Il y a dix ans une crise a ébranlé la scène politique tchèque

Vaclav Klaus

Il y a dix ans, en novembre 1997, une révolte a éclaté sur la scène politique tchèque appelée communément « l’attentat de Sarajevo ». Elle est survenue effectivement au moment où le Premier ministre d’alors Vaclav Klaus était en visite à Sarajevo. Pendant son absence les ministres Ivan Pilip et Jan Ruml l’ont appelé à la démission. Cela a abouti à la chute du cabinet, à une scission au sein du Parti civique démocrate, principale formation de droite en Tchéquie et à des élections anticipées.

Un des artisans de ces événements, l’ancien ministre des Affaires étrangères et aujourd’hui eurodéputé Josef Zieleniec rappelle que 1997 était une année très compliquée sur le plan politique, année pendant laquelle s’est déroulé aussi un débat difficile au sein du Parti civique démocrate (ODS), formation principale de la coalition gouvernementale présidée également par Vaclav Klaus. Josef Zieleniec souligne que le problème qui a déclanché le soi-disant « attentat de Sarajevo », était plutôt éthique et criminel :

« Pour moi personnellement ce n’était pas un conflit politique. J’ai démissionné un mois avant ce conflit parce qu’il s’était avéré que dans la direction de l’ODS quelqu’un avait détenu pendant des années un compte secret en Suisse où il y avait presque 200 millions de couronnes. Une grande partie de la direction de l’ODS n’était pas au courant. J’ai exigé pendant un an que l’ODS ouvre une enquête sur cette affaire. Et j’ai finalement démissionné parce que ni la direction de l’ODS, ni son chef Vaclav Klaus ne voulaient le faire. Le changement politique au sein de l’ODS et le départ d’une partie de ses membres se sont déroulés sans moi. »

La crise atteint profondément l’ODS qui se scinde alors en deux. Certains de ses membres rompent avec le parti corrompu et fondent une nouvelle formation qu’ils appellent « l’Union de la liberté ». Josef Zieleniec explique pourquoi la crise au sein de l’ODS a pris une telle ampleur :

« Je pense que la situation au sommet du parti après ces révélations était intenable et une partie de ceux qui n’étaient pas au courant et ont appris ce qui s’était réellement passé, ont finalement réalisé que l’affaire ne pourrait pas être réglée par les moyens du parti ou par un débat au sein du bureau politique. Ils se rendaient compte aussi qu’une telle solution ne pouvait être trouvée parce que l’autre partie du bureau politique en était responsable. »

Pour mettre fin à la crise, le président Vaclav Havel charge le gouverneur de la Banque nationale Josef Tosovsky de créer un nouveau gouvernement qui sera composé de spécialistes. Le prix politique que l’ODS a dû payer était lourd, mais Josef Zieleniec souligne que la crise a été salutaire pour la politique tchèque :

« Je pense que si la crise n’avait pas eu lieu, ça aurait été un grand malheur non seulement pour l’ODS mais aussi pour toute la scène politique tchèque. La corruption et la fraude auraient infiltré les mécanismes institutionnels des partis politiques dans une mesure beaucoup plus importante que celle que nous connaissons aujourd’hui. »

Le principal perdant de la crise, Vaclav Klaus, prendra sa revanche en 2003 lorsqu’il sera élu président de la République. Et ce n’est certainement pas un hasard si l’ODS a choisi le 28 novembre, date anniversaire de cet « attentat de Sarajevo » pour officiellement annoncer l’investiture de Vaclav Klaus en tant que candidat à sa propre succession à la tête de l’Etat aux élections présidentielles de 2008.