Il y a 20 ans, le choix entre Havel et Dubček
Le 28 décembre 1989, Alexander Dubček est élu président du parlement tchécoslovaque. Le lendemain, Václav Havel est élu président de la République. Le choix paraît aujourd’hui plus évident qu’à l’époque entre ces deux hommes, un Slovaque et un Tchèque aux parcours très différents. Leader de la révolution de velours à Bratislava, l’acteur Milan Kňažko revient sur ce choix difficile:
« On était toujours un pays occupé par l’armée soviétique... A l’époque de 1968, Alexander Dubček était le Premier secrétaire du Parti communiste. Le Printemps de Prague, le « socialisme à visage humain », c’était pour nous le passé. En 1989 il ne s’agissait pas de socialisme à visage humain, mais de destruction du socialisme, du communisme. Parce que nous étions absolument sûrs que socialisme et communisme ne pouvaient avoir de visage humain. C’était la raison principale du choix : Václav Havel n’avait pas de passé communiste. Et il est difficile pour moi de dire ce que je vais dire maintenant mais Dubček n’a pas suffisamment refusé cette occupation, il s’est soumis, il n’a jamait dit ‘Non, je suis contre cette occupation et soyez contre !’. Il était contre ce régime, d’accord, mais peu à peu ils l’ont assimilé, ils l’ont détruit... »
Et nommé ambassadeur...
« Ambassadeur en Turquie, mais enfin ! Il était très important de se mettre d’accord parce que Dubček était beaucoup plus populaire que Havel en Tchécoslovaquie à l’époque. Si vous demandiez sur la place Venceslas qui les gens voulaient comme président, sur dix personnes peut-être huit vous répondaient Dubček. Si vous demandiez qui était Václav Havel, ils ne savaient pas, à ČKD, dans les usines, en Slovaquie. Ce n’est qu’après qu’on a fait un grand voyage en Slovaquie, où j’ai accompagné Václav Havel pour le présenter dans les usines métallurgiques notamment. Aujourd’hui ça paraît drôle mais à l’époque c’était comme ça : Václav Havel était très connu dans les milieux théâtral et intellectuel mais en pourcentage, c’était très peu. »