Investissements chinois : « un boom économique » en Europe centrale ?
Le Premier ministre, Petr Nečas, a participé, jeudi, à Varsovie, au sommet qui réunissait seize représentants des pays d’Europe centrale et orientale et le Premier ministre chinois Wen Jiabao. L’objectif était d’abord de renforcer la coopération économique entre les deux parties, comme en témoigne la présence en Pologne de représentants de 300 sociétés chinoises et 450 entreprises d’Europe centrale et orientale, dont 300 polonaises. Si, jusqu’à présent, les investisseurs chinois étaient surtout attirés par la position géographique avantageuse de la République tchèque et par le coût relativement faible de la main d’œuvre locale, Pékin s’intéresse désormais aux technologies et à la recherche scientifique tchèques.
« Nous nous sommes entendus sur le fait que nous étions intéressés par la croissance des échanges commerciaux entre nos pays. »
Mais la République tchèque, tout comme les autres pays d’Europe centrale et orientale, est surtout intéressé par les 10,5 milliards de dollars que Pékin entend prochainement investir, selon Wen Jiabao, dans cette région qui compte 100 millions de consommateurs potentiels pour la Chine et qui représente, pour elle, une porte d’entrée sur les marchés occidentaux.Si le Premier ministre chinois a évoqué à Varsovie des projets de grande envergure, tels que la construction de centrales solaires et éoliennes, le président de la Chambre tchéco-chinoise, Jan Kohout, a préféré atténuer l’enthousiasme que les déclarations de Wen Jiabao pourraient provoquer :
« Pour l’instant, il ne s’agit que de projets en cours d’étude, car certains des investissements importants prévus par la Chine dépendent également de la qualité des relations politiques que celle-ci entretient avec les pays en question. »Au sein de l’Union européenne, la République tchèque se range du côté des pays critiques à l’égard de la politique chinoise. Avec la Pologne, la République tchèque est aussi un des pays fréquemment visités par le principal opposant au parti communiste chinois, le Dalaï-lama. Si l’accueil chaleureux que Prague a pris l’habitude de réserver au leader tibétain avait sérieusement compliqué, dans les années 1990, la participation tchèque à la construction d’une centrale chinoise, selon Alice Rezková, de l’Association pour les questions internationales, les relations tchéco-chinoises ont depuis bien évolué :
« Evidemment, une telle situation peut se reproduire. Mais j’ai plutôt tendance à penser que, actuellement, la Chine adopte une attitude plus prudente avant de prendre de telles sanctions. Par ailleurs, par le passé, le Dalaï-lama venait en République tchèque d’abord pour participer aux conférences du Forum 2000 et aussi pour rendre visite à son ami Václav Havel. En général, il ne rencontre pas les responsables politiques tchèques. De ce point de vue, la Chine n’a donc aucune raison de compliquer les investissements, même si, bien évidemment, cela peut changer. »L’entreprise de fabrication de postes de télévision Changhong, ouverte en 2007 à Nymburk, à quelques dizaines de kilomètres de Prague, pour un montant de 700 millions de couronnes (28 millions d’euros), représente pour l’instant le principal investissement de la Chine en République tchèque. Loin donc encore, pour l’heure, de tous les milliards évoqués à Varsovie.