Il y a 85 ans, Karel Hynek Mácha était enterré une deuxième fois lors d’une cérémonie ouvertement antinazie
Dès le début de l’occupation des Sudètes par l’Allemagne nazie, la dépouille de Karel Hynek Mácha est exhumée du cimetière de Litoměřice. Son transfert à Prague se transforme en événement, faisant du deuxième enterrement du poète, le 7 mai 1939, l’une des plus grandes manifestations des premières années de l’occupation.
Sous la Première République tchécoslovaque, Karel Hynek Mácha est l’un des symboles de la conscience nationale, mais surtout un symbole de liberté. Le plus important représentant du romantisme tchèque meurt toutefois à moins de 26 ans, le 6 novembre 1836 à Litoměřice, après avoir attrapé froid en combattant un incendie. Il est alors enterré dans le cimetière de Litoměřice, dans la région d’Ústí nad Labem, le jour où il aurait dû se marier.
Plus de cent ans plus tard, craignant que la dépouille de Macha ne tombe entre les mains de l’Allemagne nazie, le gouverneur de la Banque nationale de Tchécoslovaquie Karel Engliš prend l’initiative de la faire transférer à Prague. Elle est alors conservée au crématorium de Strašnice jusqu’au 6 mai 1939, date à laquelle elle est exposée au Panthéon du Musée national dans un cercueil de chêne enveloppé du drapeau national. Environ 50 000 personnes lui rendent alors un dernier hommage. Par la suite, 200 000 personnes assistent au transfert du catafalque dans la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Vyšehrad.
Une cérémonie funéraire retransmises en direct à la radio
Le 7 mai 1939, la nation toute entière peut suivre l’enterrement, retransmis en direct à la radio pendant deux heures. S’y expriment sur la tombe du « romantique déchiré » le général Rudolf Medek ainsi que le poète Josef Hora, avec les incroyables commentaires des journalistes Josef Cincibus, Miloslav Disman et Franta Kocourek.
Cette action démonstrative n’est pas restée sans conséquences. Ainsi le prêtre Bohumil Stašek, qui avait prêché lors de la cérémonie et de plusieurs autres événements, a été arrêté en septembre 1939 et emprisonné au camp de concentration de Dachau jusqu’à la fin de la guerre. Quant au journaliste Franta Kocourek, il est mort à Auschwitz-Birkenau.