Inauguration d'un gazoduc censé accroître la sécurité énergétique tchèque

Petr Nečas et Thomas Kleefuß, photo: CTK

Le gazoduc Gazela a été mis en service lundi à l’occasion d’une cérémonie réunissant le Premier ministre Petr Nečas et des officiels venus de Russie et d’Allemagne dans le village de Přimda, en Bohême de l’Ouest. La nouvelle infrastructure relie le pipeline russe Nord Stream au réseau européen et doit permettre de sécuriser l’approvisionnement du Vieux Continent en gaz naturel et en réduire les coûts en évitant le territoire ukrainien et les aléas liés aux contentieux commerciaux entre l’Ukraine et la Russie.

Petr Nečas et Thomas Kleefuß,  photo: CTK
C’est tout sourire que Petr Nečas et Thomas Kleefuß, le représentant de NeT4GaS, société qui a financé les travaux, ont activé la vanne d’ouverture du tout nouveau gazoduc Gazela dans une petite bourgade de l’ouest de la République tchèque. Long de 166 kilomètres, ce nouveau pipeline a coûté 10 milliards de couronnes, soit environ 400 millions d’euros. Un investissement qui doit être amorti sous dix ans alors que la durée de vie de l’infrastructure approche la centaine d’années. Surtout, ce gazoduc qui relie l’ouest de l’Europe au réseau russe Nord Stream, lequel fait transiter le gaz via la mer Baltique, doit renforcer la sécurité énergétique de la République tchèque et de l’Union européenne. C’est ce qu’a déclaré le chef du gouvernement Petr Nečas en conférence de presse :

« Je voudrais souligner que grâce à toutes les localités où le gazoduc Gazela est connecté au réseau existant, nous sommes en mesure de diversifier notre approvisionnement en gaz en République tchèque et d’accentuer fortement la sécurité énergétique de notre pays. »

Le gazoduc Gazela,  photo: CTK
Le gazoduc Gazela permet en effet d’éviter les deux tracés actuels qui traversent la Biélorussie et l’Ukraine, deux pays dont les contentieux commerciaux avec la Russie sont source d’incertitudes quant à l’approvisionnement européen en gaz. Aussi, les transits à travers le territoire ukrainien ont diminué ces dernières années et pourraient même être stoppés. Le ministre adjoint à l’énergie russe s’est félicité de cette nouvelle construction :

« Sur ce marché, c’est-à-dire dans le sud de l’Allemagne et la République tchèque, il est désormais possible de fournir 32 milliards de mètres cubes de gaz chaque année, ce qui signifie incontestablement un renforcement de la sécurité énergétique. »

32 milliards de mètres cubes de gaz, cela représente environ trois fois la demande annuelle tchèque en gaz. Il n’en reste pas moins que la République tchèque est toujours dépendante du gaz russe, qui représente environ 75% de sa fourniture totale. Spécialiste dans le domaine de l’énergie, Milan Kajtman considère toutefois que la Russie n’a pas intérêt à trop profiter de sa position dominante :

Le gazoduc Gazela,  photo: CTK
« Evidemment, on ne peut jamais se protéger ou éviter un tel scénario puisqu’il n’y qu’un fournisseur de gaz russe : il s’agit de Gazprom. La seule question qui se pose, c’est le chemin emprunté par ce gaz vers l’Europe centrale. Mais je ne pense pas que la Russie ait un intérêt à couper cet approvisionnement. Gazprom a aussi des engagements à l’égard de banques qu’il ne peut pas satisfaire s’il décide de ne pas vendre son gaz. »

Depuis les années 1990, la République tchèque a tout de même commencé à importer du gaz en provenance des pays nordiques. A l’avenir, l’ouverture de nouveaux gazoducs vers le sud de l’Europe devrait permettre à la République tchèque de diversifier un peu plus son approvisionnement.