An. Kateřina Srbková est une jeune sociologue tchèque vivant actuellement à Paris. Spécialiste des questions religieuses, son mémoire de masters s’est intitulé « Taizé – révolution paisible. Un charisme raconté. » Kateřina Srbková a expliqué pourquoi au micro de Radio Prague :
- En rédigeant votre mémoire, en faisant vos recherches, avez-vous découvert quelque chose qui vous a surprise dans le fonctionnement de la communauté ? De l’extérieur on a le sentiment, en caricaturant un peu, que tout est beau, que tout le monde est gentil, mais à l’intérieur les choses ne sont-elles pas un peu différentes ?
« Rien n’est jamais tout à fait positif. Pour les sociologues, surtout, lorsque tout semble super bien, très beau, c’est toujours l’occasion de se poser des questions. Ca provoque forcément des interrogations. Je pense que l’idée de Taizé est vraiment très bien, idéale. Après, dans la réalité, il y a toujours des tensions, des petits problèmes au niveau de l’organisation et des personnalités. Même à Taizé, même s’il y a beaucoup de personnes de bonne volonté, et même si on peut dire que l’Esprit Saint y est présent, il y a toujours eu des problèmes au niveau des caractères. Certains frères ont quitté la communauté simplement parce qu’ils trouvaient que ce n’était pas leur vocation, d’autres ne se sont pas très bien entendus avec les autres, et d’autres ont senti que Frère Roger, qui à l’origine avait fondé la communauté comme une communauté monastique, se laissait un peu porter par l’intérêt des jeunes. Il a décidé de transformer la communauté en un lieu d’accueil, et certains frères ont pu sentir que l’attention de Frère Roger à leur égard était diminuée, qu’il avait changé l’orientation de la communauté. Il faut savoir que, au cours de son histoire, la communauté a souvent changé de visage : d’une communauté très simple, petite et monastique avec des bases protestantes, elle est devenue un lieu énorme de rencontre où, aujourd’hui, ce sont surtout les catholiques qui participent. Mais je pense que c’est justement ça qui est beau et qui fait le charisme de Taizé : c’est une communauté qui vit de provisoire, dans l’improvisation, et c’est aussi cet aspect qui attire les jeunes. Aujourd’hui, on ne pourrait plus appeler Taizé le « Woodstock chrétien » comme dans les années 1980, mais ça reste toujours une communauté assez libérale par rapport aux activités de l’Eglise traditionnelle. L’Eglise est un peu trop rigide, trop froide pour les jeunes d’aujourd’hui, tandis que la chaleur, le mouvement de Taizé est plus attirant pour eux. Les jeunes n’aiment pas trop rester dans quelque chose de figé. »