Inondations: le neuvième jour de crues n'est pas le dernier
Dans le nord et le sud de la Bohême, régions les plus durement touchées par les crues, le niveau de l’eau baissait lentement, et on se mettait peu à peu au nettoyage depuis vendredi. Mais dimanche, de grosses averses ont provoqué des inondations éclair et des dégâts dans toute la Bohême. Et les pluies ne devraient cesser que mardi.
« Nous avons relevé, depuis dimanche en début d’après-midi jusqu’aux environs du coucher du soleil, le retour de vagues de pluie très importantes en Bohême. Pendant la nuit, il est tombé à certains endroits de 30 à 70 millimètres de précipitations, ce qui est considérable. Cela signifie qu’il y a déjà une bonne partie des intempéries qui sont derrière nous. Mais il y en a encore qui arrivent, et il se pourrait qu’elles soient plus importantes, je veux dire qu’on pourrait avoir autour de 40 millimètres de précipitations en une journée. »
Les sols étant déjà gorgés d’eaux, ces précipitations surprise ont donné naissance à des crues éclair, précisément là où les inondations avaient déjà été les plus violentes ces derniers jours. C’est peut-être dans la région de Mělník, confluent de l’Elbe et de la Vltava au nord de Prague, que l’épisode a été le plus marquant. Les habitants rapportent la chute de grêlons de la taille d’une balle de ping-pong, tandis que l’eau a envahi plusieurs villages en se déversant depuis les champs aux alentours.Le gouvernement poursuit l’activisme qui l’a caractérisé depuis le début de la crise. Le Premier ministre Petr Nečas a décidé de punir d’une amende de 20.000 couronnes (800€) la pratique du canoë et rafting sur les rivières tchèques le temps des inondations, déclarant qu’il n’était pas possible de se fier à la raison des gens. Il est vrai que la plupart des victimes - on en dénombre onze à ce jour - sont des sportifs amateurs qui se sont montrés peu prudents.
De son côté, le ministre Tomáš Chalupa, qui dirige le comité de crise, préfère souligner le travail remarquable des autorités, que viennent épauler de nombreux volontaires, sinistrés ou non, lesquels préfèrent relever leurs manches et faire jouer la solidarité qu’attendre avec fatalisme que le climat revienne à la raison. Il assure aussi qu’après l’urgence, des réflexions seront menées sur les possibilités d’améliorer les capacités de réaction à de telles crises :
« Nous pensons organiser un débat sur la façon dont on prévient la population de l’arrivée d’inondations, et sur la meilleure manière de se préparer, avec des experts de tous bords : des hydrologues, des météorologues et d’autres… Mais pour le moment, notre priorité, c’est d’affronter la situation actuelle avec toutes nos capacités d’action. »Et si la situation peut être difficile à vivre pour les grands, elle peut l’être encore plus pour les petits. On aurait tendance à l’oublier lorsqu’on est dépassé par les événements, mais les enfants ne ressentent pas toujours les choses de la même manière que les adultes. Dans le cas des inondations, deux psychologues appellent les parents à faire preuve de pédagogie, et à aborder le sujet en famille.
« Nous, les adultes, nous pensons toujours que quand nous parlons de quelque chose, les enfants ne nous comprennent pas. Mais vous savez, les enfants peuvent nous surprendre, car ils sont très réceptifs et à l’écoute de ce qui se dit et ce qui se passe. Ils captent et mélangent des signaux qu’ils reçoivent à la fois des médias et du comportement des adultes qui les entourent. »
« Il existe des domaines où éloigner quelqu’un d’un danger fait grandir ce danger dans l’esprit de cette personne. Et c’est bien cela qui peut être transmis aux enfants. Ils ont bien vu qu’il a beaucoup plu, qu’ils ont manqués des cours parce que l’école était fermée… Cela ne sert à rien d’essayer de leur masquer les principales informations, car ils en rassemblent par eux-mêmes. »Alors qu’à Prague, le métro a complètement rouvert ce dimanche et la Vltava est redescendue en-dessous du seuil d’alerte, c’est le nord de la Bohême qui s’inquiète du niveau de l’Elbe, dont les crues vont désormais s’intensifier près de la frontière et surtout chez le voisin allemand.