Interrogations suscitées par le scandale touchant l'Eglise catholique polonaise

Stanislav Wielgus, photo: CTK

Le scandale retentissant en Pologne, après la démission du nouvel archevêque de Varsovie qui a reconnu avoir collaboré avec l'ancienne police politique communiste, fait la une des quotidiens tchèques. Les commentateurs s'interrogent sur la façon dont d'anciens collaborateurs de la StB (police politique du régime communiste dans l'ancienne Tchécoslovaquie) dans les rangs de l'Eglise catholique tchèque se sont acquittés de leur passé.

Stanislav Wielgus,  photo: CTK
« Drame dans le diocèse de Varsovie », « Le plus grand scandale touchant l'Eglise catholique non seulement en Pologne » titrent les quotidiens en informant largement sur la démission du nouvel archevêque de Varsovie, Stanislav Wielgus. Selon l'Institut polonais de la mémoire de la nation, environ 10% du clergé avait sciemment coopéré avec les autorités communistes. Les milieux ecclésiastiques polonais refusent, cependant, d'admettre la publication des listes d'anciens collaborateurs.

Et l'Eglise catholique tchèque ? A-t-elle su s'épurer d'anciens collaborateurs de la StB? Le nombre de collaborateurs était à peu près le même qu'en Pologne, un prêtre sur dix aurait coopéré et rien que dans le diocèse pragois, 58 prêtres ont avoué avoir été agents de la police communiste, affirment des historiens. Le cardinal Miloslav Vlk réagit:

Le cardinal Miloslav Vlk
« Les causes de leur collaboration était, dans la majorité de cas, une pression énorme utilisée par la police, y compris des pressions physiques, et beaucoup m'ont dit qu'ils n'avaient pas eu la force de résister, qu'ils n'étaient pas des héros, qu'ils avaient peur. »

Le cardinal ne craint pas qu'un scandale pareil à celui qui a éclaté en Pologne puisse toucher l'Eglise catholique tchèque. Les historiens, dont Petr Blazek de l'Institut d'histoire contemporaine de l'Académie des sciences, ne sont pas tous de cet avis. Ils estiment à 600 le nombre de prêtres catholiques qui avaient coopéré avec la StB, à la fin des années 1970. Sur la liste d'anciens collaborateurs, il y a le nom de l'actuel évêque d'Opava-Ostrava Frantisek Lobkowicz. En 2004 seulement, sur une pression de Miloslav Vlk, le prêtre Karel Simandl, jusqu'alors secrétaire général de la conférence épiscopale, a démissionné. Dans ce contexte, on attire l'attention sur une désunion qui règne au sein de la conférence : tandis que le cardinal Miloslav Vlk et l'évêque Jan Maly, ancien dissident, souhaitent qu'on fasse plus pour s'acquitter du passé, d'autres, tels l'archevêque d'Olomouc Jan Graubner, sont contre estimant que l'Eglise s'en est déjà suffisamment excusé. Le cardinal Miloslav Vlk admet aussi qu'aucun autre groupe de la société n'a prêté tant d'attention à ce problème que l'Eglise catholique. Vendredi dernier, il a ouvert son site web personnel où il est prêt à répondre à toutes les questions du large public.