Insémination artificielle: un conte de fée scientifique
Le premier enfant tchèque procréé après la mort du père biologique est né! Une nouvelle de prime abord bien paradoxale, mais qui a pourtant ses explications. Guillaume Narguet s'est penché sur le berceau d'un bébé qui ne laisse pas indifférent.
Miracle quelque peu absurde de la science, la mise au monde, en février, de cet enfant en bonne santé pose un nouveau problème de conscience morale. Une femme, dont l'identité reste cachée par respect de l'anonymat, a en effet eu recours à une insémination artificielle du sperme congelé de son mari, après que celui-ci soit décédé des suites d'un cancer. Un cas sans précédent en République tchèque qui provoque des réactions toutes plus disparates les unes que les autres. Déjà, l'affaire avait fait du bruit, lorsque la femme avait défendu son droit de maternité, auprès du ministère de la Santé. Pendant deux ans, les services administratifs ne voulurent donner leur feu vert pour une insémination artificielle, la loi tchèque ne l'autorisant que sous condition de l'accord des deux époux. Or, la future mère se décida à franchir le pas, alors qu'elle était déjà veuve. Toutefois, lorsque l'homme apprit sa maladie, craignant que le traitement des tumeurs nuise à sa fécondité, il décida de faire prélever et congeler son sperme. Un acte prenant valeur d'accord tacite. Mais pas pour la Commission centrale de l'étique du ministère de la Santé, qui rejeta la demande argumentant "qu'un enfant a droit à deux parents." La femme saisit donc le tribunal qui lui donna finalement raison.
Certains se montrent, aujourd'hui, ravis de la naissance de l'enfant. Ceux connaissant la mère la décrivent comme une personne équilibrée, sachant ce qu'elle veut et ayant eu une relation très forte avec son mari. D'autres, en revanche, se montrent plus circonspects, voire très critiques. A l'image des membres du Mouvement pour la vie. Selon eux, le droit de l'enfant de naître de l'étreinte amoureuse de ses parents aurait été violé. Ils se montrent également très sceptiques sur le processus même d'insémination artificielle, durant lequel sont créés plus d'embryons que ce que la femme porte ensuite à leur terme.
Mais malgré cela, l'ancien chef de la Commission centrale de l'étique se veut rassurant et écarte, d'un revers de la main, toutes les remarques qui pourraient être faites sur le comportement moral de la mère. Selon lui, l'enfant aura une bonne mère et vivra heureux. Ne reste donc plus qu'à souhaiter qu'il ait à l'avenir, lui aussi, de nombreux enfants.