Bestov 2015 – suite et fin

Photo: Theeradech Sanin / freedigitalphotos
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Dernier jour de l’année et coïncidence incroyable – presqu’aussi incroyable que la pleine lune le jour de noël – c’est également le jour de la Saint-Sylvestre. Cela tombe à pic, car la rédaction française de Radio Prague vous a fabriqué une compilation des familles avec des vrais morceaux d’interviews dedans. Et en plus demain commence une nouvelle année, bissextile de surcroît - bref, le nirvana au bord de la Vltava.

Taizé et Petr Čech

La 37e Rencontre européenne de jeunes de Taizé à Prague,  photo: Martina Schneibergová
Bille en tête, Guillaume Narguet, l’homme du Nord, a tenu pour cette rétrospective 2015 à choisir un entretien réalisé en 2014. Allez comprendre. Mais notre tolérance n’a pas de limites et l’extrait qu’il a choisi sera donc diffusé, conformément à ses vœux. De tolérance il est d’ailleurs question dans cet extrait enregistré avec le frère Benoît de la communauté de Taizé. C’était à l’occasion de la 37e Rencontre européenne de jeunes de Taizé à Prague, il y a un an :

« Nous sommes très frappés que plus de 2 000 Ukrainiens et plus de 1 000 Biélorusses se préparent à venir à Prague. Cela révèle chez eux un grand désir d’aller à la rencontre d’une part des chrétiens et des habitants de Prague, mais aussi des jeunes de l’Europe de l’Ouest. Le fait qu’ils puissent à l’occasion de cette rencontre dialoguer avec des jeunes de Russie, qui seront aussi quelques centaines, est bien entendu très important. Dans le contexte actuel, toutes les occasions de partage, de rencontre et de dialogue sont particulièrement importantes. Et il faut les saisir ! Nous n’allons pas organiser une rencontre particulière dans le cadre du programme parce que les tensions sont tellement grandes, les blessures encore très vives et les questions pas réglées. Cela n’aurait donc pas beaucoup de sens de dire officiellement qu’il faille nous parler. Ce n’est pas là notre rôle. En revanche, que dans la même paroisse ou dans le même quartier, des jeunes de ces différents pays puissent prier ensemble, partager dans les petits groupes d’échange du matin, prendre un repas dans la même famille d’accueil éventuellement, tout cela va forcément leur permettre de dépasser les conflits actuels, les rancœurs, les préjugés et les difficultés pour se rappeler que, au fond, il y a des deux côtés des gens qui cherchent la paix. C’est le message que nous voudrions faire passer : que la réconciliation et la paix commencent au-dedans de nous. Si nous n’avons pas d’amis ou si nous ne connaissons pas la réalité de ‘l’autre côté’, c’est très difficile d’être porteur de paix pour une situation bloquée. Nous n’allons pas le mettre au cœur du programme de la rencontre, mais nous espérons beaucoup que des dialogues, éventuellement des amitiés, puissent se nouer tout au long de ces cinq jours. »

Guillaume est aussi le spécialiste du sport sur notre antenne. L’année 2015 a été un bon millésime pour le football tchèque, avec une belle qualification pour l’Euro français l’été prochain, aux dépens entre autres de la Hollande, pourtant favorite du groupe. Dans les buts de l’équipe nationale, l’indétrônable Petr Čech. Cet immense gardien a vécu une saison très particulière, puisqu’il a changé de club, bien qu’en restant dans la même ville. De Chelsea à Arsenal, l’homme au casque noir continue de briller et vient de battre le record historique en Premier League du nombre de matchs sans encaisser de but (170). Petr Čech est un très grand gardien et en plus il fait l’effort de parler en français au micro de Guillaume, comme dans cet extrait enregistré après la première victoire contre les Pays-Bas:

Petr Čech et Guillaume Narguet,  photo: Archives de Guillaume Narguet
« Oui, on avait la pression après notre dernier match perdu la semaine dernière contre les Etats-Unis (0-1) lors duquel on s’est procuré beaucoup d’occasions sans parvenir à marquer. C’était notre quatrième résultat d’affilée qui n’était pas positif. Aujourd’hui, on n’était pas favoris, mais on a bien joué en restant bien organisés. Le fait de marquer en première mi-temps (Borek Dočkal, 22e) nous a fait beaucoup de bien. Après, selon moi, le deuxième moment décisif dans le match a été notre réaction après le but encaissé en début de deuxième mi-temps (Stefan de Grij, 54e). On s’est alors bien regroupés en défense pour tenir les vingt minutes suivantes. Et à la fin, on a été un peu chanceux sur notre deuxième but avec ce cadeau des Pays-Bas. Mais je pense que pour le match que nous avons fait en tant qu’équipe, cette chance, nous l’avons aussi un peu méritée. »

Vous considérez ce deuxième but comme la récompense de tous vos efforts sur l’ensemble du match ?

« Oui, on a tout donné. Je pense que nous avons été un peu malheureux au niveau de la réussite lors de nos derniers matchs. Et ce soir, cela a tourné en notre faveur et on en est évidemment très contents ! »

Peut-on dire que vous étiez mieux préparés tactiquement que les Néerlandais ?

« Non, on était bien préparés, c’est vrai, mais on a quand même vu que les Pays-Bas sont une équipe très dangereuse quand elle attaque ou contre-attaque. Mais ils n’ont pas eu beaucoup d’occasions, on était bien regroupés. Ils n’ont pas pu faire leurs enchaînements dans nos trente derniers mètres et c’est ce qui a fait la différence ce soir. »


Le photographe officiel du président Havel

Après l’effort le réconfort, on passe du sport à la photographie, grâce à Anna Kubista, la Franco-tchèque - ou Tchéco-française - de la rédaction, qui a choisi l’un des entretiens réalisés cette année à l’occasion d’une exposition à Prague de clichés de Jiří Jírů, le photographe officiel de l’ancien président tchèque Václav Havel entre 1993 et 2000.

Jiří Jírů,  photo: ČT24
En tant que photographe officiel de Václav Havel, quel travail vous attendait ? Quelle était un peu votre journée type ?

« Le problème c’est que j’étais tout seul pour ce travail. Quand vous comparez avec la Maison Blanche, il y a trois ou quatre photographes attitrés, parce qu’une seule personne ne peut pas suivre autant d’activités. Je recevais donc tous les jours son programme pour le lendemain et je choisissais par hasard les choses qui me semblaient intéressantes pour les archives. Parce qu’en fait je créais des archives photographiques pour le pays. Il y a d’ailleurs toujours 3000 négatifs qui sont au Château de Prague, qui sont numérisés et les gens peuvent utiliser ces photos pour des choses non-commerciales bien sûr. »

Parmi les nombreuses photos présentées au Centre tchèque, il y en a une célèbre, où l’on voit l’écrivain tchèque Bohumil Hrabal, Václav Havel et l’ancien président américain Bill Clinton. Ils sont tous les trois à la brasserie U Tygra (Au Tigre) que fréquentait Hrabal. Comment cette photo a-t-elle était prise ?

« C’était la première visite officielle de Bill Clinton à Prague. Evidemment, l’équipe de Havel était un peu comme des étudiants : ils ont essayé d’organiser cette rencontre, mais très vite ce sont les services de sécurité américains qui ont pris les choses en main et tout organisé. On est allés à pied du Château de Prague jusqu’à la brasserie, par le pont Charles. Evidemment, la brasserie était hermétiquement fermée au public. Les gens qui étaient assis, à table, à l’intérieur, avait été triés sur le volet. La présence de Hrabal était soi-disant un hasard, mais en réalité c’était organisé… »

Václav Havel était-il un sujet facile à photographier ?

« Václav Havel était très difficile à photographier. Pour les photographes, ce n’est vraiment pas un cadeau. Il regardait beaucoup vers le bas. Même quand il avait un interlocuteur, il baissait le regard, car c’était sa façon de réfléchir. Mais moi, pour prendre une photo, j’ai besoin du regard. Parfois, cela durait longtemps avant qu’il ne regarde son vis-à-vis. Ce n’était pas vraiment évident. »

Vous utilisez une technique un peu particulière pour vos photos qui s’appelle ‘hint-tint’. De quoi s’agit-il ?

« C’est en anglais évidemment… A partir d’un négatif couleur, j’agrandissais des photos en noir et blanc, puis je les mettais dans un bain sépia et ensuite je coloriais avec un petit pinceau quelques détails de la photographie. Ce n’est donc ni noir et blanc, ni couleur, ni un tableau ni une photo. C’est quelque chose d’un peu bizarre, d’un peu surréaliste… »

C’est votre regard sur cette présidence un peu hors norme dans l’histoire…

« J’ai photographié beaucoup d’hommes politiques dans ma carrière, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme Václav Havel, un président aussi humain, humaniste, qui parlait aux gens ordinaires. Il était capable de faire des pas de danse avec des danseuses de samba brésiliennes, ou de faire pareil sur l’Ile de Pâques, le ventre à l’air ! C’était un personnage vraiment inhabituel. »


Les peintres tchèques dans la France des années 1940

Alžběta Tichá a quant à elle sélectionné pour notre rétrospective de l’année une expo de tableaux, qui a le mérite de pouvoir être visitée jusqu’au 10 janvier prochain. Une exposition présentant les artistes tchèques vivant en France lors de la Seconde Guerre mondiale, se tient jusqu’au 10 janvier 2016 à la Galerie morave de Brno, après avoir été récemment exposée à la Galerie de Cheb. Intitulée « Rattrapés par la nuit », elle fait découvrir les destins et les œuvres notamment de František Kupka, Adolf Hoffmeister, Jan Zrzavý, Josef Šíma, Alén Diviš ou Edita Hirschová. Auteur et commissaire de cette exposition, l’historienne de l’art Anna Pravdová, qui a publié un livre éponyme il y a quelques années, est revenue sur ce thème :

'Rattrapés par la nuit',  photo: Galerie de Cheb
« Il s’agit aussi bien des artistes qui ont vécu en France tout au long des années 1920 et 1930, comme František Kupka ou Josef Šíma, que des artistes qui ont choisi la France comme pays d’exil après l’occupation allemande quand ils ont dû quitter leurs pays parce qu’ils se sont retrouvés en danger à cause de leurs positions antifascistes et politiques avant la guerre. »

Y avait-il beaucoup d’artistes tchèques en France lors de cette période ?

« Oui. Même s’il y en avait beaucoup moins que pendant les années 1920 et 1930 qui étaient une sorte d’âge d’or des relations franco-tchèques. Il est difficile de dire un nombre exact parce que certains sont connus et d’autres ne le sont pas. Mais je dirais qu’il s’agit peut-être d’une vingtaine ou d’une trentaine d’artistes. »

Pourquoi avez-vous choisi cette période comme un grand thème de vos recherches ?

« Je me suis retrouvée à Paris dans la même situation et tout simplement par curiosité, je me suis dit qu’il m’intéresserait de lire comment ces artistes comme Šíma et Kupka ont vécu quand ils sont arrivés. Je me suis rendue compte qu’il y avait très peu de publications. »

L’exposition se base sur votre ouvrage publié en 2009. Pourquoi avez-vous décidé de revenir sur ce thème maintenant pour en faire une exposition ?

« On fête les soixante-dix ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, donc l’occasion s’est présentée parfaitement. Mais l’exposition était prévue déjà plus tôt, à la sortie du livre. Finalement, pour des raisons budgétaires, elle n’a pas pu la réaliser à la Galerie nationale de Prague. Ce projet est ainsi resté un peu en sommeil. C’est le directeur de la Galerie de Cheb qui a ensuite initié le projet en coopération avec la Galerie morave de Brno. L’exposition donc peut enfin voir le jour. »

Quels sont les points forts de cette exposition ? Y a-t-il des œuvres et des artistes qu’il faut voir ?

« Il y a toute une pièce consacrée à l’histoire de la Maison de la culture tchécoslovaque à Paris où les artistes, qui ont voulu être actifs ou soutenir les œuvres de ‘propagande’ en faveur de leur pays occupé ou de l’armée tchécoslovaque, sont devenus suspects aux yeux de la police française, ont été arrêtés et emprisonnés pour six mois à la Prison de la Santé. Toute cette histoire est racontée à travers la série de dessins d’Adolf Hoffmeister qui l’a créée pour illustrer son livre ‘Touriste malgré lui’. Je pense que cela n’a jamais été exposé dans son ensemble. Puis, les peintures d’Alén Diviš, qui ont été marquées par son séjour en prison où il a commencé à avoir des visions et des hallucinations, sont très fortes. Puis, il y a quelques œuvres complètement inconnues comme celles de Fédor Löwenstein qui a été dans la résistance dans le centre de la France et dont les œuvres ont été saisies par la gestapo, donc il y en a très peu aujourd’hui. Il y a également toute une salle consacrée à Josef Šíma. Cette salle présente des œuvres rares qu’il a faites pendant la guerre et ces œuvres traduisent vraiment à la manière de Šíma, donc de manière assez poétique, des fois mystérieuse mais très forte, le traumatisme que Šíma a vécu pendant la guerre.

Cette exposition est donc plutôt une mosaïque de destins et c’est cela qui l’a rend intéressante. »


Du ndolé à Most

Après la culture on passe à la gastronomie – la gastronomie africaine. Chose rare en République tchèque et encore plus rare en dehors de la capitale. Mais Magdalena Hrozinkova a découvert en début d’année dans sa ville natale de Most le café-restaurant Mama Afrika, ouvert par Agnès la Camerounaise et son mari tchèque Petr :

Agnès Peniška,  photo: Facebook du café Mama Africa
« En République tchèque, la cuisine africaine est quasi méconnue. Pour autant que je sache, presque toutes les tentatives de l’introduire ici ont échoué. Il y avait un café éthiopien dans le quartier pragois de Žižkov qui a fermé. Mais c’était un projet plus vaste à vocation sociale, car ce café employait des personnes handicapées. Ensuite, il y avait un restaurant africain à Brno, un restaurant assez chic et cher, il a fermé aussi.

Actuellement, un nouveau restaurant qui s’appelle Pretoria vient d’ouvrir à Prague, je veux bientôt y aller avec mes amis. Nous nous sommes donc lancés dans la cuisine africaine à Most… Rien que pour trouver un cuisinier, quelqu’un de passionné et de courageux, c’était assez difficile. Finalement, nous l’avons trouvé, il est Tchèque, mais il a l’expérience du travail à l’étranger. »

Pour faire de véritables plats aux saveurs de l’Afrique, ce café-restaurant s’approvisionne en dehors de Most et de Prague, plus précisément à Dresde et à Hambourg. Tout de même, il reste assez difficile de se procurer dans la région des épices africaines. Agnès Peniška :

« Les épices que nous utilisons proviennent du Cameroun et d’autres coins d’Afrique. Du coup, quand je vais chez moi, je ramène plusieurs valises entièrement remplies de sachets d’épices ! (rires) Ou alors, quand mes amis vont en Afrique, je leur passe commande. Quand je risque d’épuiser mon stock, je vais à Berlin ou à Prague, mais je n’y trouve pas toujours ce dont j’ai besoin. Alors j’essaie d’avoir des provisions pour au moins six mois. »

Avez-vous l’impression que les Tchèques commencent à aimer la cuisine africaine ? Ils sont quand même assez conservateurs…

« Oui, très conservateurs. Ceux qui viennent chez nous sont soit des curieux, soit des gens qui ont déjà voyagé, qui connaissent l’Afrique. Mais il est difficile de convaincre un Tchèque ordinaire… »

La cuisine tchèque, cela vous dit quelque chose ?

« J’aime le goulasch ou le poivron rempli de viande hachée. C’est vrai que la ‘svíčková’ par exemple, ce n’est pas ça, mais… je peux en manger. Mais vous savez, quand je prépare moi-même le goulasch, j’y mets toujours une pincée d’épices d’Afrique (rires). » Pendant qu’Agnès Peniška s’habitue aux particularités de la gastronomie tchèque, les clients de son café découvrent petit à petit les divers goûts des cuisines africaines. Petr Peniška :

« Récemment, nous avons proposé, ici au café, deux menus de dégustation, consacrés aux plats typiques de la forêt tropicale d’Afrique de l’ouest et de la côte de l’Afrique de l’est. Les réactions des gens ont été similaires. Presque tous nous ont dit : ‘Au début, on avait des réserves, mais finalement, tout ce qu’on a goûté était extra !’ Personnellement, j’ai fait cette même expérience lors de mes voyages en Afrique et mes compatriotes qui ont voyagé avec moi l’ont faite aussi : parfois, on nous a servi des choses vraiment bizarres, mais c’était à chaque fois excellent. Une seule fois, j’étais un peu déçu. On m’a fait goûter de la viande de porc-épic, considérée comme un délice. Mais moi, j’ai eu l’impression de manger du caoutchouc. Je n’ai pas trop aimé... Là, j’ai eu l’impression de commettre un faux pas : tout le monde était étonné que je n’apprécie pas ce plat de fête. »


Motivés par l'hostilité des responsables politiques, les volontaires tchèques viennent en aide aux migrants

La crise migratoire est évidemment l’une des grandes problématiques de l’année, reflétée autant que faire se peut dans les programmes de Radio Prague avec entre autres des entretiens réalisés avec les volontaires tchèques qui aident les migrants, à l’étranger, à Prague et dans les camps de rétention. Parmi ces volontaires, nous avions notamment rencontré Katka, professeur de français à l’université, qui assurait des services de garde pour l’accueil des migrants en gare de Prague :

Photo: Facebook de l'initiative Chci pomoci uprchlíkům na Hlavním nádraží v Praze!
Quel est le profil-type des volontaires qui aident ici à la gare de Prague ?

« Les profils sont très variés ! Nous avons des professeurs d’université, des journalistes, un chauffeur de taxi, beaucoup d’étudiants, des femmes en congé parental… »

Ce sont des gens qui parlent des langues comme l’arabe ?

« Nous avons à notre disposition une liste d’interprètes pour les langues orientales. Le plus souvent les gens parlent anglais. Et on a aussi un petit lexique avec des phrases de base pour communiquer avant d’appeler des gens qui connaissent la langue parlée par le ou les migrants. »

Avez-vous l’impression que cette aide et ces initiatives sur les réseaux sociaux ont été motivées par l’attitude du gouvernement tchèque ?

« Tout à fait. En tout cas c’est mon cas et celui de tous les volontaires à qui je parle. Ils sont motivés pour aider les réfugiés et déprimés par la sensation de se trouver dans un pays qui a une attitude tellement négative vis-à-vis des réfugiés, relativement compréhensible quand on voit l’attitude des médias et des politiciens. Ils font tout pour faire comprendre aux réfugiés qu’il faut éviter notre pays pour transiter, comme avec cette politique des centres de rétention. Ce n’est vraiment pas l’image d’un pays accueillant. Moi, je fais ça d’une certaine manière pour réparer cette image. »

« Surtout il faut parler aux gens. A mon avis, il s’agit moins d’une attitude xénophobe ou raciste que de la peur tout simplement. La peur de l’inconnu et des cultures avec lesquelles ils n’ont jamais été en contact. Cet afflux massif fait peur, je le comprends. J’essaie d’en parler, avec mes collègues de travail ou avec mes voisins notamment, pour essayer d’éclaircir le sujet. Parfois je réussis, parfois non… »

Nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agit avant tout de migrants économiques. D’après votre expérience, vous en pensez quoi ?

« C’est un mélange. Mais quand on parle des Syriens et des Afghans qui viennent ici c’est difficile de mettre en doute les raisons de leur migration. Ensuite, oui, nous avons des cas d’Algériens, de Ghanéens… Si c’est une migration économique, les autorités compétentes en Allemagne ou ici vont en juger et décider s’ils ont le droit de rester en Europe ou pas. C’est un mélange je dirais, mais moi pour les Syriens et les Afghans je ne me pose pas de questions. »

On dit que le flux avec l’hiver va s’estomper. Mais en ce qui concerne ceux libérés des camps tchèques, cela ne dépend pas vraiment de la saison en fait. Jusqu’à quand pensez-vous rester à la gare de Prague ?

« C’est vrai, on va voir s’ils vont continuer de les libérer et nous allons continuer notre mission. »