Fécondation in vitro : à Brno, deux étrangères ont été victimes d’une confusion d’embryons
Ce n’est certes pas la première histoire du genre dans le monde, mais l’affaire, une tragédie pour les parents concernés, fait malgré tout un certain bruit depuis quelques jours en République tchèque. Deux femmes ont été victimes d’une confusion et se sont vues implanter un mauvais embryon lors d’une procédure d’insémination artificielle dans une clinique de Brno (Moravie).
Directeur exécutif et vice-président du comité d’administration de FutureLife, un réseau de cliniques de reproduction dont dépend Reprofit, la clinique théâtre de la confusion, Matěj Stejskal n’a pas cherché à dissimuler son embarras devant les caméras de la Télévision tchèque. Surtout, il n’a pas nié la responsabilité de son établissement, comme il l’a confirmé également pour la Radio tchèque :
« Je confirme que c’est nous qui avons découvert la confusion en analysant les résultats d’un contrôle interne de qualité. Certaines différences inhabituelles sont alors apparues. Nous avons lancé une enquête, qui suit son cours. Je tiens cependant à préciser qu’il ne s’agit pas là d’une erreur du système, mais d’une défaillance individuelle. Nous avons immédiatement réagi en augmentant les mesures de sécurité, c’est-à-dire concrètement en instaurant un double contrôle. »
Bien qu’il ait été averti en décembre dernier, ce n’est que mardi que l’Institut national pour le contrôle des médicaments (SÚKL), chargé de vérifier si d’autres erreurs du même type n’ont pas été commises déjà auparavant, a communiqué l’information relative à la confusion des embryons. Le personnel qui les a manipulés a été suspendu de toute activité.De son côté, la clinique, qui jouissait jusqu’alors d’une bonne réputation et pouvait se targuer d’un taux relativement élevé de réussite, a fait savoir que les deux victimes étaient des femmes ressortissantes de deux pays membres de l’Union européenne, un fait qui complique la situation d’un point de vue juridique. Si la clinique a refusé de préciser si elles étaient toujours enceintes, des démarches ont été entreprises auprès des deux femmes et de leurs familles afin de trouver un accord pour un dédommagement dont le montant devrait s’élever à quelques centaines de milliers d’euros.
Depuis plusieurs années déjà, de nombreux couples étrangers se rendent en République tchèque pour concevoir des bébés éprouvette en raison de la qualité des services proposés et des prix bon marché. Tandis qu’une procédure de fécondation in vitro coûte entre 5 et 6 000 euros en Allemagne voisine, voire 7 000 euros en Grande-Bretagne, le prix moyen est inférieur à 2 500 euros en République tchèque, où la législation, très libérale, autorise également le don d’ovocytes, et ce avec un taux de réussite de l’ordre de 60 à 70% (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/panorama/fecondation-in-vitro-low-cost-en-republique-tcheque). Dans ce cas, toujours selon le droit tchèque, c’est la femme qui donne la naissance à l’enfant qui est considérée comme la mère.Plus généralement, la procréation médicalement assistée est devenue une affaire particulièrement juteuse en République tchèque, le nombre de cliniques privées spécialisées, qui possèdent toutes un permis d’exercer leur activité conformément à la directive européenne, s’élevant actuellement à plus de quarante. Un tourisme médical auquel pas même la confusion à Brno ne devrait entacher la très bonne réputation, des dizaines de milliers d’enfants conçus en République tchèque vivant aujourd’hui un peu partout dans le monde.