Il y a 20 ans était organisée à Prague la rencontre européenne de Taizé
Ce mardi débute à Rotterdam, aux Pays-Bas, la 33e rencontre européenne de jeunes organisée par la communauté œcuménique de Taizé. Jusqu’au 1er janvier, plusieurs dizaines de milliers de jeunes chrétiens seront rassemblés pour célébrer ensemble le Nouvel An. Il y a vingt ans de cela, en 1990, cette rencontre annuelle s’était tenue à Prague. Un rassemblement dont Kateřina Srbková, trop jeune à l’époque, ne se souvient pas. Diplômée en sociologie et spécialiste des questions religieuses, Kateřina Srbková est Tchèque et vit à Paris depuis quelques années, où elle a achevé ses études. Son mémoire de masters a été consacré à la communauté de Taizé et au charisme de Frère Roger, son fondateur assassiné en 2005. De passage à Prague pour les fêtes de fin d’année, Kateřina Srbková a répondu à quelques questions de Radio Prague. Elle nous a d’abord expliqué d’où provenait son intérêt pour Taizé :
Quelle est l’importance, la présence de Taizé aujourd’hui en République tchèque ? Comment vit cette communauté, et qui sont les Tchèques qui participent aux prières, aux rencontres européennes ou s’intéressent à la vie de Taizé ?
« Je pense que les liens des Tchèques avec Taizé ne sont pas très nombreux, mais ils en sont d’autant plus profonds. Depuis les années 1960, il y a certaines familles tchèques qui entretiennent des relations très proches avec la communauté, y compris auparavant avec le Frère Roger, qu’elles ont accueilli chez elles pendant le régime communiste. Ces familles organisaient également des rencontres et des prières. Parfois ces activités étaient liées à celles de l’église secrète en Tchécoslovaquie. J’ai par exemple le témoignage d’une famille qui participait à ces rencontres et qui a prié juste avant la chute du régime pour les changements politiques. Sans jouer un rôle de masse, Taizé a donc joué un rôle important dans ce sens à cette époque. Aujourd’hui, les Tchèques qui s’intéressent à Taizé sont soit des catholiques, soit des gens qui en ont entendu parler par bouche-à-oreille. Le moyen le plus courant est quand même de voir une affiche de Taizé dans les églises ou dans les aumôneries. Mais Taizé attire aussi des gens qui ne sont pas forcément croyants, pas catholiques, un peu alternatifs, à la recherche de spiritualité, qui viennent invités par leurs amis ou parfois simplement par hasard. »
Chaque fin d’année Taizé organise une rencontre européenne dans une ville différente. Il y a vingt ans de cela, cette rencontre s’était tenue à Prague. Pensez-vous qu’on puisse revoir un jour cette rencontre organisée à Prague, ou alors que la soif spirituelle qui était celle des Tchèques et des Slovaques en 1990, un an après la révolution et la chute du régime communiste, est aujourd’hui asséchée, insuffisante pour organiser une telle rencontre ?
« Je pense qu’une rencontre de Taizé à Prague, ce n’est pas impossible. Cela pourrait se faire dans quelques années. Il y a quand même ici des personnes qui aiment beaucoup Taizé et qui sont très engagés. Bien sûr c’est un grand événement qui réclame beaucoup de travail au niveau de l’organisation, beaucoup de bénévoles et d’argent aussi, même si la plupart des participants sont logés dans des familles. Après, savoir si on trouverait assez de familles à Prague pour loger ces jeunes, c’est une autre question… Je pense que, aujourd’hui, nous sommes dans un climat différent de celui de 1990. Mais au niveau spirituel, cela n’a peut-être pas tellement changé. Le grand boom des gens qui se rendaient dans les églises et qui participaient à des rencontres comme celles de Taizé après la révolution provenait aussi du fait que les gens voulaient montrer leur opposition au régime communiste. C’était donc plus un effet politique. En réalité, les gens n’avaient sans doute pas de motivation spirituelle profonde. »Suite de l'entretien dans une prochaine édition des Faits et événements.