Il y a 62 ans, le pouvoir communiste lançait des représailles contre l’Eglise
Le coup d’Etat communiste opéré en Tchécoslovaquie il y a 62 ans, le 25 février 1948, a porté un coup dur à l’Eglise catholique. Les ordres ont été liquidés, les religieux internés et condamnés à de lourdes peines, les couvents pillés et laissés à l’abandon. Une situation qui a duré jusqu’en 1989. L’impact des représailles subies par l’Eglise catholique durant le régime totalitaire était au cœur d’une table ronde organisée par la conférence épiscopale tchèque à l’occasion du 62e anniversaire de ce que le régime communiste appelait le février « victorieux » :
« Selon les statistiques, on comptait 151 couvents sur le territoire de l’actuelle République tchèque, avant 1948. Les religieux des ordres masculins étaient au nombre de 1 700. Un total de 26 ordres et congrégations déployaient leurs activités dans le pays. Les 7 500 religieuses recensées avant 1948 s’occupaient des affaires sociales et caritatives. »
Le plan de liquidation des ordres, baptisé plan K, a marqué la liquidation des ordres en plusieurs étapes. Celle de la plus sinistre mémoire, baptisée en raison de sa brutalité, « la nuit de la saint Barthélemy », s’est déroulée dans la nuit du 13 au 14 avril 1950. Des procès monstres ont été intentés, d’abord contre dix supérieurs des principaux ordres, condamnés à des peines allant de 20 ans à la perpétuité. Jusqu’en 1964, 174 procès ont eu lieu. Des peines de prison ont été prononcées contre 360 religieux. Une campagne de propagande massive a été déclenchée par le régime pour justifier auprès de la population l’action K :« Elle présentait les couvents comme des centres d’espionnage dans lesquels étaient stockés des armes, des émetteurs clandestins, des imprimeries de tracts hostiles au régime et qui abritaient les ennemis de l’Etat. »
Les religieux chassés de leurs couvents ont été concentrés dans des couvents sélectionnés où ils étaient internés dans des conditions humiliantes. Une partie des religieux, notamment des jeunes, ont été envoyés dans des camps militaires de travaux forcés, les fameux PTP appelés aussi les ‘barons noirs.’
La situation des religieuses, au nombre de 7 500 avant 1948, a été quelque peu différente, car elles représentaient un potentiel de main d’œuvre irremplaçable dans des établissements sociaux et des foyers de retraités. Raison pour laquelle leur activité a été tolérée dans un certain nombre d’établissements. Il n’empêche que plus de 150 religieuses ont été traduites devant les tribunaux communistes. Un fait souvent négligé et que l’historien Jaroslav Šebek a tenu à souligner car il en dit long sur les pratiques arbitraires de l’ancien régime :« Bien qu’aucune loi interdisant l’activité des ordres ou justifiant leur dissolution n’ait jamais été adoptée par un parlement communiste, l’activité de tous les ordres masculins et des congrégations dans le pays a été proclamée comme illégale et hostile à l’Etat. »
Ce statut auquel l’Eglise catholique était réduit en Tchécoslovaquie après février 1948 a duré pendant plus de 40 ans, jusqu’à la révolution de Velours, en novembre 1989.