Il y a un an, une violente tornade dévastait le sud-est de la Tchéquie

Tornade en Lužice

Il y a un an, en début de soirée, une tornade dévastatrice de catégorie F4 sur l’échelle de Fujita balayait le sud-est de la République tchèque, causant la mort de six personnes, laissant derrière elle des paysages de désolation et plus de 200 blessés.

Commune de Hrušky | Photo : Tadeáš Bednarz,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

« Un champ de bataille », « un paysage d’apocalypse », les titres de la presse tchèque au lendemain de la tornade du 24 juin 2021 disaient bien l’effarement face à l’ampleur des destructions. Sept villages de la région morave de Břeclav et Hodonín ont été frappés autour de 19h20, tous se trouvant sur la trajectoire longue de 26 km de la tornade détruisant tout sur son passage. Mais c’est la petite commune de Hrušky qui est devenue le symbole de la catastrophe, avec sa petite église au clocher détruit, au toit arraché, et ses dizaines de maisons éventrées.

Photo : Tadeáš Bednarz,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

Voitures retournées, toitures arrachées, vitres brisées, arbres, parfois centenaires, déracinés, maisons dévastées : des scènes que les habitants ne sont pas prêts d’oublier, alors même qu’elles sont d’ordinaire plus typiques de certaines régions des Etats-Unis que de l’Europe centrale.

Ce n’était pourtant pas la première fois que la Tchéquie était touchée par ce type de phénomènes naturels : pas plus tard qu’il y a une semaine, une mini-tornade a d’ailleurs traversé la commune de Lanžhot non loin des villages sinistrés. Mais selon les services météorologiques du pays, celle de 2021, classée en catégorie F4 sur l’échelle de Fujita était la plus puissante de l’histoire moderne du pays, comme l’expliquait l’an dernier le météorologue Michal Žák :

Michal Žák | Photo :  archive de Michal Žák

« On peut vraiment parler d’événement exceptionnel à l’échelle de la République tchèque. Je ne me souviens pas d’un phénomène similaire dans notre pays, même si on peut faire un parallèle avec la tornade qui était passée à Litovel, dans les environs d’Olomouc, en Moravie donc aussi, en 2004. Toutefois, les dégâts avaient été moindres à l’époque. La combinaison des facteurs qui a abouti à l’apparition de ces orages extrêmement violents, appelés supercellulaires, est elle aussi exceptionnelle. Elle l’est pour nous, météorologues, car il est particulièrement compliqué de prévoir une tornade. Même aux Etats-Unis, où nos collègues sont plus habitués à ce type de phénomènes, leurs prévisions ne sont pas toujours justes. Compte tenu de l’ampleur des dommages, il est possible d’évoquer une tornade de niveau F3 ou F4 sur l’échelle de gravité, ce qui correspond à des dégâts considérables à dévastateurs. C’est pourquoi on peut parler de la tornade la plus puissante dans l’histoire récente de la République tchèque ou de la Tchécoslovaquie. »

Plus de 1 200 maisons ont été détruites par le passage de la tornade et environ 200 ont dû ensuite être entièrement démolies. La facture totale des dégâts a été estimée à 15 milliards de couronnes.

Photo : Tereza Kráčmarová,  Český rozhlas

Dès le lendemain de la catastrophe, les Tchèques se sont mobilisés en masse, faisant preuve d’une solidarité immédiate avec les populations sinistrées. Collectes publiques de matériel, volontaires dépêchés sur place, et dons financiers : à titre d’exemple, trois jours après l’événement, la fondation Via avait déjà recueilli plus de 150 millions de couronnes (près de 6 millions d’euros) et l’association Člověk v tísni estime quant à elle à 400 millions de couronnes (16 millions d’euros) les dons qu’elle a perçus au total en 2021, dont un peu moins de la moitié étaient destinés à la reconstruction des villages détruits par la tornade.

Si un an après, la plupart des habitants ont désormais un toit au-dessus de leurs têtes et les enfants sont retournés dans leurs écoles reconstruites, certaines lignes électriques n’ont pas encore été réinstallées sous terre.

Photo : René Volfík,  Český rozhlas

Selon les maires des communes concernées, la reconstruction des villages prendra encore au moins cinq ans. Et c’est sans compter la reconstruction psychologique des habitants dont certains souffrent encore aujourd’hui de stress post-traumatique comme le relevait ce vendredi un reportage de la Radio publique tchèque.

Photo :  HZS Pardubického kraje
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